Je me balade dans Montréal près de mon lieux de travail pour trouver un endroit pour manger au soleil. Je m’arrête finalement dans le square St Louis où se tient un rassemblement convivial pour protester contre la « loi 70 » qui vise à réformer le système des aides sociales au Québec.

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Un Barbecue est organisé par le collectif objectif dignité et des personnes de tout horizon (artistes, chercheur.e.s, bénéficiaires d’aides sociales, personnalités politiques) prennent la parole pour dénoncer cette réforme mortifère.

Risquant d’être adopté dès le début du mois de juin par le gouvernement du Québec, le projet de loi 70 pose une nouvelle menace de couper le chèque d’aide sociale. Le projet de loi 70 entend aussi forcer les premiers demandeurs d’aide sociale à accepter et conserver n’importe quel emploi « convenable » ou participer à toutes formations exigées par le ministère sous peine de pénalités importantes. Pourtant, les aides sociales sont déjà peu élevé au Québec. Le slogan des manifestants le résume très bien « un chèque de 623 $ par mois, ça ne se coupe pas, c’est déjà trop bas. »

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« Il faut responsabiliser les assistés sociaux »
« Les dépenses sociales de l’Etat doivent être réduites, nous sommes déjà trop endetté »

Ces arguments nauséabonds ont malheureusement un air de déjà vu quand on vient d’Europe … Austérité, destruction de l’Etat providence, règne du néo-libéralisme, discours sur « l’assistanat »,…
Le climat politique du Québec est proche de celui de l’Europe à bien des égards (Conditionnement de l’aide sociale, stigmatisation des bénéficiaires des aides sociales et des chômeurs, « chasse aux fraudeurs sociaux »).

La plupart des Québecquois restent attacher au principe d’égalité et on considère souvent le Québec comme « la Scandinavie d’Amérique du Nord ». Et pourtant, les tendances à la haine sociale et les préjugés sociaux sont très ancrés.

La même rhétorique est utilisé par les gouvernements qui mettent en place des politiques néo-libérales : « l’Etat doit de comporter comme un bon père de famille ». Autrement dit, l’Etat (le père) doit bien gérer le budget de la nation (familial) et responsabiliser ses citoyens (enfants). Ses arguments ne tiennent pas plus ici qu’ailleurs. Confondre le budget familial avec le budget d’un Etat n’est pas juste ridicule, il relève d’une aberration sur le plan macro-économique et politique.

Un humoriste qui anime la mobilisation propose de se plier à leur petit jeu rhétorique le temps de montrer le ridicule des arguments utilisé :
« Très bien, acceptons la métaphore : l’Etat représente les parents, le bon père de famille, et les citoyens sont donc les enfants. Premièrement, si c’était vraiment le cas, ne trouvez vous pas bizarre que ce soit les enfants qui rapportent de l’argent aux parents ? Deuxièmement, si l’Etat représente les parents, On devrait dans ce cas rappeler à ces parents qu’ils sont tenus par la loi de subvenir aux besoins de ses enfants (citoyens). Or, 300$ ne sont pas suffisants pour vivre dignement ! En fin de compte, si on accepte leur métaphore, il se trouve que l’Etat est un très très mauvais père de famille ! »

Ici comme ailleurs, l’imposture néo-libérale doit être dénoncée.

Et si les gouvernements s’attaquaient enfin à la fraude fiscale plutôt qu’à la fraude sociale ?

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