Les beaux jours reviennent et, en sortant du travail, j’ai envie de lever la tête.

Dans le bus 139 qui me mène jusqu’aux Quais de Seine, je regarde par la fenêtre, la musique résonnant dans mes oreilles.

Un virage à gauche, et c’est la Rue des Fillettes qu’on commence par remonter. La Rue des Fillettes et ses mécanos de rue, sa casse qui empiète sur le trottoir, ses voitures et camions arrêtés de toute part en attendant que quelqu’un vienne s’occuper d’eux, ses tags « les médias font le jeu des sionistes » ou encore « Saint-Denis je t’aime« . Mais aussi, au printemps, c’est les arbres en fleur qui redonnent le sourire à tous ceux décidés à en profiter.

Toute cette agitation côtoie le chantier du futur Campus Condorcet (futur campus géant en sciences humaines et sociales avec comme fondateurs l’EHESS, EPHE mais aussi Paris 13 et Paris 8 pour ne citer qu’eux). Je m’interroge sur le devenir de ces « réparations sauvages », de ces mécanos qui traficotent dans les véhicules à la merci de la pluie et du beau temps.

On continue notre chemin, et en s’approchant de la gare du RER B La Plaine Saint-Denis, on croise une église ultra-moderne, cercle d’acier surmonté d’une croix discrète. Ca fait des semaines que je passe devant et jamais je n’avais fait attention au fait que ce soit une église. Dans la même rue, on passe d’un chantier à l’autre, en face de nouveaux logements comme on en construit aujourd’hui, dans un style qui mêle le métal au bois, avec de jolies persiennes coulissantes.

Je finis par dépasser la gare et longe des jardins partagés en fleur où s’activent quelques personnes, profitant de cette chaude journée ensoleillée. Ces jardins semblent être une pause, un moment de répit au milieu d’une urbanité à la croissance démesurée. Ces personnes jardinant calmement au milieu d’une foule de gens pressés se jouent du temps qui passe.

Encore un virage à gauche, et on accélère sur l’Avenue François Mitterrand, reliant les deux gares de RER. Flanquée de ses bâtiments ultra-modernes, de ses bureaux flambants neufs où tous ont élu domicile, elle file droit. Ici, on a vraiment l’impression que c’est un quartier entier qui est sorti de terre d’un seul coup.

On continue notre chemin, et on revient dans un autre Saint-Denis. Plus ancien. On croise à un angle de rue un restaurant portugais ou « Stéphane et Jessica vous proposent une cuisine familiale dans un cadre chaleureux ! ».

On passe par Carrefour Pleyel et sa tour, en travaux, dont je ne vois qu’un petit bout faute de toit ouvrant/panoramique dans le bus RATP.

On atteint finalement ces Quais de Seine, qu’on longe au pas, bouchons obligent. Ici aussi, la nature s’éveille doucement à l’appel du printemps. Le soleil se reflète sur l’eau qui ondule calmement, l’herbe verte et haute se plie sous la brise. J’arrive aux portes du nouveau quartier des Docks de Saint-Ouen. C’est ici que le bus me laisse et que cette balade s’achève.