Ces grands halls, ces files de voyageurs. Partout des hommes pressés, des valises, des murs et des vitres.

J’ai suivi les ombres, parcourue d’interminables couloirs sans comprendre quelle était ma destination.

Contrôle de passeports, de billets, contrôle de corps, de dignité.

Tendre mon passeport à chaque uniforme qui fait étape sur ce trajet qui me paraît infini. Surprendre le rire sur les lèvres et la moquerie dans le regard.

Des écrans défilent où de petits caractères colorés de toutes sortes se succèdent.

Des armatures de métal font se mouvoir le sol et font défiler interminablement les escaliers sur lesquels je ne sais où poser mes pieds.

Où suis-je ?

Vêtue d’un nouveau pyjama et de mules en plastique, assise, seule sur ce banc glacé, j’attends. Je tente d’appréhender ce nouveau monde. En attente de mon départ et pourtant déjà bien loin de chez moi.

C’est un départ qui se profile, qui est imminent et c’est sans valise ni bagage que je quitte ma terre. On ne m’a rien demandé et on ne m’a rien dit.

Où vais-je ?

Je n’emmène rien, peut-être même pas moi-même.

Bouche close, je hurle.

Le sol se dérobe sous mes pieds.