La semaine dernière, j’étais à Madrid pour rencontrer plusieurs ONG de défense des droits des étrangers dans le cadre de mes recherches sur le parcours migratoire des personnes qui entrent en Europe par la frontière Sud de l’Espagne. Au cours de mon séjour dans la capitale espagnole, j’ai également rencontré Cheikh, touriste sénégalais-malien en vacances, qui a gentiment accepté de me raconter sa première expérience en Europe.

J’ai été particulièrement frappé par l’identité d’émigré/immigré qu’on lui assigne tant à Dakar qu’à Madrid. Avant son départ du Sénégal, les collègues de Cheikh s’étonnent qu’il ne parte qu’en vacances en Europe. Une fois arrivé à Madrid, les autres touristes dans l’auberge de jeunesse sont surpris de la présence d’un Africain. « What are you doing here ? », lui demande-t-on. La question est posée naïvement et probablement sans mauvaise intention, mais elle est emblématique d’un problème.

Le témoigne de Cheikh met en lumière les stéréotypes qui lui collent à la peau en tant qu’africain. D’un côté comme de l’autre de la Méditerrannée, on envisage l’Africain en déplacement comme un émigré/immigré, une identité qui entre en contradiction avec celle pourtant omniprésente du touriste dans une grande ville comme Madrid.

Conclusion : l’Africain ne choisit pas son identité dans la mobilité, il la subit. Le Noir est un immigré, le Blanc est un touriste ou un expat…