La mise en lien des divers collectifs liés à la semence paysanne n’est pas chose aisée me disais-je au fur et à mesure que j’en apprenais sur les tenants et aboutissants de ma mission.

Dans ma réflexion je me disais que ce ne serait pas mal si je pouvais rencontrer d’autres organismes qui ont déjà une certaine expertise dans ce domaine précis et pouvoir apprendre de leurs réussites et échecs, de leur méthodologie comme de leurs actions concrètes.

Et quelle chance que ces organismes existent, Le Réseau Semence Paysanne est même référant dans cette aventure.
J’ai dès lors fait mon baluchon et pris la route du soleil pour aller à leur rencontre durant quelques jours.

 

Carnet de bord du voyageur

 

En 2003, lorsque le réseau est officiellement créé en France, la semence paysanne est considérée par l’Etat comme disparue, reliquat d’un ancien temps, avantageusement remplacée par des techniques modernes, industrielles, scientifiquement valorisées. « Certaines choses qui n’auraient pas dû être oubliées, furent perdues. L’histoire devint légende. La légende devint un mythe. »

Cette  citation du Seigneur des anneaux aurait pu convenir à la situation mais il n’en est rien.

Il n’en est rien car des paysans se sont levés, unis et organisés pour faire perdurer leur savoir, pour faire reconnaitre leurs pratiques, pour faire vivre la biodiversité.

Et c’est ainsi qu’en 13 ans, ils ont pu faire pression sur la législation pour permettre, sous certaines conditions, l’échange de semences paysannes, créer des bibliothèques de semences et revaloriser des pratiques séculaires. Si le travail qu’il reste à accomplir est titanesque, celui accompli ne l’est pas moins et comprendre comme il a pu être réalisé me semble fondamental.

 

Dans cette quête de savoir je pars rencontrer les premiers acteurs inscrit sur mon programme de la semaine.

Je me lève donc à 1 heure du matin le mardi à Namur dans ma petite Belgique et prend le volant de ma voiture uniquement armé d’une tartine au fromage, d’un œuf dur et – évidemment – d’un gros thermo de café, fermement décidé de joindre ma destination.

Destination que j’atteins peu avant midi de la même journée dans le Change-en-Dordogne : Agrobio Périgord, association spécialisée dans la semence de maïs (bien que son activité soit plus large que cela). En arrivant sur place je trouve deux animateurs de l’association en plein travail, en train de répertorier des nouvelles variétés de maïs. Ils m’ont alors fait visiter les lieux, m’ont expliqué les tenants et les aboutissants de leur métier, et ce qu’impliquait pour eux être animateurs de réseau.

 

De nos échanges je retiendrai : ECOUTE – CREATIVITE – LOGISTIQUE.

 

Vers 14h, notre entretien fini, je reprends la route en direction d’Aiguillon dans le Lot-et-Garonne où se trouve le siège du Réseau Semence Paysanne. Hélas, je me perds plusieurs fois en chemin et n’arrive sur place qu’à la fermeture des bureaux. Je vois donc mon entretien de l’après-midi reporté. Mais qu’à cela ne tienne, un des membres de la famille qui m’héberge au soir travaillant pour le réseau, j’y vois une occasion de poursuivre ma quête en trouvant avec lui de nouvelles réponses à cette grande question qui anime mon voyage : comment bien animer un réseau.

 

De nos échanges, je retiendrai : FORMATION – PARTAGE – RIGUEUR

 

Après une bonne nuit de repos, je continuai mon aventure le mercredi matin en rejoignant Montpezat toujours dans le Lot-et-Garonne où vit un des co-présidents du RSP et membre de Biau Germe, association semencière qui commercialise des semences paysannes de variétés potagères inscrites au catalogue. Avec lui, j’ai pu découvrir quelques méthodes de récolte de semences ainsi que l’outillage nécessaire à l’isolement et l’empaquetage de la semence mais aussi parler de la coordination générale du réseau.

 

De nos échanges, je retiendrai : COLLECTIF – CONCRET – DIVERSITE.

 

Enfin, le jeudi je retournais au siège du RSP où je partis en excursion avec un membre du CETAB. Le CETAB est l’association qui coordonne les savoirs et les savoir-faire sur les variétés de blés anciens. Ils détiennent une collection de plus de 200 variétés et nous sommes allés voir, non loin, une partie de cette collection in situ.

 

De nos échanges je retiendrai : TERRAIN – ENTRE-AIDE – REPARTITION

 

De chacune de ces associations, j’ai pu récupérer une montagne de documentation relative à chacune de leur spécialité. Ce qui montre l’importance de la rédaction pour la diffusion des savoirs lors d’une mise en réseau.

 

Donc, c’est très bien, j’ai voyagé, j’ai visité, j’ai vu, mais que retenir de ces trois jours avec le réseau français ? Quels enseignements tirer de ces rencontres ?

Premièrement il faut comprendre qu’il ne faut pas répéter à la lettre ce que j’ai vu dans l’hexagone. Le BENELUX a ses réalités qui lui sont propres, tant du point de vu législatif que dans d’autres domaines, ce qui a marché à un endroit ne sera pas nécessairement viable ailleurs.

C’est pourquoi il est très important d’être à l’écoute des acteurs. Ce sont eux qui connaissent leur situation et qui savent ce dont ils ont besoin. A partir de cette écoute, il faut trouver les moyens de  répondre à ces demandes, d’où l’importance de faire des liens et de travailler le collectif via des plateformes diverses (publications, rencontre, etc.).

 

Pour créer ces plateformes, il est important de faire preuve de créativité, de maintenir un lien avec le terrain et de mettre en liens les acteurs.

Et si ces liens sont importants en interne, une communication vers le grand public n’en est pas moins importante de manière à faire connaître le travail qui se fait à un niveau très local.

Donc, pour toi lecteur qui aurais pu te demander ce qu’est concrètement une semence paysanne, une semence céréalière, potagère, ce qu’est le catalogue officiel voire ce qu’est un OGM ou une semence hybride, je ne peux que te conseiller de rester alerte, car ça va venir très prochainement.