Le nouveau Service d’Asile qui a été opérationnel le 7 juin 2013 est considéré en tant qu’une instance bien améliorée dans le traitement des dossiers par rapport au service d’asile d’avant, service employé par des employés incompétents de la Police Grecque. Le nouveau service, une instance indépendante liée au Ministère de la Protection du Citoyen, se veut plus spécialisé sur les questions d’asile et des réfugiés étant composé d’un personnel formé sur ces questions-là.

L'entrée et le bâtiment principal

L’entrée de l’avenue Katechaki et le bâtiment principal

Le bâtiment, vue de la cour intérieure

Pour les demandeurs d’asile qui se présentent au service d’asile pour le dépôt d’une demande d’asile, en pratique, en raison de la charge de travail, ils ne parviennent pas s’inscrire le jour même. Le Conseil grec pour les réfugiés cite des cas selon lesquels, le Service de l’asile donne au demandeur d’asile un document officiel avec un nombre indiquant la date à laquelle le demandeur doit revenir ou un numéro de priorité; ce n’est pas considéré comme une demande d’asile et met ainsi la personne à grand risque, car ils sont privés de la protection accordée aux demandeurs d’asile qui ont déposé une demande et peuvent donc être arrêtés dans la rue et détenus en vue de déportation. A 7 heures du matin, un employé du Service choisit 40 personnes au maximum d’une file d’attente de 140 personnes.

L’accès au nouveau Service d’asile à Athènes reste problématique. 130-140 personnes arrivent tous les matins à l’entrée du service  pour demander l’asile. Environ seulement 30 personnes sont choisies pour avoir accès, à cause de la disponibilité de la relève quotidienne et du nombre limité d’interprètes. Ceux à qui l’accès n’a pas été accordé , ne reçoivent pas de documents prouvant qu’ils en sont venus pour demander l’asile. Leur statut de migrants  »sans papiers » à leur tour les met au risque d’être arrêtés par la police. Il n’y a aucune prestation de soins ou de priorité pour les personnes venant de service de l’asile à Athènes d’autres régions de la Grèce.

Arrivant à 9h, c’est une journée en plein été avec peu de demandeurs. On passe par le contrôle de l’entrée et ensuite, on se met à la file d’attente pour la prise du rendez-vous au service, faite par un employé du service aidé par un interprète de l’ONG METADRASIS. Une attente d’une demi-heure (un jour exceptionnel, la moyenne est de 2-3 heures) pendant laquelle je fais connaissance avec Serge de Kongo, venu pour déclarer son changement d’adresse et demander une attestation  d’asile au cas où il trouverait un boulot, ce qui va sûrement pas arriver, il note avec amertume. Son frère noyé dans le fleuve Evros à la frontière avec la Turquie lors la traversée. Un vigile m’appelle en me voyant blanche  » pourquoi vous m’avez pas dit que vous êtes avocate ?! Vous êtes en priorité ! Passez, s’il vous plaît ». Serge me regarde de loin, sourire ironique.

La file d’attente pour la prise des rendez-vous. En période normale, elle est composée par dizaines de personnes.

 

Deuxième phase, il faut attendre l’appel pour le rendez-vous au service. Un espace extérieur avec des bancs en bois sous une tente, une chaleur de 40 dégrés, des gens qui fument, qui dorment sur les bancs, des enfants jouant avec les jeux d’enfants sales, offerts par le service si philanthropique, des compagnies des gens par nationalités, pakistanais, africains, égyptiens, l’attente, qui sait jusqu’à quand ? Une femme vendant de bouteilles d’eau, des cafés froids, des feuilletés qui vient tous les démi-heures, un joli commerce. On profite de tous les côtés des migrants.

Le plus frappant : les employés du Service d’asile qui traînent avec des gants d’hôpital parmi les sales migrants qui portent mille maladies. Et pourtant, ce n’est pas une prison ici mais un service administratif. Je n’ai jamais vu des gants en plastique au Service de Taxes. Lorsque je démande un stylo à la jeune chargée des appels aux rendez-vous, elle répond stressée : « attendez celui-ci est sale, (des mains des migrants), je vous apporte un autre ».

 

L'espace d'attente pour le rendez-vous au Service. Un lieu incomparable par rapport aux conditions  affreuses qui régnaient au Département d'Etrangers de la Police à la rue Petrou Ralli.

L’espace d’attente pour le rendez-vous au Service. Un lieu incomparable par rapport aux conditions affreuses qui régnaient au Département d’Etrangers de la Police à la rue Petrou Ralli.

Après le dépôt des dossiers, je croise l’avocate A., venue accompagner deux petites filles de 6 et 11 ans Afghanes. Leur mère les a laissées en Grèce et elle est partie en Allemagne avec leur petit frère de deux ans. Les but est de demander le regroupement familial selon le règlement Dublin II. C’est la seule manière sûre pour qu’elles puissent se retrouver en sécurité. Une procédure qui va durer environ 8 mois jusqu’à ce que les filles revoient leur mère.

Après avoir passé l’interview au service, je les accompagne à l’hôpital d’enfants où elles séjournent provisoirement. Ensuite, elle seront transférées à une résidence d’enfants à Alexandroupolis, un lieu plus chaleureux pour les enfants. L’avocate m’informe que dans ce cas on ne doit jamais laisser pour un instant seuls les enfants, car il y a des traffickers partout dans la ville. On ne sait jamais ce qui peut arriver. Il arrive souvent que des enfants, même plus jeunes, disparaîssent.

On marche dans les rues d’Athènes. Je me rends compte de leur situation. Toutes petites, ayant fait un voyage à travers des continents, abandonnées, dans un pays inconnu, une langue incompréhensible. La grande, de 11 ans, vivant le rôle de la mère très tôt pour son âge.

Dernière image, la chambre froide de l’hôpital, les filles souriantes nous saluent.

 

Selon le rapport du GCR publié dans le cadre de la campagne pour l’accès à l’asile, il s’avère que la violation de droits humains la plus importante liée à l’accès à l’asile est que des personnes ont tenté de déposer une demande à plusieurs reprises au Nouveau Service de Katechaki tout comme à Petrou Ralli, mais comme ils n’ont pas eu cet accès, ils ont fini par être arrêtés et mis en prison.

 

 

– Voir plus:

  •     http://www.asylumineurope.org/reports/country/greece
  •     http://www.ecre.org/component/content/article/70-weekly-bulletin-articles/430-greece-continues-to-systematically-detain-asylum-seekers-and-remains-unable-to-address-the-needs-of-asylum-seekers-and-refugees.html
  •     http://www.asylumineurope.org/reports/country/greece/asylum-procedure/procedures/registration-asylum-application
  •     http://asylum-campaign.blogspot.gr/