Partie de mon coin médocain à 6h le samedi, c’est après 2 heures de voiture, 12 h de bus, une nuit à Valence et un bus TransDrôme que j’arrive à Crest le 17 avril à 13h30

Ici, tout un nouveau monde s’ouvre à moi, ici on ne rêve pas, on essaye. Dès les premières découvertes et discussions j’ai l’impression de me retrouver dans les scènes du film l’An 01 : faire ce pas de coté, essayer de regarder d’un autre angle. Alors on parle des asso d’autopartage, des ateliers de réparation de vélos, des cafés associatifs, des marchés de producteurs, du bio, des cabanes dans la forêt, des festivals. Et s’il était temps de vivre cette liberté qu’on passe notre temps à réver ?  Au moins essayer de faire ensemble. Un élan d’espoir m’envahit et de bonheur aussi face à la pureté du paysage. Crest semble préservée, au pied de sa Tour, entre les traits des bourgades médiévales et des petits villages provinciaux, traversée par la Drôme, entourée des montagnes qui côtoient les nuages.

crest (2)

Vue de Crest

Vient le temps de découvrir les locaux de la Confédération Paysanne, de rencontrer Anaïs et Christophe. Rendez-vous rue Adrien Fayolle pour découvrir encore un lieu plein de charme. L’Usine Vivante porte bien son nom… L’Usine d’abord pour l’origine de ces locaux, ancien lieu de production de pièces automobiles et aéronautiques. Fin d’activité en 2013 : pour éviter de détruire ce patrimoine et d’en faire un de ces nouveaux complexes immobiliers, des Crestois décident de réfléchir à construire ici un espace commun. L’Usine alors parce qu’on y crée une nouvelle façon de travailler, de vivre ensemble, de co-construire. Les locaux respirent la bonne humeur et l’échange. Un peu perdue devant mon panneau d’affichage, je suis vite accueillie par un « habitant de l’Usine » qui débarque en vélo et me fait mène vers cette pièce commune, lieu central du co-working. Des théières, des canapés, une petite bibliothèque, des affichages pour le ménage des communs, les activités collectives, des aller-retours… on y est de suite à l’aise. L’équipe est jeune et hétéroclite : de la Conf au photographe en passant par une start up d’emballage textile ou une AMAP, ici tout le monde est le bienvenu tant qu’il partage les règles du vivre ensemble.

usine vivanteLogo de l’Usine vivante- tiers-lieu de Crest

C’est dans ce lieu que je fais la connaissance de Jean-Louis : « Tu attends Anais toi aussi ? ». Cet éleveur  jeune retraité, militant de longue date à la Conf m’accueille chaleureusement et me raconte son histoire, la Conf, la Drôme. Ses yeux bleus plein d’histoires et d’idées, on discute sur la transmission agricole, la situation au Maroc, la question des travailleurs saisonniers migrants sur laquelle je viens travailler.

Puis Anais arrive, elle me présente vite à toutes les équipes et me met vraiment à l’aise. Douce et chaleureuse, je me sens vite en confiance dans ces locaux qui m’accueilleront pour les 5 prochains mois. C’est au tour de Christophe d’arriver, mon tuteur de mission dont on m’a déjà parlé : un de ces paysans engagés, dévoués pour les causes qui lui tiennent à cœur, impliqués un peu partout et toujours avides d’en faire plus. Sa nature et sa spontanéité me mettent très rapidement à l’aise et la discussion s’enclenche très vite… Que va-t-on faire ? Ou ? De quoi on veut parler ? Qu’est ce qu’on va faire ? Comment ? Les idées et les envies fusent jusqu’à la pause déjeuner ou toute l’équipe se retrouve dehors, sous le soleil, dans une ambiance déjà estivale. La encore, des discussions passionnantes évoquent les projets à venir: l’évolution de l’Usine vivante, les prochaines activités, la Nuit debout qui a lieu samedi à Crest…

Viens 14h, l’heure du rendez-vous avec une journaliste. Après s’être intéressée à la situation des sans-papiers de Paris, des grèves organisés et de leur volonté de dénoncer la violation des droits, elle travaille désormais sur la question des travailleurs détachés dans l’agriculture. C’est Simon, ancien volontaire E&P qui l’a dirigé vers la Conf… Un échange intéressant qui se poursuivra mercredi matin avec un militant de la CFDT sur Valence. C’est parti : cinq mois pour essayer de creuser cette question, réfléchir, et tenter d’agir ensemble…