L’histoire tourmentée des mouvements sociaux, forces et leviers d’une société civile qui se mobilise


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Le mouvement social de la société civile marocaine a traversé divers périodes, parfois destructives, parfois reconstructrices. Si les mobilisations citoyennes ont subies une répression forte sous le règne d’Hassan II, elle se remettent en place et ont su faire bouger les lignes en 2011 avec une pression mise sur les autorités qui ont permis d’amorcer un renouveau politique timide. L’adoption d’une nouvelle constitution avec l’affirmation et le renforcement du rôle du gouvernement ainsi que du parlement va dans le sens d’une démocratisation plus importante de la vie politique. Par ailleurs, depuis le début du siècle, le royaume manifeste un certain volontarisme dans divers domaines avec l’édition de nombreux plans larges de financement que cela soit dans le domaine de l’agriculture avec le Plan Maroc Vert visant à moderniser le secteur et à améliorer les conditions de vie de la paysannerie ; ou encore l’Initiative National pour le Développement Humain qui vise à lutter contre la pauvreté et l’exclusion social en permettant le financement de projets de développement d’infrastructures notamment socio-culturelles. Ces projets s’inscrivent dans une politique économique d’ouverture, la conclusion de très nombreux accords de libre-échange visant à encourager l’investissement et à multiplier les partenaires économiques du pays rythme ces dernières années. Le but poursuivi est de permettre à l’ouverture des frontières aux marchandises et aux services et à la libéralisation des échanges de jouer pleinement un rôle de vecteur de croissance et de développement.

Le Maroc se mue, à plusieurs vitesses, selon l’espace ou la population que l’on considère, et les inégalités perdurent. Le chômage alourdit l’économie, le désoeuvrement de la jeunesse est durement vécu par cette dernière. Aujourd’hui, si la société civile semble s’être emparée de la lutte pour l’acquisition de ses droits économiques, culturels, sociaux et politiques, elle doit toujours composer avec le cadre posé par un régime autoritaire qui pousse les mouvements à capter chaque interstice de liberté qu’il lui est possible d’acquérir. Militer et même parler, est difficile. Les rapports de force et d’influence sont complexes et la monarchie pèse de tout son poids sur la parole. Le compromis et la nuance sont alors des alliés indispensables.

De la difficulté d’appréhender la notion d’écologie au Maroc


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Les questions d’écologie sont autant de questions que se pose la société marocaine car, de part son histoire, sa localisation géographique et les problématiques qu’elle affronte, elle doit s’y confronter. Cependant, de chaque côté de la Méditerranée, les termes de ces questionnements varient. La prégnance des considérations économiques et sociales rend apparemment secondaire les préoccupations purement climatiques. Cependant, une approche un tant soit peu transversale nous permet de faire des liens et de faire apparaître que, même si la question n’est pas littéralement posée en terme d’accès aux droits environnementaux, les revendications socio-économiques sont en fait souvent liées à la notion que l’on a de justice sociale et de justice écologique.

Deux associations inscrites dans des dynamiques communes, l’enjeu du partenariat


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L’AITEC (Association Internationale des Techniciens, Enseignants et Chercheurs) a été créée dans le prolongement d’un mouvement plus large, celui né dans les années 1960 et visant à construire un mouvement de solidarité internationale autour de l’appui aux luttes des peuples colonisés. L’AITEC émerge de ce mouvement, en 1983, pour répondre à la survenue d’une nouvelle forme d’engagement : celui d’intégration du militantisme et de l’engagement politique à la pratique d’une activité professionnelle ou à la compétence d’une expertise. Au moment de la formation de ces mouvements en France, des liens forts se développent avec des militants marocains résidant en France ou des Français d’origine marocaine qui sont en lutte et qui fonderont un Comité contre la répression au Maroc qui regroupera des mouvements militants ainsi que des associations de lutte. De nombreux membres fondateurs du FMAS (Forum des Alternatives Maroc) sont issus de ce comité. Né en 1983, le FMAS a été créée dans le but de discuter et de reconstruire des mouvements et une société civile vivante, active et revendicatrice. L’AITEC et le FMAS s’inscrivent dans des dynamiques parallèles ; celle d’un militantisme comme outil de participation aux luttes des peuples et des individus, une vision participative et transversale du mouvement social, de nombreux partenariats et l’idée que la solidarité internationale se nourrit de ses échanges et grandit dans le partenariat et dans l’entre-aide entre les peuples et entre les luttes, la participation aux Forums Sociaux Mondiaux, et tant d’autres.

Un but commun, s’unir et faire entendre la voix des peuples en matière de justice climatique


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Ces deux associations ainsi que les réseaux dans lesquels elles s’inscrivent participent toutes deux à la Coalition Climat 21 (voir le site internet du mouvement). Ce regroupement d’organisation et de mouvements internationaux de société civile, syndicats, organisations non gouvernementales au sens large est uni autour de la certitude que le climat et le changement qui l’affecte sont autant de sujets à prendre à bras le corps et ce, de façon citoyenne et militante. Le mouvement se concentre autour d’une mobilisation visant à amplifier la dynamique en faveur de la justice climatique. Le point phare de la mobilisation et des actions menées par la Coalition auront lieu durant la tenue à Paris de la COP21. La Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques a été adoptée au Sommet de la Terre de Rio de Janeiro en 1992 et ratifiée par 196 États. Elle établit l’existence d’un changement climatique d’origine humaine et ambitionne de limiter l’influence anthropique en prenant des dispositions visant à lutter contre le changement climatique. Les dispositions prises lors de ces sommets n’étant pas contraignantes, les associations et membres de cette coalition ne les estiment pas suffisantes. C’est dans une dynamique commune que les deux associations AITEC et FMAS agissent d’un côté et de l’autre de la Méditerranée afin de créer des liens et des partenariats ayant pour objectif de construire un mouvement fort qui puissent porter la voix des sociétés civiles en lutte pour l’acquisition de leurs droits et pour une justice sociale et environnementale pour tous. L’un des objectifs est ainsi de continuer et d’amplifier la mobilisation internationale qui se construit autour de ces enjeux sociaux et environnementaux également autour de la COP22 qui aura lieu l’an prochain à Marrakech.