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Marine part en mission au Liban avec Migreurop, réseau d’associations d’Europe, Afrique et Proche-Orient engagées sur les problématiques migratoires et particulièrement sur l’enfermement des migrant-e-es. Sur place, elle sera accueillie par une association active dans la défense des personnes étrangères et migrantes. Par Héloïse – avril 2013

 

Le volontariat c’est la première fois pour toi ?

Non, je suis déjà partie Migreurop dans le cadre du programme d’Échanges et Partenariats en Allemagne dans une association de défense des droits des migrant-e-s. J’ai ensuite travaillé au Comité Catholique contre la Faim et pour le Développement (CCFD-Terre Solidaire), principalement pour travailler sur le renforcement d’un réseau de plaidoyer local par lequel les bénévoles de l’association interpellent leurs élu-e-s locaux sur des questions de solidarité internationale telles que les migrations, la souveraineté alimentaire ou encore l’évasion fiscale dans les pays du Sud.

 

Tu peux nous en dire un peu plus sur ton premier volontariat ?

C’était à Hambourg en Allemagne. Il s’agissait de récolter des informations sur le thème du « droit des migrants », de créer des réseaux et de faciliter le transfert d’informations. Je pensais d’abord travailler sur les passagers « clandestins » dans le port d’Hambourg et finalement s’est dégagée la question des retours volontaires[1], en particulier des populations Roms de Serbie et Macédoine.

C’était vraiment une très bonne expérience. J’ai bénéficié à la fois d’un cadre de travail au sein de mon association d’accueil, mais aussi d’une grande autonomie. Je sortais seulement de mes études en Sciences Politiques et n’avais pas encore cherché de travail. J’en suis ressortie avec une expérience inestimable en matière d’animation de réseau, de mobilisation etc… Je ne m’en doutais pas mais ce fut une grande formation pratique.

Cette fois je sais déjà que je vais apprendre beaucoup, tant sur les politiques migratoires que la langue arabe elle-même. En plus d’un attrait naturel pour le Liban je sens aussi que j’ai « besoin » de ce volontariat pour poursuivre mon apprentissage.

 

Tu vas partir au Liban… tu connais déjà?

Je viens d’y passer un mois et demi. C’est un pays fascinant, très contrasté. Il y a toujours des moments où tu te retrouves ébranlée dans tes convictions, dans l’idée que tu te faisais de ce pays. Si tu prends Beyrouth par exemple, au milieu du bruit et des autoroutes tu peux tomber soudainement sur une magnifique église du IIIe siècle. Ça sent les poubelles puis au détour de la rue suivant, la fleur d’oranger embaume tout. Tu peux aussi bien y croiser des adeptes de l’argent et de la consommation que des militants vivants dans des éco-villages qui te font découvrir des tas de plantes sauvages… Je suis très contente d’y retourner bientôt: yalla !

 

Et Migreurop ? Tu connais comment ?

J’ai découvert le réseau Migreurop lors de mes recherches en Master 1 sur la « Directive retour », qui encadre l’asile, les migrations et entres autres les mesures d’enfermement et sur la manière dont l’association française la CIMADE s’était mobilisée contre ce texte. La CIMADE est un membre fondateur de Migreurop et j’avais donc découvert durant mes recherches le rôle et les actions du réseau. Une année plus tard, je partais en volontariat avec eux en Allemagne. Depuis je n’ai jamais vraiment coupé les liens.

 

Le 15 août 2013 où te vois-tu ?

Sûrement en train d’étouffer près d’un ventilateur et dans la pollution de Beyrouth ! (rires)

J’espère qu’à cette date j’aurai déjà bien progressé dans ma mission, tissé des liens avec des associations et que j’aurai déjà pu récolter des informations sur les politiques migratoires au Liban. Je voudrais aussi avoir bien avancé dans la mise en œuvre de la Campagne Open Access[2]. J’imagine par exemple avoir fait un petit-déjeuner avec des journalistes engagé-e-s sur ce sujet et pourquoi pas même avoir déjà constitué un groupe de travail sur la campagne !

J’espère aussi qu’à ce stade je pourrai dépasser les 10 mn de conversation en arabe et que je n’aurai pas trop abusé des trésors culinaires du Liban…



[1] Le retour volontaire signifie qu’une personne migrante décide volontairement de rentrer dans son pays d’origine. Il est souvent mis en opposition avec le retour forcé (expulsion). Pourtant en pratique, les retours volontaires se font le plus souvent sous une forte pression des autorités et s’apparentent à des mesures de retour forcé de par l’absence d’alternatives proposées. Pour plus d’informations lire ici.

[2] Campagne sur le droit d’accès de la société civile et des journalistes dans les lieux d’enfermement des migrant-e-s. Plus d’information sur le site de la campagne OPEN ACCESS NOW.