Algérie: pour qui la liberté d’abord !
L’Algérie connait une constante ébullition sociale et ce depuis toujours. Une ébullition qui s’est caractérisée par l’isolation des contestations, la fragmentation de la société et la dégradation des statuts sociaux. Ce climat de bouillonnement et de mécontentement, de pauvreté intellectuelle et culturelle conditionne la régression et le pourrissement de la vie sociale (insécurité, marginalisation, archaïsme, passivité…). Nous vivons dans une société putative dans laquelle il n’existe pas de repères communs pour les différentes luttes sociales.
Les femmes qui représentent 65% de la population active, sont les premières victimes, elles sont à la merci de l’immobilisme économique et l’archaïsme ambiant en plus d’avoir toujours subit l’injustice des lois contredisant le caractère d’égalité citoyenne dont la constitution devait être la garante…
Dans mon pays, la liberté de la femme est conditionnée par la liberté de l’homme. Imaginez la lutte et le combat des femmes pour leur liberté et leurs droits dans un pays où même les droits de l’homme n’existent pas… Imaginez la femme algérienne qui se bat au quotidien et affronte tout un pays pour aller étudier, aller travailler, des regards agressifs, des insultes, des agressions, mieux encore, imaginez la femme algérienne qui n’a pas le droit d’avoir en sa possession sa carte d’identité car son père la lui confectionne, il pense qu’elle n’a pas besoin d’identité, c’est sa fille à lui, il pourra ainsi la forcer à épouser l’homme qu’il lui choisira sans même la faire participer à son propre mariage à la Mairie. Les papiers, elle les signe à la maison… Oui ça existe !
Certaines filles algériennes ne se reconnaîtront pas dans ce dernier exemple mais il est nécessaire de rappeler que beaucoup de filles vivent ce genre de situation et même pire car l’Algérie ce n’est pas Alger, Annaba ou Oran, l’Algérie ce sont les régions rurales et éloignées, les villes et villages de l’intérieur, où des femmes ne respirent même pas l’air frais et ne savent pas quel temps il fait dehors, où des femmes sont insultées, violentées et battues parce qu’elles ont osé ouvrir la fenêtre de leur chambre, l’Algérie ce sont ces régions où les filles n’ont plus le droit d’aller à l’école lorsqu’elles atteignent l’âge de la puberté, où les filles sont forcées de se marier car elles commencent à être un poids, où les filles n’ont pas le droit de regarder la télévision lorsque leur père ou frères aînés sont à la maison, où les filles sont les esclave de l’ignorance de leurs parents…
Contrairement à ce que l’on pourrait croire, les mentalités n’évoluent pas, l’Algérie est un pays jeune, il n’a que 50 ans certes mais cela ne justifie pas la régression de la situation de le femme. Et le code de la famille est le premier obstacle à l’émancipation de la femme. La condition de le femme en Algérie est une fatalité pour la majorité du peuple. De l’inconscience ou de l’indifférence ? Les deux je dirai. Lorsqu’une femme ne se sent pas libre de son corps, de ses paroles, de ses pensées qui est à blâmer ? L’État, la société, l’homme ou la femme elle-même ? Quel combat devons-nous mener aujourd’hui en Algérie ? Celui de la démocratie et de la liberté individuelle et citoyenne ou celui de la dignité et des droits des femmes ?
Les femmes ont toujours été la locomotive des luttes patriotiques et sociales en Algérie pour porter les valeurs de justice et d’égalité et prôner une vision progressiste et émancipatrice mais elles se sont perdues en chemin…
Taghzout Ghezali