A quel moment ne plus voter est devenu un mode de contestation ? A quel moment voter s’est vu réservé aux naïfs et aux idéalistes ? A quel moment certaines personnes se sont désolidarisées de cet outil si symbolique qui est le vote ?

 

Je vote, j’ai toujours voté car on m’a dit que c’était une chance, car c’est le seul outil qui peut porter ma voix, car c’est pour l’instant le seul outil que j’ai trouvé qui me donne l’impression d’avoir un poids dans le devenir de mon pays et de mes camarades. Je suis rarement satisfaite du résultat pour ne pas dire constamment déçue. Alors pourquoi j’y crois encore ? N’ai-je pas toujours voté par dépit ?

Le  « seul outil » j’ai dit ? N’est-ce pas symptomatique d’un système qui ne te donne le « choix » qu’une fois ? N’est-ce pas la preuve que sitôt le président élu, je, citoyenne, n’ai plus ma place ? Que sitôt le président installé dans sa tour, le mécanisme est enclenché et tout peut arriver sans que je n’ai d’emprise sur rien : « Tu as voté pour lui, tu l’as cherché » ou « tu n’as même pas voté, pourquoi tu parles » est presque ce qu’on essayerait de nous faire dire pour nous faire taire durant les 5 prochaines années. Tous les 5 ans, notre sort dépend alors d’une ou plusieurs figures qui jugeront à notre place de nos besoins et la priorité avec laquelle ils les traiteront.

Je crois trop fort au pouvoir de tout un chacun pour faire bouger les choses. Et si ce n’était pas là que tout un chacun avait un réel pouvoir sur son avenir ?

Je n’aime pas les généralités et je n’aime pas non plus penser que tous les politiciens sont constitués du même matériau froid et sans âme qui les pousserait à finir « tous pourris ». Je n’aime pas ces raccourcis et ils ne me suffisent pas. Parler de modèle déficient qui ne fonctionne plus me semble plus fondé et constructif.

 

De plus en plus de gens se dissocie complètement de ce système et ne voit plus l’intérêt de voter par dépit, pour le « moins pire ». Le vote représente alors un consentement à un système qui leur semble dépassé. Un système qui, démocratique dans un premier temps, finira par mettre à la tête du pays une figure totalitaire et déconnectée des volontés et des besoins citoyens. Ne pas voter devient alors un boycott de la fonction présidentielle.

 

Le boycott des ingouvernables 

Cette génération témoigne sa déception et son dégout des partis politique aux yeux de tous à coup d’« actes de sabotage » et d’appel au boycott. On distingue sa trace sur certains mur et vitre amochée de QG politique. Ils se positionnent collectivement contre les présidentielles et s’organisent. Les partisans de ce boycott dénoncent une souveraineté populaire aliénée et la domination du pouvoir du capital sur les aspirations des électeurs.

Il faut aussi que ce boycott ne se limite pas à l’abstention ou au vote blanc, mais débouche sur une intervention démocratique positive et que les partisans du boycott se regroupent, forment des comités et débattent, non pas du choix d’un individu, qui irait exercer le pouvoir à notre place, mais des transformations de l’organisation politique et sociale, qui redonneraient à chacun d’entre nous les moyens d’une existence décente et une prise sur notre destin collectif.

La figure présidentielle qui nait de la démocratie représentative est remise en cause. La démocratie représentative tient, parlons-en. Si je n’ai jamais eu l’impression qu’un candidat ait pu porté mes idées, que je ne me sens pas représentée, ça veut dire qu’il n’est de fait pas représentatif, ce système est dysfonctionnel, mort, inadapté ?

 

Le deuil de la démocratie représentative

Comme l’imagine Grisebouille, le deuil passe par plusieurs étapes : Déni, Colère, Marchandage, Dépression, Acceptation. Les gens qui votent pour le moins pire ou vote « utile » mais pas tellement pour des idées qui leur correspondent sont entre la colère et le marchandage. La colère car il y en a marre de ces quinquennats tous pourris et marchandage car au fond on a encore espoir. Comme il le dit justement :

Allez, si je vote pour le moins pire, système, tu continues à vivoter ?  Allez, peut-être que si on vote PS cette fois, il fera une vraie politique de gauche ? Allez système, tu veux pas continuer à faire semblant de marcher un peu si je fais des concessions de mon côté ? Si je mets mes convictions de côté, tu veux bien ne pas être totalement lamentable ? 

En attendant certain ont achevé leur deuil. Après l’acceptation : l’espoir, les solutions, l’action.

 

Et après le deuil comment on reprend le contrôle ?

On commence en Libérant son imagination (-> Cet article tu prendras le temps de lire car plein d’espoir et chamboulant il est).

 

Les endeuillés de la démocratie se rassemblent et créent. Les mots d’ordre sont autogestion, solidarité, commun, libre, résister, populaire. Des lieux naissent, des médias s’expriment, des communautés se créées dans le dos des débâcles politiques de plus en plus isolées, déconnectées et absurdes.

 

Et toi, te sens-tu représenté ? Penses-tu qu’une poignée de bonhomme est capable de faire muter ta société comme tu l’imagines ? Dans quel espace es-tu écouté ?