Le 9 octobre 2014, l’accord de gouvernement belge conclu par les négociateurs de la Suédoise est rendu public. Cependant, cette nouvelle majorité fédérale semble conduite par la conviction d’une nécessaire rigueur et soumet tous les secteurs à de fortes économies. Ces mesures d’austérité trouvent en partie leur source dans la politique budgétaire imposée par l’Union Européenne, qui pointe du doigt la Belgique, dont la dette ne respecterait pas les critères de Maastricht.  Persuadé que l’austérité est la solution à tous nos problèmes, le gouvernement n’a même pas pris la peine de considérer des alternatives.

Ce sombre tableau est toutefois éclairé par une lueur d’espoir: la Belgique semble se réveiller. En effet, le 6 novembre, 120 000 personnes se rassemblent dans les rues de Bruxelles afin de protester contre les mesures du gouvernement Michel.  Les grèves se répètent et un nouveau mouvement citoyen voit le jour pour promouvoir une toute autre approche de la politique.

Le caractère anti-social des politiques d’austérité est ainsi décrié. Mais qu’en est-il de l’environnement ? Notre dette climatique s’accroit jour après jour et nous sommes confrontés à l’épuisement des ressources naturelles. Car, s’il y a un oublié dans l’affaire, c’est le climat et plus largement les conséquences environnementales de nos modes de vie. Pourtant, crise écologique et crise sociale sont intimement liées. En prenant en compte la finalité physique de notre planète, la justice sociale ne peut être pensée sans les contraintes environnementales qui s’imposent à nous. Si on ne met pas tout en oeuvre pour limiter le changement climatique, les conséquences seront catastrophiques en termes de sécurité alimentaire, d’accès au logement et à l’eau, affaiblissant d’abord les plus vulnérables. Ce n’est dès lors qu’en faisant du climat une priorité que les mouvements sociaux éviteront les pièges qu’ils reprochent au gouvernement: une vision court-termiste dont les conséquences seront une pauvreté ainsi que des inégalités accrues. Nos démocraties doivent se munir d’un véritable volet climatique afin de renforcer la résilience sociale des citoyens.

Et si nous prenions la décision de réellement tenir compte des phénomènes sociaux et environnementaux pour aller vers une toute autre politique? N’est-il pas grand temps de mettre la sphère économique à sa juste place, c’est à dire un outil au service de la société et de l’Homme, et non plus l’ultime finalité du système actuel ?

Pour rêver d’un monde meilleur, il est temps que l’Homme réfléchisse aussi au cadre de vie dans lequel celui-ci peut écolore. Changeons notre modèle de société pour qu’il s’inscrive dans les limites naturelles de notre planète avant que ce changement ne nous soit imposé par les conséquences-mêmes du changement climatique. Mais surtout, continuons à nous battre pour un monde plus juste, plus démocratique afin que les plus vulnérables ne soient pas les seuls à payer.

À Paris, en décembre, aura lieu le grand sommet climatique des Nations Unies (COP 21) où un accord contraignant relatif au climat devra être conclu entre les différentes nations. C’est un moment clef pour tous les mouvements sociaux et plus largement pour la société, afin de construire ce changement paradigmatique.

Le Climate Express mobilise des milliers de Belges pour se rendre à Paris pour la COP 21 en train, en bus ou à vélo. Par le biais d’actions de masse non-violentes, nous souhaitons lors de ce rendez-vous unir les mouvements climatiques et sociaux du monde entier afin de porter un message commun auprès des décideurs et des citoyens internationaux.  Seras-tu l’un d’entre-nous ?

Pauline Delgrange, Mathilde Questiaux, Clarisse Van Tichelen et Johan Tyszler