Samedi 27 février, des marches pour les droits des réfugiés ont eu lieu dans une centaine de villes européennes. Nous sommes plusieurs volontaires à y avoir participé depuis nos lieux de mission respectifs. 

 

Bruxelles, rendez-vous à 14h à la gare du Nord pour la marche européenne pour les droits des réfugiés. REFUGEES WELCOME

(Camille C., Belgique) 

Aujourd’hui, il fallait être là. Vraiment.

J’ai marché contre cette Europe forteresse, contre cette Europe totalement inhumaine, contre cette Europe en laquelle je ne crois absolument pas.

J’ai marché contre le fait que dans le pays dans lequel je vis actuellement, les contrôles aux frontières avec la France ont été rétablis pour éviter un nouveau « calais » sur la côte belge, contre la confiscation des biens par la police, contre les infâmes déclarations politiques sur la situation des migrants à Zeebruge.

J’ai marché contre les politiques françaises, contre la destruction de la « jungle » à Calais, contre la répression policière envers les réfugiés.

Et j’ai marché pour l’ouverture des frontières.

Je me suis sentie bien de le faire à Bruxelles car je pouvais marcher dans un lieux qui symbolisait à mes yeux ces trois dimensions.

J’ai marché entourée de gilets rouges, de quelques pancartes et de nombreuses taches dorées qui se démarquaient dans la masse, des couvertures de survie. Quelques 3000 personnes ont marché, calmement, au rythme des bruissements des couvertures de survie. Un bruit qui rappelle la mer, et qui aujourd’hui, rappelle aussi les nombreux naufrages.

Izmir, entre lutte pour l’inclusion sociale des réfugiés et l’indignation contre l’Europe

(Nausicaa, Turquie)

18h. Mes amis et moi rentrons d’une après-midi dans leur café dans un village au nord d’Izmir. Nous discutions de ce projet que nous menons ensemble depuis deux mois, le début d’une maison autogérée et solidaire pour créer plus de liens dans le quartier de Basmane, où les Syriens se joignent aux habitants turcs et d’autres nationalités sans se mêler vraiment.

Dans la rue la plus populaire d’Izmir, les activistes forment une ligne, portant chacun une photo et formant ainsi une histoire: la Syrie avant la guerre, la guerre, la fermeture de la frontière syrienne, les camps au sud de la Turquie, les traversées en mer Égée avec les bateaux si connus et les gens à la mer, puis la forteresse Europe et les soldats comme comité d’accueil. Des bougies jonchent le sol et Irem, de l’association Mülteci-der, brandit un micro. Son discours est empreint de colère.

Les gens s’arrêtent, curieux. La police n’est pas là, où alors on ne sait pas et il n’y a que les Turcs habitués qui savent distinguer l’autorité en civil. Les slogans diffèrent, entre lutte contre les politiques turques (Réfugiés, non « invités » !) et indignation contre l’indifférence européenne (Safe Passage). Cela dure 15minutes, il devait y avoir le double des personnes présentes lors de la dernière manifestation pour les réfugiés, c’est-à-dire 100 personnes. Mais les journalistes ont fait leur travail et ont publié des articles. En Turquie, la lutte pour les droits des réfugiés est encore timide.

 

 

Barcelone : une des 36 villes espagnoles engagées pour le Droit des RéfugiéEs.

(Coline, Espagne)

Il est midi, plus de 1300 personnes (selon la Police) se retrouvent au 90 Passeo de Gracia. Le rendez-vous est organisé conjointement par plusieurs plateformes et collectifs : Stop Mare Mortum, le Comité de Solidarité pour le peuple Syrien, Barcelona Ciutat Refugi, Safe Passage, Xarxa Asil.cat, mais aussi la commission Catalane d’Aide aux Réfugiés.

En tête de cortège, des militantEs de l’ONG Proactiva Open Arms portent une embarcation gonflable. Nous marchons jusqu’à la délégation de la Commission Européenne. Nous y resterons pendant plus d’une heure. Plusieurs chants et discours viendront dénoncer le rôle de l’Europe et porter un message d’accueil et de solidarité.

Plusieurs pancartes dépassent de la foule : « vías seguras » (voies sûres), « we are strong together » (nous sommes forts ensemble), « decisiones ahora » (décisions maintenant), « Refugiats sense refugi, vergonya d’Europa » (des refugiés sans refuge, honte de l’Europe). En espérant qu’ils trouvent leur écho.

 

À Amsterdam, les bateaux sont secs

(Aurélie, Pays-Bas) 

Splendide ce parvis du Museumplein d’Amsterdam sous ce soleil d’un dimanche 28 février.

Au loin, j’y vois un groupe qui, par sa taille, me semble rassurant pour l’évènement qui vise à rassembler ceux qui, à titre personnel ou au nom d’une association, prennent part à l’indignation  portée par le collectif « Safe passage », « Amnesty International et « Médecins sans frontières » contre les politiques migratoires de l’Europe.  Finalement ce rassemblement n’est pas aussi important, la faute à quelques touristes qui lui volent la vedette en se photographiant  à côté du majestueux musée.

Nous sommes 200 environ. Parmi les discours applaudis, celui du journaliste et réfugié syrien Mohammad Abdulazez qui, affirme que l’attachement des syriens à leur pays explique leur résistance de plusieurs années à partir pour l’Europe, car partir n’était pas un choix, mais une question de survie!

Les chants grecs et turcs entonnés par plusieurs invités bercent les mouvements de bras d’enfants qui s’occupent à mimer le flottement des bateaux dans un bassin vide. Ceux-là ont moins de chance de couler…

Et puis, nous nous plaçons quatre par quatre en file indienne, derrière des gilets de sauvetage qui ont « servis à des passages de migrants ». Notre silence ne couvre pas le bruit des couvertures de survie, me donnant la chair de poule.

Puis nous nous mettons en marche pour 15 minutes au bout de quoi les voix portant les slogans « ne les laissons pas dans le froid, nous exigeons un passage sûre maintenant » se font plus fortes.

A un kilomètre d’ici, Pegida défilait.