Le parc nucléaire belge

La question de la dépendance énergétique au nucléaire fait débat en Belgique. Le parc nucléaire belge se compose des sept réacteurs : quatre à Doel (à quelques kilomètres d’Anvers) et trois à Tihange (proche de Liège) – tous exploités par Electrabel – qui ont été mis en service entre 1974 et 1985. Autant de réacteurs pour une superficie de 30 000 m2 et 11 millions d’habitants, en plus limitrophe des centrales françaises Gravelines et Chooz, placent la Belgique au premier rang des pays européens menacés par un accident nucléaire catastrophique. L’Allemagne, le Luxembourg, les Pays-Bas et la France, pays frontaliers, évoquent également leur inquiétude sur la fiabilité des centrales nucléaires belges.

Deux décisions prises au cours de l’année 2015 ont alimenté les polémiques : la prolongation de 10 ans de des réacteurs Doel 1 et 2 qui avaient atteint leur durée de vie maximum autorisée de 40 ans ainsi que le redémarrage des réacteurs de Tihange 2 et de Doel 3 après une mise en arrêt entraînée par la détection de microfissures.

Les médias nationaux s’emparent du sujet. Il y a de quoi, que ce soit au sujet de la ministre Marghem qui ne sera pas à Paris pour l’ouverture de la COP 21 car elle était en pleine négociation d’une convention avec Electrabel permettant la prolongation de Doel 1 et 2, ou d’un rapport du Conseil scientifique de l’Agence Nucléaire qui propose de revoir le plan d’urgence en cas d’accident et qui prône la distribution de pilules d’iode sur tout le territoire, une précaution dérisoire face au danger nucléaire

 

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Les actions en justice

Début 2016, les organisations Inter-Environnement Wallonie (IEW) et Bond Beter Leefmilieu (BBL) ont introduit un recours en annulation devant la cour constitutionnelle contre la loi du 28 juin 2015 qui autorise pour 10 années supplémentaires la période d’activité des réacteurs nucléaires de Doel 1 et Doel 2, en raison de l’ignorance de la part du gouvernement de plusieurs conventions internationales et des directives européennes. En effet, afin de prolonger la durée de vie autorisée, une procédure d’évaluation des incidences et une consultation du public doivent être mises en place, ce qui n’a pas été le cas.

De son côté, l’association Nucléaire Stop Kernergie dépose un recours réclamant la suspension provisoire des réacteurs Doel 3 et Tihange 2 qui existent depuis 1982. Ces deux réacteurs ont été mis à l’arrêt – procédure de sécurité suite à des indications de défaut de fonctionnement – à plusieurs reprises. En mars 2014, deux microfissures allant de 1 à 2,4 cm ont été repérés et ont mené à une nouvelle mise à l’arrêt jusqu’en novembre 2015. La raison de ces fissures est toujours inconnue, cependant, l’Agence Fédérale de Contrôle Nucléaire, qui vérifie et surveille les activités nucléaires, donne son feu vert pour le redémarrage. L’association conteste cette décision, rappelant le patron de cette agence est un ancien directeur de GDF Suez, que cette agence travaille sur des bases de données fournies par Electrabel et qu’elle est financièrement dépendante du nucléaire. Depuis le redémarrage de ces deux réacteurs en novembre 2015, plusieurs incidents ont eu lieu, provoquant de nouveaux arrêts. Il semble que le risque d’insécurité nucléaire prédomine. De plus, les arrêts très fréquents entraînent une aggravation des risques en raison des chocs thermiques qu’ils provoquent. La défense de la partie adverse – Electrabel – n’attaque pas le fond lors du procès, mais se concentre sur la forme, invoquant des arguments non fondés et l’incompétence du tribunal à statuer sur ce cas. L’avocat rappelle qu’Electrabel a pris l’initiative, de manière préventive, de suspendre les activités de ces réacteurs et que leur redémarrage s’est effectué sur la base de la décision de l’AFCN.

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La sortie du nucléaire ?

Pourtant, il y a dix ans, les politiques belges ont tenté de suivre le chemin de leurs voisins allemands en votant une loi de sortie du nucléaire. Cette loi, votée en 2003 prévoyait la sortie progressive du nucléaire en Belgique, et une sortie définitive pour 2025. Nous en sommes bien loin quand nous voyons qu’Electrabel/GDF Suez – promoteur actif du nucléaire et détenteur des sept réacteurs du territoire – possède 49 % de l’électricité du marché belge et que les centrales nucléaires restent leur principale source de production d’énergie. Mais les différents groupes qui continuent de faire pression contre le nucléaire prennent de plus en plus d’importance, et participent à la lutte pour une justice climatique, à travers la promotion d’une transition énergétique juste et fiable. Le nucléaire représente l’une des fausses solutions – avec une efficacité limitée sur la baisse des émissions de gaz à effet de serre – mises en avant lors des conférences des parties, alors que les accidents tels qu’à Tchernobyl ou à Fukushima nous ont largement prouvé ses dangers. Les dispositifs de sûreté et les modernisations des réacteurs qui commencent à être relativement anciens, représentent un coût non négligeable (par exemple, l’investissement pour prolonger la vie du réacteur Tihange 1 coûte 600 millions d’euros), des sommes qui pourraient être investis dans les énergies renouvelables.

Rendez-vous pour des marches antinucléaires à Anvers le 12 Mars et à Liège le 17 avril 2016 !