Le weekend dernier, était organisé à Monastir le 1er Forum Social sur l’Environnement. L’occasion pour la société civile tunisienne de mettre en lumière les graves problématiques écologiques qui se posent en Tunisie.

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Au cours de ce Forum, j’ai pu assister à la projection du documentaire Gabès Labess de Habib Ayeb. Ce film présente une catastrophe écologique liée à la production de produits chimiques dans la région de Gabès. Voilà en quelques lignes de quoi vous résumer le propos du film :

« Gabès Labess » questionne les modèles actuels de développement en mettant l’accent sur l’oasis de Gabès, la seule oasis côtière dans le monde. Ce qui était autrefois considéré comme « le paradis du monde » a été transformé en une catastrophe économique, sociale et écologique, par la construction, dans les années 1970, d’un complexe industriel chimique qui a privé les agriculteurs locaux de leur eau, de leurs terres arables, de leur bien-être économique et de leur dignité.

« Gabès Labess » est un cri d’alarme, un appel à agir avant qu’il ne soit trop tard…[1]

Au delà de l’horreur de la situation présentée et de ses conséquence sur cet endroit et ceux qui l’habitent, j’ai été particulièrement marqué par les propos d’une homme interviewé pour le film. Il donne son analyse de la situation en expliquant que pour lui, il y a deux types de personnes dans cette histoire. Ceux qui sont « labess[2] » et ceux qui ne le sont pas. Ceux qui sont labess peuvent faire ce qu’ils veulent. Décider de l’expropriation de ceux qui vivent là depuis des générations et travaillent cette terre ; polluer le sol et l’eau ; faire de l’argent sans se soucier des conséquences… Pendant que ceux qui ne sont pas labess ne peuvent que subir les conséquences et se plaindre (en silence).

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Labess ou pas labess ? C’est avant tout de domination qu’il est question. De la façon dont ceux qui ont tout s’approprient toujours plus. D’un capitalisme prédateur qui ne laisse rien sur son passage que misère et désolation. Et d’une lutte, parfois passive, mais déterminée. De ceux qui sont là et qui y resteront, quoiqu’il en coûte.

Parce que malgré tout leur vie, et même La vie vaut plus que tous leurs profits !

Et finalement, l’écologie ça n’est pas que de trier ses déchets, de faire du vélo et de manger bio. Mais c’est aussi, voire surtout, une histoire de luttes sociales (et de lutte de classes ?), de dominations et de résistances.


 

[1] http://www.film-documentaire.fr/Gabès_Labess.html,film,40475

[2] Ça va