Ca y’est le départ approche …

Aujourd’hui, 18 décembre 2015, dernier jour de travail à l’IFAD à Rabat. Dimanche, je prendrai l’avion pour rentrer en France.

Cette expérience ne m’a toujours plus, cela n’a pas toujours été facile mais au final c’est avec le cœur triste, la tête remplie de bons souvenirs, et l’envie de revenir que je vais partir.

Travailler dans un pays que l’on ne connait pas, dans un contexte politique, culturel, associatif, militant différent, avec des associations que l’on connaît peu, des personnes que l’on découvre, sur un projet qu’on apprend, ce n’est pas évident mais quand on commence à comprendre tout cela, à découvrir, à aimer et à détester certaines choses, tout devient plus clair et on trouve sa place.

On m’a posé la question cette semaine : « Si tu devais définir ton expérience au Maroc en un mot, ce serait lequel ? » Pas facile !!! Mais j’ai finalement répondu « Rencontres ». Quand on part vivre dans un nouveau lieu, forcément on rencontre plein de gens mais la particularité au Maroc c’est la diversité de ces rencontres, tant dans le cadre professionnel que personnel, j’ai rencontré plein de personnes, toutes très différentes et je leur dédis cet article.

En quelques mots, les mots les plus simples, un retour sur quelques souvenirs et rencontres.

Une amie : La première belle rencontre, c’est forcément Elle. Arrivées toutes les deux en même temps ce 6 février, on se connaissait à peine. Trois semaines plus tard, on emménageait ensemble dans la même maison, la même chambre, le même lit. Fous rires au Hammam, visite de la ville, dépression collective, premières sorties, une série, coups de gueules dans la rue, coups de cœur à la maison, confidences, apéros … Son honnêteté, sa franchise, son soutien, ses convictions, sa façon de se battre, son rire m’ont beaucoup appris. Je suis arrivée avec une fille volontaire EP, et je repars avec une amie : Elsa.

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Rabat

Une ville : Forcément Rabat. Dans l’Auberge Espagnole de Klapisch, Romain Duris, alias Xavier dit « Quand on arrive dans une ville, on voit des rues en perspective, des suites de bâtiments vides de sens. Tout est inconnu, vierge. Voilà, plus tard on aura habité cette ville, on aura marché dans ses rues, on aura été au bout des perspectives, on aura connu ses bâtiments, on y aura vécu des histoires avec des gens. Quand on aura vécu dans cette ville, cette rue on l’aura pris dix, vingt, mille fois. Au bout d’un moment, tout ça vous appartient parce qu’on y a vécu. »

Pas besoin forcément d’en dire plus.

Des collègues : Entre Paris et Rabat, c’est avec Laure, Horya, Alessandra, Mohamed, David, Jean-Pierre, Christiane, Dalal, Hassania, Karima, Aicha, Bachir, Mohamed, Abderrahmane que j’ai surtout travaillé. Avec vous, j’ai beaucoup appris, sur le plan professionnel et le plan personnel. Vous m’avez beaucoup donné et surtout vous m’avez accordé votre confiance. Nous ne vivons pas dans le monde des bisounours, donc forcément tout n’est pas toujours facile, il y a des difficultés mais j’admire votre persévérance, votre optimisme et votre volonté de tout mettre en œuvre pour y arriver. Je vous remercie sincèrement, ce fut un plaisir de travailler avec vous.

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Tamanart

Des jeunes : L’activité sur laquelle j’ai préféré travailler, sans aucun doute c’est de travailler avec les jeunes ! Entre l’aventure Web Radio et l’Université d’Automne de la Jeunesse, travailler avec vous, cela m’a permis de découvrir différentes régions du Maroc, différentes formes d’engagement, différentes associations. Entre la France et le Maroc, vos envies d’échanger, de vous rencontrer, de témoigner, de vous engager et de changer les choses ensemble m’ont touché.

Un voyage : Figuig. J’en ai déjà parlé sur ce blog, mais cette ville à part m’a totalement séduite, je suis tombée sous le charme et j’ai hâte d’y retourner. Ces cinq jours à Figuig sont sans aucun doute dans la liste de mes meilleures journées passées au Maroc. Une grosse pensée pour mon ami devenu mon cousin : Kader.

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Figuig

Un coup de cœur : Mon coup de cœur c’est eux : Kesho Ni Sisi, une bande d’artistes, un groupe de musiciens congolais et français réunis au Maroc que j’ai eu la chance de rencontrer. Découvrez les ici, écoutez vous ne serez pas déçu-e-s !

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Un coup de gueule : J’ai réussi à passer outre, à y faire moins attention, à ne plus (ou moins) m’énerver mais tout de même, les comportements de certains hommes dans les rues marocaines resteront les gros points négatifs de mon expérience ici. C’est dommage, dans un pays où les relations sont beaucoup plus humaines, où j’ai pu rencontrer plein de gens vraiment sympas auxquels je me suis vraiment attachée, les mentalités sexistes de certains machos restent une triste réalité qui m’aura bien fait rager.

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Tanger

Une famille : Un congolais, un camerounais, un français et deux françaises réunis dans un Riad de la Médina de Rabat. Une bande de potes qui autour des apéros improvisés, de dîners aux saveurs mélangés, de fous rires, de discussions (plus ou moins sensées), de musique … s’est transformée en une famille.

Cet article est certainement bien trop résumé. Des rencontres il y en a eu plein d’autres, des associatifs/ves, les épicier-e-s de la ville, d’autres musicien-ne-s, des gens simplement croisés ou avec lesquels j’ai passé de bons moments. Des ami-e-s aussi il y en a plein d’autres dont je n’ai pas parlé, originaires du Maroc, de France, du Congo, du Cameroun ou d’ailleurs qui se sont souvent réuni-e-s pour passer des bonnes soirées desquelles je retiens d’excellents souvenirs. Des visites et des villes aussi il y en a eu d’autres, du nord au sud, de Tetouan à Tamanart, en passant par Chefchaouen ou Safi. Des coups de cœur et coups de gueule, il y en aurait encore bien plus à évoquer.

Mais là est l’essentiel.

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Chefchaouen

Une chose est sûre, quand je suis arrivée, le Maroc était déjà particulier avant même que je ne le découvre. Mes ami-e-s marocain-e-s rencontré-e-s en Europe m’avaient donné envie de découvrir ce pays. Par le partage de leur culture, par la musique, la nourriture, les discussions que nous avions eu ensemble sur ce pays, ils et elles me l’avaient déjà fait aimé ce Maroc. Quand je suis arrivée, les moments difficiles m’ont fait découvrir un Maroc qui n’avait rien à voir avec ce pays dont on m’avait parlé. La déception a été le premier sentiment que j’ai ressenti en arrivant.

Mais au final, après 10 mois passés ici, la déception est partie. Avec toutes ses ambiguïtés, ses ambivalences, certains pourront parler de schizophrénie, avec les côtés que j’aime et ceux que je n’aime pas, aujourd’hui une chose est sûre, le Maroc est bien un pays particulier pour moi, un pays qui me touche comme jamais un pays ne m’a touché.

Ah oui j’oubliais … Une saveur culinaire : Le couscous du vendredi !!! Quand tu vis au Maroc et que tu dois partir, tu ne comptes pas les jours avant le départ, tu comptes le nombre de couscous qu’il te reste … D’ailleurs, je vous laisse, c’est vendredi, et c’est l’heure du dernier couscous !

Chokrane et Besslama Maroc, on se revoit bientôt Inchallah !