Une Assemblée contre les centres de détention qui a eu lieu au théâtre occupé Ebros, organisée par plusieurs collectifs (Foyer de Migrants, Groupe d’avocats pour les droits des réfugiés et de migrants, Initiative pour les droits des détenus). Environ 80 personnes ont y participé.

Les premières mobilisations plus visibles contre l’enfermement des migrants ont eu lieu après la révolte des détenus du centre à Amygdaleza en août 2013. C’est à cette occasion que l’Initiative Ouverte contre les Centres de Détention de Migrants a été créé.

théâtre occupé Ebros, lieu de rassemblements et d'activités culturelles

théâtre occupé Ebros, lieu de rassemblements et d’activités culturelles

En ce moment, on peut distinguer deux catégories de personnes dépourvues de liberté, ceux dont la carte de séjour s’est expirée et ceux qui sont entrés  »illégalement » en Grèce.

L’appel pour cette assemblée répond à la nécessité d’interpréter la façon avec laquelle l’Etat construit une stratégie holistique contre le phénomène migratoire.

Les conditions auxquelles les détenus sont confrontés seraient comparées à celles de camps de détention pour les prisonniers politiques d’antan en Grèce ou même aux prisons de type Guantanamo. Il s’agit d’une situation dans laquelle la personne est dépourvue de son identité juridique, une situation les obligeant de soumettre sa propre vie en négociation, comme le cas récent du push-back mortel à Farmakonissi a bien montré. A l’intérieur, c ‘est la non-gestion du corps qui règne comme pratique quotidienne, étant donné l’accès extrêmement limité avec l’extérieur, avec les informations relatives à sa situation et à ses droits, à la circulation, aux visites, même en rapport avec ses besoins fondamentaux (les détenus des commissariats sont obligés de supplier les policiers pour aller aux toilettes). La création de ces espaces d’anomie renvoie à une tactique souvent utilisée par les nazis lorsque la dimension juridique du détenu est éliminée par l’attribution d’un numéro avant son entrée dans le camp. Sur le niveau juridique, l’imposition de nouvelles Opinions Légales et de Décrets Présidentiels modifiant ainsi le droit existant jusqu’alors prouvent la marge juridique dans laquelle les centres de détention se situent, cette situation « hors-la-loi » qui caractérise les lieux d’enfermement.

Une deuxième dimension des centres de détention est celle de la zone mobile entre dedans et dehors, une stratégie capable d’intégrer potentiellement non seulement les migrants mais aussi d’autres catégories de la population. Tel est le cas de l’opération Thetis en mars 2013, une opération sous prétexte humanitaire contre les toxicomanes d’Athènes qui ont été enfermés dans le centre d’Amygdaleza. Cette tactique est capable de s’élargir constamment afin d’incorporer des nouvelles catégories sociales. C’est la raison pour laquelle, il faut voir l’application des lois anti-terroristes tout comme celles liées à la gestion de l’immigration comme une stratégie globale. Le but du système est de dissuader et de punir les personnes qui tenter d’immigrer.

Malgré tout, les migrants cherchent à être reconnus comme des citoyens en revendiquant des choses à travers leur action (grèves de faim, révoltes, etc)

De l’autre côté, pour la société grecque, ces migrants sont légalement arrêtés et détenus puisqu’ils sont « illegaux ». Mais il faut rappeler encore une fois que ces gens-là ne sont pas des criminels.

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                                Proposition : une Campagne ayant comme objectif la délégitimation de ces structures

  • assemblée de longue durée avec un potentiel de mobilisation

  • actions directes (interventions radio, bloquages, manifestations de soutien)

  • groupes de travail à travers d’optiques diverses (théorique, juridique, etc)

  • contact avec les détenus (communication sur leur organisation)

  • questions liées au financement des centres (sources, etc)

  • liens avec des collectifs européens

  • Mobilisation panhellénique

          Propositions :

  • Les collectifs doivent construire eux-mêmes les conditions de conflit de contre-réponse face à l’Etat

  • Revendiquer des conditions dignes (respect de leurs besoins fondamentaux les détenus)

  • Aide matérielle (comme un participant clairvoyant a noté : « C’est l’homme digne qui va se révolter et non pas l’humilié »)

  • Les réactions racistes de la part de certains habitants des régions où la construction de centres a été annoncée (sous le moto : « on ne les veut pas ici ! ») serait une terre fertile si on arrive à contourner ce sentiment dans une direction de solidarité