Les droits de la femme au Liban. Un sujet qui semble très lourd face à ce qui se passe au Liban et au Moyen-Orient sur le plan politique et sécuritaire. Mais les militants des droits de l’homme et surtout des droits de la femme ne cessent d’étudier la situation de la femme pour changer les lois au Liban.
La Maison de l’avocat à Beyrouth a accueilli les 24 et 25 janvier derniers des avocats, des juristes et des militants féministes afin de former 24 avocats pour mieux plaider cette cause et défendre les droits des femmes libanaises en appliquant la convention CEDAW (Convention sur l’élimination de toutes les formes de discriminations à l’égard des femmes). Ce séminaire, organisé par l’association Avenir Liban en collaboration avec IWRAW Asia Pacific et le Barreau de Beyrouth, et s’intitule, « Lebanon National Workshop For Lawyers on Litigating Women’s Human Rights Using CEDAW ».
Le Liban a signé la Convention CEDAW en 1996 : celle-ci prévoyait d’imposer des principes juridiques pour développer la situation juridique des femmes et la rendre conforme aux conventions internationales et à la Constitution libanaise. Au lieu de cela, le Liban a émis des réserves qui influent directement sur l’égalité des citoyens en se basant sur l’identité masculine ou féminine.

Ces réserves portent principalement sur la possibilité de choisir de donner à un enfant le nom de famille appartenant à sa mère, ainsi que la possibilité pour une femme libanaise, mariée à un étranger, de transmettre à ses enfants sa nationalité libanaise.

Par ces réserves les femmes libanaises sont privées de pouvoir exercer pleinement de leurs droits de citoyennes.

De même, cette situation discriminatoire engendre – surtout sur le plan pratique – maints problèmes quotidiens, comme par exemple, des problèmes de succession, d’accès au système de santé publique, des difficultés pour trouver un emploi, etc. Par conséquent, il en résulte une impossibilité d’intégration complète et totale dans la société libanaise. Tout ceci pose une vraie question sur l’identité (au sens social et psychique) car ni l’époux qui n’est pas libanais, ni les enfants d’une libanaise, ne peuvent devenir libanais juste au sens juridique.

Au vu de cette négation pour les femmes libanaises du droit à transmettre leur nationalité à leurs enfants ou à leur mari, la fondation Thomson Reuters a classé le Liban en novembre 2013 à la 16ème place sur 22 pays arabes dans le domaine du respect des droits de la femme.

Ce mauvais classement du pays du Cèdre n’est pas seulement dû à l’incapacité pour une femme libanaise de transmettre sa nationalité, mais aussi au manque de législation qui protège les femmes, comme « l’absence de loi sur le harcèlement sexuel au lieu de travail, le viol conjugal, ainsi qu’au niveau politique (ce n’est qu’en 2004 qu’une femme a été nommée pour la première fois ministre) ». « En outre, les femmes qui ont recours à l’avortement risquent jusqu’à sept ans de prison, l’avortement n’étant toléré que si la vie de la mère est en danger. Sur le plan économique, 54 % des Libanaises ayant une entreprise la dirigent effectivement, contre 90 % des hommes ».

Mais quels sont les arguments utilisés par les politiciens libanais pour justifier ces réserves ?

Malheureusement, les réponses se trouvent toujours dans les systèmes politiques et confessionnels au Liban. C’est la peur de perturber l’équilibre démographique confessionnel du pays et le refus de naturaliser les palestiniens qui constituent une majorité musulmane.

Ces arguments confessionnels montrent l’absence de volonté politique pour améliorer la situation au Liban afin de pouvoir rester un pays rayonnant dans le monde.

Ceci dit, les vrais citoyens (femmes et hommes) peuvent poser la question suivante : « l’impossibilité pour la femme libanaise de transmettre sa nationalité pour des causes confessionnelles et démographiques a-t-elle empêché la guerre civile qui a détruit ce pays entre 1975 et 1990 ? »

En fait, et ce qui est sûr, c’est que les politiciens libanais ont oublié que, dans un Etat moderne et laïc, rien ne peut en réalité justifier l’interdiction faite à une femme de transmettre sa nationalité à ses enfants pour des raisons confessionnelles.

Nadine Arafat

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