Manifestation à Corinth à l’occasion de la grève de faim des migrants (15/6/2014)

Le 9 juin 2014, environ 160 migrants détenus du camp de Corinth commencèrent une grève de faim qui va durer 5 jours avant que la Police réussisse à la briser par des moyens divers. En ce moment-là, parmi les 680 détenus, les 150 migrants sont enfermés plus de 18 mois, la condition décisive qui va déclencher la grève.

Solidarité aux résistances des migrants détenus. Fermez tous les camps de concentration maintenant

Solidarité aux résistances des migrants détenus. Fermez tous les camps de concentration maintenant

Au début, les premiers participants seront d’une origine ethnique commune1, puis ça s’étendra dans tout le camp. Face à cette participation massive et collective, la police mettra en place une stratégie bien connue, celle de la dispersion. Le mardi 11 juin, trente personnes seront transférées et le mercredi 12, cinquante, vers les commissariats de Petrou Ralli et d’Amygdaleza à Athènes avec la promesse qu’elles seraient prochainement libérées. Aussi, certains qui vont se coudre leurs lèvres, vont être obligés de se faire couper le fil par un médecin sous le prétexte qu’ils seraient libérés prochainement.

Plusieurs collectifs ont appelé à une manifestation en solidarité avec les grévistes au camp de détention de Corinth, le dimanche 15 juin. Un détenu appelle au moment du rassemblement devant l’entrée principale du camp pour nous informer qu’alors qu’ils étaient dans la cour, la police les a enfermé en vue de la manifestation (pour ne pas s’exciter en entendant les cris des manifestants). Aussi, des rumeurs circulent à propos d’une nouvelle grève de faim et de révolte. Les migrants ayant dépassé la période de 18 mois n’ont plus aucune patience. C’est le désespoir total. Au début, on les avait annoncé la détention pour 3 mois, puis pour 6 mois, ensuite les 6 mois deviennent 18 mois pour finir dans « la rétention indéfinie ». Le migrant fait face à ce jeu psychologique entre patience-espoir toujours dans une croyance au système juridique grec avant d’arriver au point de réaliser la vanité totale, l’annulation de ses espoirs, et d’entrer dans un univers où tout plonge dans l’absurdité : rien n’est donné ni précis, dans l’effort de comprendre un cadre légal absurde lui-même, le détenu tombe dans des interprétations incohérentes. D’ailleurs, le point de référence essentiel dans la vie d’un individu, la perception du temps se déforme : de trois mois comment arrive-t-on à l’indéfini ? Et surtout pour quelle raison ? Étant conscients qu’ils n’ont commis aucun crime pénal, ils cherchent une explication pour leur situation d’enfermement ; une situation illogique ne peut amener qu’à la folie. D’où, le phénomène massif chez les migrants enfermés après les premiers mois : les migraines et les maux de                                                              tête insupportables dont ils se plaignent tous.

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L’entrée de l’ (ex) camp militaire Kalogerogianni

 

Le centre de détention de Corinth, l’ancien camp militaire Kalogerogianni, est considéré comme soi disant le « palais » parmi les structures de détention, étant donné les meilleurs infrastructures (bâtiments en béton) contrairement à d’autres types comme les terrifiants containers d’Amygdaleza, sous le soleil brûlant. D’une façon générale, Corinth c’est l’endroit où il y a une forte concentration d’anciens détenus, depuis plus de 18 mois.

Photo prise par un ex-détenu Afghan de l’intérieur de la cellule du camp de Corinth

Le camp de détention, un grand business local

Enfin, il est plus qu’évident qu’étant donné le grand business dissimulé derrière ce système d’enfermement (5,4 millions d’euros investis dans l’expansion du Centre de Corinth pour ne pas mentionner les petites entreprises participant à ce business, comme c’est le cas de la société catering installée juste en face du centre ou le personnel impliqué), est là pour y rester. Une chose est claire : le gouvernement ne lâchera pas ses immenses profits produits par la détention de migrants.

Rassemblement devant l'entrée

Rassemblement devant l’entrée

Solidarité aux migrants grevistes de faim

 

 

 

 

 

 

 

 

 

1 C’est selon ce critère d’ailleurs, qu’ils sont placés dans les ailes et les cellules.