Le 18 Décembre est la journée internationale des migrants.

Une journée pour célébrer les personnes en migrations? Ironie bien trouvée en ces temps de « crise des réfugiés » comme se plaisent à nous répéter nos gouvernements et institutions européennes.

Mais quand même, fêtons la. Fêtons-les!

Beaucoup idées, peu de temps, peu de possibilités, l’Etat d’urgence, notre « protecteur » de ces derniers mois, ne nous permet pas de manifester dans l’espace public. En tous cas, pas pour n’importe quelle solidarité. Certaines sont plus légitimes et moins dangereuses que d’autres semble-t-il.

A côté de tout ça, certains continuent de chercher comment dénoncer la situation du Nord-Pas-de-Calais, et à avoir encore l’espoir que nous pouvons changer les choses. Ce week-end du 18 Décembre, au bidonville de Calais, il y avait l’évènement « Art in the Jungle« . Des parcours artistiques dans la « jungle » de Calais pour favoriser le « désenclavement du camp » ( oxymore ou absurdité pure et simple que peut sembler être cette expression). Pas mal de personnes sont donc venues d’ici et d’ailleurs pour découvrir d’une autre façon ce bidonville français.

Mais, ce 18 Décembre il y avait aussi un collectif de photographes, réfugiés, habitants du bidonville, qui travaillent depuis plusieurs semaines maintenant, et qui se sont célébrés d’une autre façon.

Montrer, dénoncer et expliquer la « jungle » par ses habitants eux-mêmes. Voilà la démarche du collectif Jungleye. Depuis 2 mois, une dizaine d’hommes ont avec eux des appareils photos et capturent ainsi des moments de cette parenthèse déjà bien trop longue, de leur vie à Calais. Ces instants sont ensuite devenus des cartes postales qu’il est possible d’envoyer à qui bon nous semble. Pour le 18 Décembre, il a été décidé de faire voler ces cartes postales et leurs messages inscrits par qui le veut, à l’aide de ballons d’héliums. Un peu de beauté, d’innocence et d’espoir dans ce monde de brutes.

IMG_0311Nous voilà donc poster à l’entrée du camp avec les panneaux d’exposition de ces cartes postales ( et oui, comme de vrais pro!). Les passants, migrants ou visiteurs du parcours « art in the jungle » peuvent choisir une carte postale, y écrire leur message et l’accrocher à un ballon volant de couleur. A côté de nous, les gendarmes sont toujours là, fidèles à leur poste et mission : assurer notre sécurité! A tout hasard, nous leur expliquons le projet et leur proposons d’écrire eux aussi une carte postale. L’un d’eux répondu qu’il ne peut pas car « en service »…. Une once d’espoir!

 

 

 

 

 

La fin d’après-midi approche, il est temps d’envoyer nos cartes postales. Ce sont donc quelques ballons, images, messages et touches d’espoir qui s’envolent vers d’autres horizons.

 

Certains ballons envoyés pour le 18 Décembre ( journée internationale des migrants) ne dépasseront pas les barrières de la frontières. " No chance today, try tomorrow", comme disent les policiers aux exilé.e.s arrêtés dans le tunnel ou le port.

 

« I wish I could be the ballons »

A peine envolés, quelques ballons se retrouvent prisonniers des barbelés de la rocade qui surplombent la jungle. C’est donc en coeur que les réfugiés qui les regardent crient  » No chance today, try tomorrow ! » Ce qui pourrait être le dicton du tunnel et du port.

Mais, l’espoir est là, une fois de plus : quelques jours plus tard, un mail reçu par la collectif : un ballon a atterit à Hellouw, petit village des Pays-Bas.

« The balloon crossed around 315 km from the jungle of Calais to the village of Hellouw in Netherlands and we are still not able to cross 45km to reach England » (B.H)

Ironie du sort.

Plus tard dans la soirée, une rumeur court sur le camp : l’Angleterre prendrai le nom de toutes les personnes et leur paierait la traversée.. Ce sont donc des centaines de personnes qui sortent du bidonville et courent vers le port. Et qui y reviendront quelques heures plus tard. Bonne fête des migrants…