petit entretien avant départ…

Echanges et Partenariats : Quelle est ta mission ?

Je pars avec la Confédération Paysanne au sud du Portugal dans l’Alentejo, une grande région agricole/rurale, pour faire un état des lieux du développement de l’agriculture industrielle dans le cadre de la Politique Agricole Commune européenne PAC et des conditions de travail des travailleurs migrants saisonniers dans l’agriculture.

E&P: Pourquoi fais tu cette mission ?

Je viens de terminer un master Développement Agricole et Politiques Economiques. Je réfléchis depuis longtemps au système capitaliste, à toutes les relations de dominations économiques, sociales et politiques pour comprendre en profondeur tous les causes de l’inégalité et des maux de notre société et pour pouvoir les divulguer massivement afin que les gens prennent connaissance de ces réalités et du pouvoir de décision qu’ils ont.

L’agriculture m’a toujours paru être un exemple fondamental des problèmes liés à l’économie capitaliste globalisée. Je m’y suis intéressée parce que l’agriculture est un besoin vital qui nous concerne tous, c’est donc un besoin qu’il faut absolument sécuriser. Les problèmes de l’agriculture révèlent les inégalités et absurdités liée au système économique. Notamment, près des trois quarts des personnes qui souffrent de la faim et en meurent dans le monde sont eux-même des paysans producteurs de nourriture. C’est intolérable et complètement absurde. Autre absurdité: les migrants qui viennent travailler dans les champs de l’Europe « développée », souvent dans des conditions à mille lieues du droit du travail et des droits de l’Homme, sont souvent issus du monde rural dans leur pays. Monde rural ruiné par les produits agricoles importés d’Europe dont les prix défient toute concurrence du fait des subventions de la PAC. Ces questions m’ont amenée à me rapprocher de la Confédération Paysanne qui, avec la Via Campesina, veut défendre le monde paysan. La question ne concerne pas que les paysans, elle remet en cause tout un modèle de production alimentaire qui fait gonfler le chômage tout en proposant des emplois aliénants, détruit l’environnement, bref industrialise tout le vivant, hommes, animaux, végétaux, etc.

Cette mission m’a plu pour toutes ces raisons et également pour m’engager à l‘étranger dans un pays que je ne connais pas pour explorer le monde paysan et les formes de résistances qui existent.

E&P: Quelles sont tes envies pour cette mission ?

Je souhaite d’abord trouver des faits concrets pour pouvoir les divulguer massivement auprès des personnes qui militent pour la sauvegarde du monde paysan et pour une économie plus localisée et plus humaine. J’espère aussi rencontrer des gens et des formes de luttes différentes car au sein du syndicat de la Confédération Nationale de l’Agriculture (CNA) au Portugal, j’imagine qu’il y a d’autres formes d’organisations du monde paysan, d’autres histoires à raconter et à diffuser. C’est ce que j’espère relayer notamment à travers un documentaire vidéo pour les militants paysans et toute la société.