Chaque onzième jour du mois les femmes de l’association « Žene Srebrenice », les Femmes de Srebrenica, se retrouvent à 12h précise près des grands lacs salés de Tuzla pour une marche silencieuse qui s’achèvera environ une heure plus tard sur la grande place de la ville.

Ce mercredi 11 avril 2012 elles sont environ 200 réunies pour cette marche silencieuse. A la tête du cortège deux femmes portent une banderole sur laquelle on peut lire « Trazimo nase nestale » (Nous recherchons nos disparus). A leur suite plusieurs femmes tiennent des banderoles sur lesquelles sont imprimées les photos des hommes tués lors des massacres perpétrés à Srebrenica en juillet 1995. Les femmes défilent en file indienne et en silence. Elles portent les « jastucici » bouts de tissu sur lesquels sont brodés à la main les noms, prénoms, années de naissance et villes d’origine des hommes qu’elles ont perdu lors du génocide de Srebrenica [1].

Le 11 juillet 1995, l’enclave musulmane de Srebrenica déclarée zone de sécurité et placée sous la protection de l’ONU en 1993 tombe sous les forces armées bosno-serbes menées par Ratko Mladic. [2] S’en sont suivis les massacres que l’on connait. On estime qu’environ 8 000 hommes et adolescents ont perdu la vie à Srebrenica entre le 11 et le 15 juillet 1995.

Toutes ont perdu un de leurs proches lors de ces massacres. Aujourd’hui constituées en association elles défilent pour que jamais personne n’oublie ce qu’il s’est passé à Srebrenica et pour faire entendre leurs voix. Elles demandent l’accélération des exhumations, de la recherche et de l’identification des hommes qui a ce jour encore restent disparus. Elles réclament que justice soit faite et que les responsables de ce massacre soient jugés. Une délégation des femmes de Srebrenica sera d’ailleurs à La Haye au Tribunal Pénal International pour l’ex-Yougoslavie (TPIY) en mai pour l’ouverture du procès de Ratko Mladic.

Les médias étaient présents ce 11 avril dernier, une façon pour les femmes de se faire entendre via la présidente de l’association « Žene Srebrenice » pour demander aux pouvoirs en place d’accélérer les recherches afin qu’elles retrouvent leurs disparus et puissent les enterrer lors de l’enterrement collectif qui a lieu chaque année le 11 juillet à Potocari. Les autorités leur répondent alors que si les recherches mettent tant de temps c’est qu’ils n’ont pas les moyens d’accélérer les exhumations et les identifications. 17 ans après le massacre de Srebrenica on peut tout de même se demander s’il s’agit d’un véritable manque de moyen ou de mauvaise volonté politique…