D’où tu viens et ce qui t’amène ici aujourd’hui ?

 

Je suis née en Yougoslavie, mais les dernières dix années j’ai été un peu nomade, j’ai vécu dans plains des endroits différents. Parce que j’ai beaucoup voyagé, je me suis rendu compte que moi j’avais le privilège, avec un passeport européen, de pouvoir circuler, me déplacer beaucoup en Europe, et même de m’installer. Alors que des gens qui ne sont pas nés dans l’Union Européenne n’ont pas les mêmes privilèges pour circuler et s’installer. Ces dernières années, j’ai été très touchée par la question du manque de liberté de circuler et de s’installer. Je me suis impliquée dans différentes luttes, au seins des groupes autonomes du réseau No Border pour défendre la liberté de circulation, et contre les contrôles migratoires et le régime des frontières. J’ai connu Migreurop il y a quelques années. En 2012, j’étais volontaire avec Migreurop en Serbie et je suis ravie de pouvoir faire maintenant une autre mission avec eux en Croatie.

 

Où tu vas ?

 

Cette fois-ci, je vais en Croatie avec Migreurop. La bas je serai accueillie par Centar za Mirovne Studije ; le Centre pour les Etudes de Paix. Ce sera une mission exploratoire parce que la Croatie vient d’entrer dans l’Union Européenne en juillet 2013 et qu’il est prévu qu’elle rejoigne bientôt l’espace Schengen. La Croatie fait aussi partie des chemins migratoires travers les Balkans. Avant que la Croatie ne rejoigne l’Union Européenne, elle a subi l’externalisation des politiques migratoires européennes. Ca va être très intéressant de voir quels sont les enjeux là-bas sur les thématiques sur lesquelles travaille Migreurope – donc la création et de l’augmentation du nombre de camps en UE et dans les périphéries de l’Europe, sur la thématique de l’enfermement, sur la question de l’externalisation des contrôles migratoires et sur FRONTEX.

 

Qu’espères-tu de cette mission ?

 

J’espère déjà avoir une meilleure compréhension de la situation croate et pouvoir apporter une analyse des raisons de cette situation. Analyser la situation des migrants, les entraves qui existent là-bas à la liberté de circulation et les conditions de vie de ceux qui sont construits comme « étrangers » en Croatie. J’espère aussi qu’après avoir fait un état des lieux, je pourrai identifier des partenaires locaux qui pourraient, même après ma mission, faire remonter des informations sur cette question-là à Migreurop et éventuellement, dans le futur, faciliter l’échange d’informations, qui souvent ne passent pas facilement entre les Balkans et le reste de l’Europe. J’espère aussi pouvoir m’impliquer dans la vie associative et militante sur la question des migrations dans les Balkans. C’est quelque chose sur quoi la société civile, jusqu’à présent, ne s’est pas encore beaucoup engagée. Et c’est un sujet très intéressant qui est construit de plus en plus comme un « problème » qu’il faut gérer et je pense que c’est important d’alimenter le débat et les analyses du sujet pour pouvoir déconstruire ce « problème ».