TAFTA: la chaleur de l’été ne ralentit pas les mobilisations
Après une brève période d’accalmie juste après les élections européennes, les mobilisations contre le grand marché transatlantique TAFTA ont animé ce début d’été. En plus du bouillonnement militant qui a accompagné la consultation sur le mécanisme de règlement des différents investisseurs-États (ISDS) de la Commission Européenne, des coalitions se structurent dans un nombre croissant de régions européennes; les ONG publient rapport sur rapport pour creuser toutes les thématiques; les syndicats durcissent leur position; les actions ‘grand publique’ se multiplient; les petites et moyennes entreprises sont entraînées dans la bataille et les positions au sein de la Commission et du parlement européen semblent lentement évoluer. Voici quelques éléments – non exhaustif ! – sur les actions autours du 6ème round de négociations qui a eu lieu du 14 au 18 juillet à Bruxelles.
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Le 12 juillet, les anglais ont organisé leur journée d’action #NoTTIP. Dans un pays traditionnellement libéral, la mobilisation a été impressionnante. Une des questions dominantes et celle des services publiques de la santé, et particulièrement de la survie du NHS. Le directeur de l’ONG War on Want, John Hilary, a d’ailleurs fait un billet instructif pour démonter l’argumentaire la Commission, qui assure que TTIP n’aura pas d’impact sur les systèmes de santé européens.
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Les 14 et 15 juillet, près de 140 organisations se sont retrouvées à Bruxelles pour la deuxième rencontre stratégique de la société civile sur TAFTA. La rencontre a débutée avec un état des lieux des mobilisations: des membres de 16 coalitions européennes ont présenté une pluralité de situations locales. UK, Espagne, Pologne, Belgique, France, Allemagne, Finlande, Portugal, Pays-Bas, Grèce, Hongrie, Bulgarie, Irlande, Pologne, Autriche + USA et Suisse. Bilan, la mobilisation s’organise, partout. Selon les pays les sujets de campagne principaux diffèrent légèrement, mais les principaux cités ont été la sécurité alimentaire, les services publiques, ISDS, la montée des inégalités intra-européennes et le durcissement de l’austérité apportée par TAFTA. L’initiative française Zones Hors TAFTA a été chaleureusement accueillie.
Le reste des deux jours a été occupé par des discussions stratégiques. A noter, la nécessité de ne pas oublier les aspects économiques du traité. La méthodologie des études d’impacts économiques sur lesquelles la Commission base ses arguments – promettant travail, croissance et prospérité – a été profondément critiquée par plusieurs équipes de chercheurs. Voir à ce sujet l’étude de l’organisme de recherche autrichien ÖFSE (Austrian Foundation for Development Research). Au delà de la catastrophe écologique et démocratique que représente le traité, TAFTA détruirait, selon la Commission et dans le cas d’un accord « ambitieux », 1.3 millions d’emplois en Europe. D’autres emplois seraient crées par l’accord, mais ceux-ci ne le seront ni dans les mêmes secteurs ni dans les mêmes régions. Europe à deux vitesse, inégalités croissantes, chômage, austérité et concurrence accrue entre les travailleurs: un avenir économique peu réjouissant.
Pendant la rencontre il a été noté que l’abondance de matériel d’information, de plus en plus disponible en français et dans de nombreuses autres langues (allemand, grec, italien, portugais, espagnol) facilite notre travail de plaidoyer. Profitez-en !
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Le mardi 15 juillet, l‘Initiative Citoyenne Européenne contre TAFTA et CETA (accord UE-Canada) a été officiellement lancée, depuis Bruxelles. Il s’agit d’une forme de pétition officielle. Elle demande à la Commission Européenne de demander au Conseil d’annuler le mandat de négociation de TAFTA, et de ne pas conclure les négociations de CETA.
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Le mercredi 16 juillet, le briefing des négociateurs de TAFTA à la société civile (80% de représentants d’intérêts privés) a été interrompu par une action Stop TTIP. La vidéo est disponible en ligne. Le briefing des négociateurs lui même a été un chef d’œuvre de langue de bois. Seule information obtenue: 150 000 personnes ont répondu à la consultation de la Commission sur le mécanisme de règlement des différents investisseurs-États, un record.
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Le vendredi 18 juillet, une petite centaine de manifestants se sont retrouvés devant le bâtiment principal de la Commission Européenne pour exprimer leur opposition au traité. Ce rassemblement avait lieu en marge de la conférence de presse officielle, clôturant le 6ème cycle de négociations. Sous le soleil, une conférence de presse parodique a mis en scène l’influence des lobbys et l’inutilité de l’accord. La couverture médiatique de l’action a été bonne.
Pour ce qui est du contenu des négociations du 6ème cycle, l’AITEC a publié une note d’analyse et de position.
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La semaine s’est poursuivie avec les Fêtes Gantoises ou l’alliance belge D1920 a posté son bus anti-TAFTA. Le commissaire européenne au commerce Karel De Gucht, libéral belge, a été particulièrement moqué.
Pendant que toutes ces action popularisaient TAFTA et aidaient à prendre conscience de l’importance de la politique commerciale, le travail de fond continuait.
En juillet, SOMO et Corporate Europe Observatory ont analysé un document fuité, concernant la régulation financière, et ont conclu que la position de la Commission Européenne dans TAFTA contribuerait à affaiblir les (déjà faibles) régulations sur les banques.
Friends of the Earth Europe a sorti un rapport sur l’utilisation de TAFTA par les lobbies des industries extractives, afin d’affaiblir la directive européenne sur la qualité des carburants.
Ciel (Center for International Environmental Law) et ClientEarth ont présenté le résultat de leur recherche sur les produits chimiques toxiques et TAFTA: « TTIP, Toxic Partnership ».
L’IATP (Institute for Agriculture and Trade Policy) a publié son
dans TAFTA.Ont également été publiés deux papiers sur le droits du travail dans TAFTA, perspective européenne et perspective américaine. Ils ont été commandés par la fondation Friedrich Ebert (associée aux sociaux démocrates allemands) et réalisés par le CTR (Center for Transatlantic Relations).