C’est à Sarajevo que commence l’histoire de Dea, et c’est avec le statut de réfugié politique de Bosnie qu’elle arrive très jeune à Paris. Elle est actuellement en 2ème année de Master de Philosophie Politique et Éthique à la Sorbonne. Elle part pour 5 mois à Sarajevo dans le cadre d’une mission de service civique avec l’Assemblée Européenne des Citoyens (AEC, branche française du réseau international Helsinki Citizens’ Assembly), où elle va participer à l’organisation du Sarajevo Peace Event 2014, tenant place de forum social sur la paix.

 

Dans ta vie, c’est théorie ou pratique ?

« L’un ne peut aller sans l’autre … D’abord, mon attrait pour la théorie m’a sans doute amené à faire de la philosophie politique et éthique. C’est vrai que j’ai un appétit certain pour l’analyse, la discussion et l’argumentation d’une vision idéale des choses, et des fondements politiques surtout. Mais toujours dans la perspective de questionner la réalité de la société et de la faire converger vers des idéaux.

Face à cela, plus j’avais de connaissances sur l’art politique plus je me rendais compte de son manque d’humanisme. J’ai donc ainsi vue grandir en moi la nécessité, le besoin de concret … Et petit à petit, ce besoin a pris le dessus sur les études. C’est d’ailleurs pour cette raison que je me suis intéressée au monde associatif militant qui constitue selon moi un adjuvant du système politique, c’est à dire un moyen de faire de certaines de ces théories une réalité sociale. Parce que ce que propose les modèles associatifs finalement, c’est bien une aide concrète aux citoyens du monde, par le biais d’un véritable contact humain ».

 

Dans ta vie, c’est Sarajevo ou Paris ?

« Les deux bien sûr ! Je suis à Paris physiquement, mais émotionnellement je suis toujours à Sarajevo ! Paris … c’était éviter la guerre, avoir accès à une éducation intellectuelle et culturelle qu’on ne trouve nulle part ailleurs, faire des rencontres fantastiques, … avoir le choix. Mais Sarajevo c’est une âme, une richesse sans commune mesure, un point d’attache humain et amical, et beaucoup de choses à construire … Quand je repense à mon parcours de vie, partagé entre la France et la Bosnie, c’est presque comme si ces deux villes concentraient ma vie : elles m’ont réciproquement construite sur les plans émotionnel et intellectuel. Par conséquent, je me sens un peu redevable des deux ».

 

Sarajevo, quand tu nous tiens ! (ou pourquoi cette mission avec l’AEC-HCA ?)

« C’est justement ce lien particulier à ces deux villes qui fait mon intérêt pour ce service civique. Je vais participer à l’organisation du « Peace Event » à Sarajevo, sorte de forum social pour la paix, mêlant intellectuels, militants et société civile de Bosnie. Cet événement à une signification particulière, d’abord parce que 2014 est l’année du centenaire de l’incident déclencheur de la première guerre mondiale, et ensuite, de par l’histoire plus récente de Sarajevo. Mais pour moi, sa dimension singulière réside dans ce qu’il représente, à savoir une occasion unique de partager avec les bosniens et de mettre en pratique ce que j’ai pu apprendre ici à Paris. Je vais en effet pouvoir agir concrètement avec et pour les locaux, en les faisant directement participer à cet échange à dimension internationale … il reste beaucoup à faire là-bas, notamment en termes de citoyenneté. Je vais également pouvoir apporter à Paris et l’AEC en leur faisant bénéficier de mon réseau sur place. Cette mission représente donc aussi une sorte de concrétisation, presque un aboutissement. En même temps, c’est une continuité, car je pense que je dois aussi me réaliser dans cette ville qui a beaucoup à donner … » … Sarajevo, quand tu nous tiens …