• Ana, à 23 ans, ta vie prend-elle le tour que tu t’étais imaginé?

Pas vraiment mais finalement c’est plutôt bien! Quand j’étais plus jeune je m’intéressais énormément à ce qui se passait ailleurs et du coup j’ai commencé à lire les journaux. Puis j’ai voulu écrire les choses moi-même et toucher les gens avec mes mots. Je rêvais d’être reporter de guerre et faire voir aux gens ce qu’il se passait dans le monde, notamment les injustices, pour les faire réagir. Je ne suis pas devenue correspondante mais j’ai quand même fait des études de journalisme au cours desquelles je me suis intéressée et investie pour la défense des droits de l’homme au travers des mobilisations citoyennes. Pendant mon année Erasmus à Paris en 2009, j’ai participé aux manifestations étudiantes contre la loi relative aux libertés et aux responsabilités des universités. A mon retour en Espagne, j’ai voulu m’investir plus dans la promotion des droits humains et j’ai fait partie d’une association avec laquelle on a mené des actions. Ensuite j’ai trouvé un programme dans le cadre du service de volontariat européen en Grèce en 2011. Pendant cette année grecque, j’ai également manifesté aux côtés du peuple et aussi dans le groupe des Indignés espagnols dans le pays.

  • Si tu devais montrer une photo de l’année 2011, qu’y aurait-il dedans ?

Sur ma photo de l’année dernière, il y aurait une salle des ventes où la Grèce est vendue aux enchères.

En 2011, j’étais sur l’île de Lefkada en Grèce. Le projet était d’animer une radio associative diffusée en ligne et d’y faire participer des personnes de l’île intéressées. Ce n’était pas facile au début mais j’ai réussi et du fait de l’actualité en Grèce à cette époque, nous avons organisé des débats intéressants. Mon association d’accueil et moi partagions le même intérêt sur les droits de l’homme et nous avons organisé différents séminaires avec d’autres organisations de l’UE pour dénoncer certaines situations. C’est pour cela que nous avons mis en place un séminaire qui a porté sur la situation des Roms sur l’île grecque où nous habitions, un autre sur le volontariat puis un dernier sur les droits de l’homme en Tunisie au travers le théâtre. Pendant les rencontres nous avons fait intervenir les participants à la radio associative.

  •  Et maintenant, qu’est-ce qui t’attend ?

Je pars en Tunisie, pendant un an pour être volontaire dans l’association Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux, née après la révolution tunisienne. Je vais avoir l’opportunité de contribuer à la préparation du Forum Social Mondial qui aura lieu à Tunis en 2013. En même temps, je vais essayer d’identifier les acteurs travaillant sur la question des accords de libre échange entre l’UE et les pays de la zone d’Agadir, c’est-à-dire Tunisie, Maroc, Egypte et la Jordanie, et aider à créer une mobilisation citoyenne autour des négociations qui vont s’ouvrir sur ces questions là. Le but est de former des liens entre l’AITEC et le Forum tunisien et faire connaître l’existence et les conséquences de ces accords tant en Europe que dans la zone du Maghreb-Mashreq. J’espère aussi apprendre l’arabe qui me serait très utile et l’occasion est idéale !

 

Interview réalisée par Anne