L’arrivée de réfugiés, les naufrages et les murs aux frontières qui s’érigent de plus en plus nombreux, sont les thèmes qui aujourd’hui font notre actualité.

Mais que s’y passe-t-il réellement ?

Historique :

Calais, son port, son tunnel et le littoral, sont,  depuis les années 90, une porte d’entrée au Royaume-Uni pour les personnes extra-européennes qui souhaitent changer de vie.

Cette région a vu arriver, au gré des conflits dans le monde, des Kosovards,  des Irakiens puis des Afghans, des Pakistanais, et plus récemment des Darfouris, des Soudanais, des Erythréens ou des Syriens, et d’autres nationalités. Ces exilé-e-s veulent se rendre en Angleterre parce qu’ils sont anglophones, y ont de la famille ou un réseau de soutien, ou tout simplement parce qu’il paraît qu’il est plus facile d’y survivre qu’en France, « même quand on n’a pas de papiers ».

Aujourd’hui, on estime à 3500- 4000 le nombre de personnes qui « vivent » à Calais, sans compter les autres camps sur ce littoral.

Aujourd’hui à Calais, pour les exilé-e-s, le gouvernement a mis en place le Centre Jules Ferry. Ancien centre aéré, c’est désormais un centre de jour qui distribue un repas une fois par jour et offre des sanitaires ouverts quelques heures par jours. Les « habitations » des migrants ne sont tolérées par la mairie uniquement sur le terrain qui entoure Jules Ferry : une ancienne décharge devenue un campement, à 7 km du centre-ville.

En 2002, le Centre d’Accueil et d’accueil d’urgence humanitaire, plus familièrement appelé le « centre de Sangatte », ouvert en 1999 par la Croix-Rouge pour subvenir aux besoins vitaux de ces exilé-e-s, est fermé par Nicolas Sarkozy. Cette même année la France signe les accords du Toucquet avec l’Angleterre qui instaure une collaboration terrestre pour les contrôles des deux côtés de la frontière. Toujours en 2002, lors du FSM de Florence, en réponse à la médiatisation de la fermeture de Sangatte et à l’externalisation des frontières de l’Europe qui se fait de plus en plus importante, le réseau euro-africain Migreurop se constitue. Il s’agit de chercheurs et militants qui souhaitent réunir leurs  forces pour travailler à la défense des droits des étrangers. En 2005, ce réseau informel décide de se constituer en association. Désormais il compte 45 associations et 49 membres individuels d’Europe, d’Afrique et du Moyen-Orient qui travaillent à la lutte contre l’enfermement des étrangers, le droit d’immigrer et la libre circulation, en Europe et au-delà. Calais, emblème des des question dans la région, est donc son « berceau politique ».

Aujourd’hui :

A Calais, plusieurs associations tentent de pallier à l’indifférence de l’Etat et de subvenir aux besoins des exilé-e-s, chacune à sa façon, selon ses moyens. Certaines depuis le début de cette situation, devenues emblématiques, d’autres plus récemment. Pour mutualiser les expériences, les savoirs-fairs et les moyens, la Plateforme de Services aux Migrants (PSM) s’est créée en 2011. Elle regroupe maintenant une vingtaine d’associations du Nord-Pas-de-Calais et de Paris.

A Calais, plus récemment, des habitants de la région qui soutenaient les exilé-e-s ont souhaité se former en collectif, c’est le Collectif Lafayette. Ils veulent eux aussi mutualiser leurs moyens et leurs forces, mais aussi défendre le droit à la ville des exilé-e-s, relégué-e-s à survivre près du Centre Jules Ferry, en dehors du centre-ville.

A Calais, l’hiver arrive et les portes du Royaume-Uni sont toujours closes.

Mais Calais et le littoral, en plus d’être une zone de déni de droits, c’est aussi un nid de luttes et de solidarités.

Alors, pour y faire quoi ?

Documenter pour dénoncer, c’est certain. Mais surtout expliquer en quoi cette situation est le fruit d’une politique, d’accords francos-britanniques et des politiques européennes migratoires. Sensibiliser aux questions que posent cette situation, à ces causes et plus largement, réfléchir à la société que nous voulons. Calais et le littoral du nord n’est pas la seule porte d’entrée d’un pays européen à être fermée et où les droits de tout à chacun ne sont absolument pas respectés. Ce n’est aussi pas le seul lieu où s’exercent des solidarités et des luttes pour l’égalité et les droits de toutes et tous. Alors, pourquoi ne pas essayer de lier ces luttes et de proposer une nouvelle vision des migrations?