Sans vraiment y croire j’ai voté aux présidentielles de 2012. J’avais bien appris mes leçons d’education civique ( mais si rappelle toi ces cours où on glorifie les valeurs égalitaires de la France , niant par la même occasion les discrimination que tu expérimentais déjà au quotidien ) et je me disais que je le faisais aussi un peu pour mes parents qui n’ont pas le droit de vote dans le pays qu’ils habitent depuis plus de 40 piges.
Ils sont fiers de voir leurs enfants aller voter, c’est un peu un truc qu’on leur a jamais accordé et qu’ils vivent par procuration.

Donc en 2012 j’ai voté blanc. Si le premier vote de ta vie à une présidentielle est un vote blanc, c’est mauvais signe. En general c’est un des symptômes aigüe du scepticisme en politique. Panique pas, en vrai on est beaucoup dans ce cas. Voter blanc c’était une manière pour moi de dire nik tout en restant polie. Je sais que je le faisais pour ne pas être mise dans la case des jeunes de banlieue qui n’ont aucune culture politique et qui de toute manière ne s’intéressent pas à la france.
Je savais très bien que j’allais me faire Niker quelque soit le résultat et j’avais parfaitement conscience que je cherchais à me donner bonne conscience, parce que, quand même j’avais trainé mon corps jusque l’école Georges Braques un grand dimanche après midi pour participer au grand processus démocratique . Bref j’ai joué le jeu.

Deuxieme tour BAM Sarko VS Hollande !
Gros coup de stress à l’idée de manger du Sarko pendant encore 5 ans, à défaut de mieux, je decide de voter pour Hollande. Dans le fond je me disais qu’après tout j’avais jamais vu la gauche au pouvoir donc bon, et puis, les alternatives existaient pas trop.
Bref deux semaines après je retourne à Georges Braques pour voter Hollande.
Le soir même je jubile en voyant la gueule de Sarko lors de son discours de fin de campagne ! Je me délecte de ses mots en sachant qu’au fond de lui il à juste l’seum, derrière chaque mot qu’il prononce il a un profond seum, mais pas un seum standard, un big size tu vois, le genre de seum qui te donne envie au choix de tout casser ou de t’enfermer pour ne plus voir personne pendant une semaine.
Tu vois, à priori, ça commençait bien.

 

Après, je te l’accorde, c’est très vite partie en couilles.

 

C’est pour ça que cette fois j’y crois encore moins. Ça fait une semaine que je suis rentrée de Palestine et ici tout le monde me parle des élections. Je débarque sur une autre planète, j’ai pas suivi grand chose de la campagne et honnêtement ça m’intéresse pas, je suis fatiguée de voir des gens faire les cons à la télé pour satisfaire leurs ambitions personnelles. Mais quand même tu sens que les gens attendent que tu prennes position, en famille, avec les potes, au travail, toutes mes spheres de sociabilisation sont contaminées par le sujet. D’autant plus que tu fais face à des discours particulièrement violents quand tu dis ouvertement que t’as l’intention de ne pas aller voter, ça va de la culpabilisation pour les plus soft au discours bourgeois paternaliste et néocolonial pour les plus chauds.

Dans tout les cas, je sais que ma petite gueule de rabzouz est loin des préoccupations de ces mafioso en costard trois pièces (comme dirait le daron).
Je sais que certains de mes potes se feront toujours écrasés par le système, que mon frère se fera encore coursé par la police, et mes cousines se feront toujours regarder de travers et juger par des putains de sexistes qui pensent qu’elles sont soumises.

Je sais depuis longtemps que je ne crois pas à la politique. Aujourd’hui je sais que je ne voterai pas.