En décembre 2015, la France accueillera la 21ème conférence des Nations Unies sur le climat : COP21(1).

L’enjeu annoncé au départ est de parvenir à « un accord applicable à tous, juridiquement contraignant et ambitieux, c’est-à-dire permettant de respecter la limite des 2°C »(2) de réchauffement climatique d’ici la fin du siècle, seuil au-delà duquel les conséquences du changement climatique seraient dramatiques et le risque d’emballement du climat trop élevé. Il s’agit aussi de rééquilibrer les possibilités d’adaptation au changement climatique pour les différents pays, alors que les régions les plus touchées sont dans la majorité des cas celles qui ont émis le moins de gaz à effet de serre : celles qui sont les moins responsables.

 

La Tunisie durement touchée

Ainsi, en Tunisie, alors que les émissions de Gaz à Effet de Serre par habitant sont nettement plus faibles que celles de pays comme les Etats-Unis ou la France (mais nettement plus fortes que celles de pays comme le Burkina Faso) (3), les conséquences de l’élévation de la température moyenne et de la baisse des précipitations se font durement sentir et cela va aller en s’aggravant. On peut imaginer par exemple l’impact sur les paysans, sur la souveraineté alimentaire, sur l’accès à l’eau des populations, notamment au Sud du pays…

Des conséquences du changement climatique sont déjà visibles dans le paysage tunisien, comme l’érosion des côtes ou l’ensablement.

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La lutte pour la justice climatique

Or, à ce stade des négociations, il semble que les gouvernements les plus puissants aient déjà renoncé à un accord ambitieux, juridiquement contraignant, et à engager les dépenses nécessaires à la limitation et l’adaptation au changement climatique et à la promotion de la justice climatique… Pire, ils envisagent un certain nombre de « fausses solutions », qui « contribuent à empirer la situation et renforcer l’emprise de la finance et des multinationales sur nos économies, sur nos vies et sur la nature. » D’ailleurs, la conférence est sponsorisée par des grandes entreprises climaticides(4).

Pourtant, il est vraiment urgent de s’engager dans la transition écologique, de s’opposer au système économique capitaliste et de défendre la justice climatique. C’est pourquoi la mobilisation est importante : il faut transformer le rapport de force, faire pression à la fois sur les négociations et les politiques climatiques et commencer à développer les alternatives, renforcer les dynamiques transformatrices au-delà des grands sommets.(5)

 

1000 initiatives pour le climat – Les mobilisations tunisiennes

A l’occasion de l’appel à initiatives décentralisées lancé par la coalition climat pour interpeller les responsables du changement climatique(6), plusieurs mobilisations ont eu lieu en Tunisie.

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  • Le 23 mai, des militants tunisiens contre le gaz de schiste se sont rendus sur le site de la compagnie pétro-gazière STORM à Bir Ben Tartar, dans la région de Tataouine. L’exploitation du gaz de schiste, par le moyen de la technique de fracturation hydraulique, émet énormément de gaz à effet de serre et aggrave le changement climatique. En outre, elle prive d’eau les populations et les agriculteurs locaux, dans ces régions du Sud déjà atteintes par la sécheresse.
    (Contact : aped_dhiba@yahoo.fr)
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  • Le 30 mai, place d’Afrique à Tunis, l’événement Kool Climat a rassemblé jeunes et moins jeunes de Tunisie et d’ailleurs. Il s’agissait d’un goûter partagé avec quizz sur le climat, la COP21 et la justice climatique. Pour joindre le geste à la parole, l’événement s’est poursuivi avec un atelier recyclage. https://www.facebook.com/events/1587201708219287/

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  • Le 30 mai toujours, à Bizerte, un rassemblement associatif (APEDDUB : Association Pour La Protection De L’Environnement Et Le Developpement Durable De Bizerte) a eu lieu pour appeler à la lutte contre le changement climatique et à la promotion de la justice climatique.rassemblementbizerte2

  • Le 5 juin à Gabès, les associations et réseaux qui se mobilisent chaque année lors de la journée mondiale de l’environnement, une manifestation a été organisée qui appelait à stopper les industries polluantes et le changement climatique. La région de Gabès est un haut lieu de la transformation du phosphate. Avant d’alimenter un modèle d’agriculture climaticide en engrais phosphatés, cette industrie pollue la région, ruine la santé de ses habitants, empoisonne la mer et maintient les gens au chômage en détruisant des secteurs d’activité comme la pêche et l’agriculture.gabès5juinpour en savoir plus, http://jeveuxvivre.org/ (bientôt en ligne) ou https://www.facebook.com/N7b.n3ich?fref=ts

 

(1) site de la COP21 : http://www.cop21.gouv.fr/fr

(2) Discours de Laurent Fabius, qui sera difficile à tenir pour lui : http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/politique-etrangere-de-la-france/environnement-et-developpement/lutter-contre-le-changement/actualites-liees-au-changement/actualites-2013-liees-au/article/discours-de-laurent-fabius

(3) voir l’atlas de la dette climatique : http://ejatlas.org/featured/climate-debt

(4) voir l’article https://france.attac.org/actus-et-medias/salle-de-presse/article/non-les-sponsors-prives-de-la

(5) Carte des initiatives : http://coalitionclimat21.org/fr/contenu/carte-des-initiatives-pour-le-climat