Rappel des faits : le plan d’aide à la Troika

 

Suite à la crise économique qui a touché l’Europe en 2008 et aux grandes difficultés financières qu’a connu le Portugal à cette période, une politique d’austérité a été mise en place en 2011 en échange d’un prêt de 78 milliards d’euros de l’Union Européenne, du fonds monétaire internationale (FMI) et de la Banque centrale européenne.

Cette politique d’austérité a largement contribué à l’appauvrissement des classes moyennes et des classes sociales les plus basses, creusant d’avantage les inégalités sociales. « En ce moment le Portugal est un pays où les politiques économiques sont centrées sur l’assainissement des finances publiques. Il y a eu un coût social très, très élevé » explique Paula Bernardo, numéro deux du syndicat de l’Union Générale des Travailleurs.

Quelques chiffres

 

Depuis 2008, plus de 800 000 emplois ont été détruits au Portugal. Il y a également eu une baisse cumulée de 12% des salaires, donc une perte de pouvoir d’achat considérable : « Depuis ces deux dernières années, c’est une baisse de 6% du pouvoir d’achat et c’est quelque chose de très impressionnant et de très violent pour les consommateurs », analysait déjà Jesus Castillo en 2013, économiste spécialiste de l’Europe du Sud.

Les premières coupes budgétaires ont eu pour conséquence la suppression de 30 000 postes de fonctionnaires entre 2011 et 2013, l’allongement du temps de travail à 40h par semaines sans compensation salariale et un salaire minimum qui stagne à 485 euros par mois. De plus, les portugais doivent aussi supporter la hausse générale des impôts, le gel des pensions de retraite, la diminution des remboursement de la sécurité sociale…

Les conséquences des politiques d’austérité : exclusion sociale…

Ces coupes budgétaires drastiques affectent très durement les populations les plus précaires. Les banques alimentaires et les distributions de plats chauds sont de plus en plus nombreuses à Lisbonne et dans le reste du pays. Les jeunes et les seniors sont les plus fragilisés et souvent exclus du marché du travail. Pedro, 60 ans parlent portugais, parfaitement français , anglais et espagnol. Après avoir travaillé toute sa vie au Portugal, il vit de son tout petit revenu et des pourboires laissés par les touristes qui viennent utilisé les sanitaires qu’il nettoie.

Nous rencontrons également Gloria, 55 ans, devant notre porte d’immeuble. Elle nous propose avec un français impeccable ses services pour du ménage, du repassage ou des retouches de couture… Elle nous explique qu’elle était couturière en France puis au Portugal, qu’elle a monté sa petite entreprise qui a fait faillite avec la crise de ces dernières années et qu’aujourd’hui elle ne trouve plus travail. Ces rencontres sont courantes à Lisbonne pour qui décide de regarder derrière la carte postale. Sans travail, sans allocation sociales, de nombreuses personnes se retrouve sous le seuil de pauvreté et dépendent du soutien familiale et des associations caritatives.

Image parue dans le journal indépendant Guilhotina.info

Image parue dans le journal indépendant Guilhotina.info

 

et émigration économique.

 

Même combat pour les jeunes qui voient leur avenir professionnel compromis dans leur pays. De plus en plus choisissent d’émigrer. Ou plutôt sont contraints à émigrer pour pouvoir commencer leur vie professionnelle. Ils sont de plus en plus nombreux à quitter le pays dans l’espoir de trouver un travail. D’après le rapport statistique 2014 effectué par l’observatoire de l’émigration portugais , 110 000 portugais sont partis travailler dans un autre pays en 2013.

 Emigração Portuguesa, Relatório Estatístico 2014, Observatorio da emigraçao.


Emigração Portuguesa, Relatório Estatístico 2014, Observatorio da emigraçao.

Par ricochet, le taux de natalité est lui aussi en baisse. Le Portugal est aujourd’hui le 2ème pays d’Europe dont la population émigre le plus. D’après l’observatoire de l’émigration, la part de la population qui émigre croit plus rapidement que la population résidente au Portugal.

Emigração Portuguesa, Relatório Estatístico 2014, Observatorio da emigraçao.

Alors que le gouvernement portugais se réjouit d’annoncer une baisse du chômage et une légère augmentation de la croissance en 2014, les écarts sociaux se creusent et le Portugal continue de laisser partir la richesse humaine de son pays. De grands défis sont à relever pour offrir de nouvelles perspectives aux jeunes générations et permettre aux plus anciens de retrouver une vie digne après des années de travail. Le chemin de la guérison sera encore long.

Émigration au Portugal, pour en savoir plus:

http://www.precarios.net/?p=10993

http://www.observatorioemigracao.secomunidades.pt/np4/home.html