Polarisation de vote, polarisation de classe

 

Les élections européennes 2014 se sont déroulées dans un climat de terrorisme, bien mis en place par le gouvernement d’Antonis Samaras. Nea Dimokratia (droite conservatrice) impose le dilemme « stabilité ou chaos » a réussi de réunir sous ce même slogan tous les partis institutionnels, Pasok ( »socialistes ») et les petites branches de Pasok déguisées sous d’autres noms (Elia, Potami). La guerre contre Syriza, le parti de la gauche, a été une guerre parfaitement orchestrée par les médias également, qui ont fait de leur mieux pour renforcer ce sentiment d’insécurité et de panique chez le peuple grec à la recherche d’une figure paternelle.

La répartition de vote deux grands adversaires dans le pays en rose (Syriza) et bleu (N.D.) source : http://metapolls.net/2014/05/27/greece-european-parliament-election-2014-final-results-2/#.U6bmdPmSySo

La répartition de vote deux grands adversaires dans le pays en rose (Syriza) et bleu (N.D.)
source :  http://terrainsdeluttes.ouvaton.org/?p=3542

 

Les résultats étant les suivants : Syriza 26,60%, N.D. 22,70%, Aube Dorée 9,38%, Elia 8,08%, Potami 6,61%, KKE 6,07%, AN.EL 3,47%, LA.O.S. 2,70%, DHM.AR 1,21% prouvent que la nouvelle situation qui avait émergé sur la scène politique après les élections de 2012, est bien établie. On peut distinguer trois axes décisifs : 1. La victoire de la gauche (Syriza) est une victoire historique, non seulement dans le système politique grec mais aussi sur le niveau européen, 2. Une baisse très importante des partis historiques dans la scène politique du pays (N.D./Pasok). Notamment, concernant la droite, c’est la première fois depuis 1974 qu’elle marque les pourcentages les plus bas historiquement. 3. La consolidation de la force électorale de l’Aube Dorée (parti-néonazi).

Au niveau de la participation, une baisse importante au sein du corps électoral (environ 500.000 d’électeurs de moins par rapport aux élections de 2012), a renforcé sans doute les pourcentages des partis institutionnels. D’ailleurs, l’abstention de 28,5% se révèle comme une conséquence de la crise économique et sociale, renforçant la confiance au parlementarisme et aux élections.

Résultats finals  source : http://metapolls.net/2014/05/27/greece-european-parliament-election-2014-final-results-2/#.U6bmdPmSySo

Résultats finals
source : http://metapolls.net/2014/05/27/greece-european-parliament-election-2014-final-results-2/#.U6bmdPmSySo

L’émergence d’une polarisation très forte se reflète aussi sur les caractéristiques de la vote des élections européennes 2014. Selon Christoforos Vernardakis, professeur de Sciences Politiques1, Syriza réunit une partie importante d’électeurs des classes moyennes et des salariés/ouvriers alors que Nea Dimokratia est plutôt présente dans des fractions des classes «bourgeoises ». Pour ce qui est de l’Aube Dorée, en tant que « force anti-systémique », elle trouve du soutien parmi les classes populaires et petites moyennes, enragées et désespérées.

Le lendemain des élections, tous les partis se considèrent « gagnants ». Syriza fête son grand succès de 3% d’écart de N.D., N.D. le petit écart de Syriza alors que le groupuscule néo-nazi ressort conscient et plein de confiance de la montée de son corps électoral en troisième position.

Une présence historiquement permanente

Une conclusion centrale est qu’il existe une base électorale stable et historique d’extrême droite, proche à Nea Dimokratia, qui s’incorpore à chaque occasion socio/économico/politique dans des groupuscules néo-nazi. C’est plus qu’évident désormais que Nea Dimokratia entretient des relations proches avec l’extrême droite en Grèce, d’où elle renforce son corps électoral. D’ailleurs, pour savoir la véritable présence de la droite, il suffit de faire le total en rajoutant les pourcentages de tous les partis qui se positionnent dans la droite plus vaste (N.D., Grecs Indépendants, LAOS, Aube Dorée), ce qui revient à un pouvoir égal de

Deuxièmement, on ne peut plus fermer les yeux au fait d’avoir parmi les représentants du peuple grec un groupe fasciste. Oui, il faut l’admettre : il y a des néo-nazis en Grèce qui se multiplient selon les circonstances historiques. 

1 Pour une analyse détaillée sur les caractéristiques socio-économiques du corps électoral des élections 2014, voir http://rednotebook.gr/2014/05/evroekloges-vasikes-diairetikes-eklogikou-swmatos/

2 Le titre renvoie à l’hymne à la dictature du 4 août 1936, imposée par Ioannis Metaxas. Pour une traduction et une analyse des chants de l’EPON, voir Joëlle Dallegre, L’idéologie dans les chants de l’EPON, Cahiers Balkaniques, 2011(http://ceb.revues.org/749#quotation)