Cela fait maintenant plus de deux mois que j’ai intégré l’association Racines à Casablanca, le temps passe vite au Maroc !

Avant tout, voici une petite présentation de cette association incontournable qui existe depuis 2010.

logoRacines est une association à but non lucratif qui milite pour l’intégration de la culture dans les politiques publiques de développement, humain, social et économique, au Maroc et en Afrique. Racines développe de nombreuses activités pour l’information, la recherche et la structuration des politiques culturelles au Maroc et en Afrique : débats, conférences, campagnes de plaidoyer pour l’action culturelle (droits d’auteurs, liberté de création…), professionnalisation des acteurs culturels.

Racines est également à l’origine d’activités culturelles à dimension citoyenne, comme le projet Mix City, qui vise à offrir aux migrants subsahariens au Maroc, un espace d’expression, à travers les techniques du théâtre forum, afin de sensibiliser la société marocaine aux problèmes de cette minorité et de briser les préjugés et les stéréotypes à son égard. C’est également le cas du projet « Li tgal Yddar », que j’ai intégré, qui fait suite à la campagne « 3lach o kifache » menée depuis décembre 2014. « 3lach o kifache » a pour objectif de sensibiliser aux droits et obligations des citoyens, et de renforcer les capacités de la société civile et des élus Marocains. J’en parlerai plus longuement dans un article prochainement.

Racines mène depuis 2014 les Etats Généraux de la Culture au Maroc, qui pointe du doigt plusieurs constats en termes de politiques culturelles, que vous pouvez retrouver sur le rapport en ligne 

En résumé, voici les six constats de départ relevés :

  • Faible dépense en art et culture : Peu de dépenses des ménages marocains en matière de culture, et absence d’un marché de l’art et de la culture.
  • Centralité et faible valorisation du patrimoine : Faible valorisation du patrimoine pourtant impressionnant et peu de retombées économiques sur les secteurs connexes (artisanats, tourisme…). Faible articulation entre le patrimoine et la création, ainsi qu’entre le patrimoine et l’école.
  • Faible intégration des jeunes par la culture. Non-prise en compte des attentes de jeunes dans les politiques des villes, d’infrastructure et d’urbanisme.
  • Fragilité de l’entreprise culturelle. Inexistence du statut juridique d’entrepreneur culturel, donc précarité des acteurs culturels.
  • Droits d’auteurs, le chainon manquant. Peu de régulation de la part de l’Etat dans la distribution des droits, par les radios, les sociétés de production, les télévisions, et la mise sur le marché de biens culturels (CD, livres, etc.). Précarisation des producteurs artistiques car piratage.
  • Culture de festivals sans effet politique durable. Peu d’impact réel des festivals sur les économies locales. Pas de politique durable. Les prestataires techniques sont majoritairement étrangers : pas d’échanges de compétences.

Il est utile de préciser que ces constats vont certainement évoluer et se préciser, car les Etats Généraux de la Culture ont débuté depuis le 16 décembre leur deuxième phase. Elle comporte notamment la mise en œuvre d’une enquête sur les pratiques culturelles des marocains, puis la restitution des résultats en novembre 2016, qui viendront ainsi compléter ces constats.

Partant de ces six constats, je vais donc commencer une série de chroniques, qui aborderont les initiatives marocaines en termes de culture, et parfois à dimension citoyenne, mais je souhaite aussi relater des faits d’actualité liés au secteur culturel. J’essaierais ainsi de les mettre en exergue avec ces précédents constats, et les ressentis que je peux désormais avoir avec mon expérience de plus de deux mois à Casablanca.

A suivre donc !