Ende Gelände: de quoi s’agit-il?

En août passé, près de 1500 activistes se sont retrouvés en Rhénanie (Allemagne) pour prendre part à une action de désobéissance civile. L’objectif de cette action de masse était de bloquer une mine à ciel ouvert de charbon lignite Garzweiler, à l’ouest de l’Allemagne. Ce type de charbon, très exploité dans cette région, est l’un des plus polluants et les mines de lignite de Rhénanie constituent la principale source d’émission de CO2 en Europe.

L’Allemagne est présentée comme un modèle. Il est vrai qu’il s’agit d’un des pays européens les plus avancés en matière d’énergies renouvelables, favorisé par la décision du gouvernement allemand en 2011 d’accélérer la sortie du nucléaire. Cependant, les énergies fossiles sont toujours largement exploitées et fournissent presque la moitié de l’électricité, et l’Allemagne reste un leader mondial dans la production de charbon lignite.

Cette action s’est déroulée quelques mois avant la COP21. Alors que deux tiers des réserves d’énergies fossiles doivent rester inexploitées afin de limiter le réchauffement climatique à 2 degrés, l’exploitation de ces dernières va de bon train et les soutiens financiers sont nombreux. Se retrouver dans ce lieu symbolique de l’extraction des énergies fossiles afin de bloquer une mine de lignite était une forme de résistance et une manière de dénoncer, une fois de plus, l’hypocrisie de nos gouvernements.

J’ai eu l’occasion de discuter avec des participants, et de lire des récits à travers des blogs ou des journaux. Une chose est sûre: cette action aura marqué les esprits des participants. Ils évoquent une expérience vraiment incroyable, et une solidarité avec des personnes que l’on vient tout juste de rencontrer avec qui on a des objectifs communs, dont celui de dire non à l’extraction des énergies fossiles.

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Quelques mois après la COP 21, un accord présenté comme un succès avec des objectifs ambitieux mais aucuns moyens concrets de réalisation, Ende Gelände remet le couvert pour une nouvelle action en mai 2016! De nouveau, l’action prendra place dans une mine de lignite, mais cette fois-ci en Lusace, une autre région allemande où ce type d’extraction est très important. Vattenfal, l’entreprise énergétique allemande, planifie de revendre au plus offrant ses mines de charbon et ses centrales, alors que la seule solution viable serait de les fermer. Que ce soit Vattenfal ou d’autres groupes, les énergies fossiles doivent rester sous terre! Cette action prend place au coeur d’une vague de résistance contre l’extractivisme: Breakfree from Fossil Fuels pendant laquelle de nombreuses actions de désobéissance civile sont prévues du 7 au 15 mai tout autour du monde.

Concrètement

Un camp climat est organisé à Proschim (Lusace) du 9 au 16 mai
Pour participer à l’action, il faut être là du 13 au 16 mai
Des départs sont organisés depuis plusieurs pays, dont la Belgique et la France!

Pourquoi la désobéissance civile 

La désobéissance civile est un concept qui est souvent discuté. Cette action est une action de désobéissance civile de masse annoncée. Toutes les personnes investies dans l’organisation sont tombées d’accord sur un consensus d’action, ce qui permet à tous les participants qui viendront d’être confortables et d’agir au sein d’un cadre. Il contient les points suivants:

« We shall be calm and peaceful at all times during the action. We will neither escalate the situation nor put any person in danger. We will block and occupy the infrastructure with the help of our bodies, but not damage or destroy it. We will seep through police lines and not let us be provoked by any police(wo)man or security worker.
Diversity, creativity and openness are part and parcel of our action. Our action is not aimed at Vattenfall’s workforce or the police.
That all people involved should be safe and secure at all times is our highest priority. We will meticulously prepare the action, including the way towards and into the pit ».

Les actions de désobéissance civile sont nombreuses: du blocage de l’OMC à Seattle aux Climate Games à Paris pendant la COP 21, les formes de celle-ci ne cessent d’évoluer et proposent différents degrés d’implication.

Aujourd’hui, nous savons qu’un système promouvant une croissance infinie n’est pas viable pour notre planète et l’extractivisme en est l’une des pratiques. Les politiques se plient depuis trop longtemps aux désirs des grandes industries de l’énergie et mettent en avant de fausses solutions, ce qu’ils ont encore prouvé lors des négociations de la COP 21. Le temps presse et une réelle transition énergétique est urgente! Cette action est désobéissante mais aussi légitime, afin de ne pas courir à la catastrophe climatique et de répéter, une fois de plus, que les énergies fossiles doivent rester dans le sol.

Globalisation des luttes et convergences 

Pourquoi aller en Allemagne? C’est vrai, des actions, nous pouvons en faire depuis l’endroit ou nous vivons. Mais aller soutenir les militants allemands, c’est aussi rappeler que la crise climatique à laquelle nous faisons face aujourd’hui est globale, et qu’il est aujourd’hui nécessaire de se mobiliser en soutien des luttes locales, en unissant nos efforts pour ce moment particulier, et permettant la diversité à travers la convergence de plusieurs mouvements, oeuvrant dans le cadre du désinvestissement des énergies fossiles, participant au mouvement international pour la Justice Climatique.

Alors, depuis plusieurs pays européens, des groupes se sont formés pour participer à la préparation et pour organiser des départs. Une délégation belge était présente pour une réunion de préparation  à Berlin qui a rassemblé plus de 200 personnes! Le groupe belge de mobilisation pour Ende Gelände s’est formé au sein du nouveau groupe 350 Belgique lancé en novembre 2015, qui lutte pour la Justice Climatique et se concentre énormément sur les campagnes de désinvestissement. Il a depuis été rejoint par d’autres personnes à titre individuel. 

Le groupe de mobilisation organise le voyage en bus pour l’Allemagne (départ prévu le 12/05 et retour le 16/05) et plusieurs formations dans les villes de Bruxelles, Gand, Anvers et Liège. C’est aussi l’occasion, à travers ces formations, de mobiliser un public qui n’a jamais participé, ou peu, à des actions de désobéissance civile, de se construire sur une expérience en commun, et de revenir en Belgique avec encore plus d’énergie et de volonté de manifester notre désaccord!

Pour plus d’informations sur les mobilisations Ende Gelände en Belgique, n’hésitez pas à contacter eg.be@riseup.net