Je fais bien de tenter ma chance en fait..

Ici il faut bien autorisation de la part de la Préfecture pour pouvoir à proprement parler assister au débarquement.. Cependant les arrivées n’ayant souvent pas lieu à l’heure exacte annoncée, il m’est étonnamment possible de faire un tour sur le port, le temps que tout ce petit monde se prépare..Quatre voitures de Police Nationale, 2 de Municipale, 2 deux de Gendarmerie, 2 de la Guardia di Finanza, Save The Children, l’OIM et la Croix Rouge. Quant à la Protection Civile, celle-ci est représentée par la Misericordie, fameuse société privée catholique qui gère certains centres d’accueil de migrants.

La juriste de Save The Children, m’explique un peu mieux le fonctionnement de son organisation : elle est chargée d’identifier les mineurs et de les informer de leurs droits en Italie, elle est normalement assistée d’un médiateur et d’une personne, la « média » responsable de la récolte de données destinées aux ministères et aux journalistes. Ces trois personnes, doivent couvrir l’ensemble des ports de la Sicile orientale, à savoir les ports de Catane, Messine, Pozzallo, et Augusta.

L’intense activité de ces derniers jours ne permet pas à l’équipe d’être au complet.. une seule représentante de Save The Children est à Messine aujourd’hui, il s’agit de la juriste. Faute de médiateur, ce sera l’employé du consortium de sociétés privées Senis Hospes Cascina Global Service, et Consorzio Sol.Co qui gère entre autres le Pala Nebolio, que les militants des droits de migrants nomment lieu de « triage ».

Il m’est possible d’échanger quelques mots avec ce médiateur.

Ce matin ce sont 269 qui ont été secourues par un pétrolier Russe. Ici le bateau s’est arrêté au large, il n’entrera pas dans le port : ce sont des navires patrouilleurs des gardes côtes qui sont chargés d’emmener les personnes jusqu’au port.. le débarquement ne sera pas terminé avant 13 heures.

Je ne verrai pas la première « mottovedette » arriver, je préfère retourner suivre les nouvelles des survivants de Reggio Calabria, entre autres, et m’atteler à la mise en quarantaine du virus qui a atteint mon ordinateur, (l’information est décidément bien difficile à obtenir !)

Deux allers-retours plus tard, je suis cette fois-ci accompagnée de Carmen Cordaro, avocate tutrice de mineurs étrangers isolés, ma référente Arci. Une aide précieuse, qui connait quasiment tout le monde ici et n’hésite donc pas à poser des questions à la protection civile aux journalistes.

Ces derniers sont agrippés aux grilles, étonnamment relégués à l’extérieur du Port, comme nous, en raison de plusieurs cas de gale relevés parmi les nouveaux arrivants.

Ces  derniers sont assis sur le muret, au bord de l’eau, leur sandwich à la main.. à quelques mètres un immense bateau de croisière, (« tiens, lui peut entrer sans difficultés dans le port?).

Quelques touristes se mêlent aux journalistes.

Quatre bus emmènent les nouveaux arrivant dans des centres d’accueil de Messine.

Carmen s’inquiète, des femmes et des enfants semblent être emmenés au Pala Nebolio, absolument pas adapté à leur « accueil ».

Nous n’en saurons pas plus avant le soir.

Ici pas d’identification faîte sur le port. J’apprendrai par la suite que celle-ci a lieu à l’intérieur des centres d’accueil, impossible pour la société civile de savoir comment: les personnes sont-elles toutes bien informées, connaissent-elles leurs droits fondamentaux notamment, celui de demander l’asile, de bénéficier d’une protection particulière en tant que mineur,.. A en voir les personnes rencontrées quelques jours plus tard aux abords de la gare et après d’autres débarquements,  ou dans le cadre de la formalisation de la demande d’asile, il est difficile d’y croire.

Quelques semaines plus tard, le 16 mai  j’assiste à un débarquement un peu différent à Messine.

Cette fois-ci c’est le bateau Phoenix affrété par le MOAS qui a porté secours aux migrants.

Un seul bus de ville, pour emmener les migrants, qui fera un aller-retour.

Certaines familles sont emmenées en fourgon, sans doute vers un autre centres.

L’UNHCR est présent. Et cette fois-ci une équipe de huit personnes de Save The Children.

Le lendemaiP1010011P1010008P1010012P1010016n, une bonne quarantaine de personnes se retrouvent devant la gare, espérant rejoindre le nord du pays. Des femmes, certaines enceintes, de très jeunes enfants. Les hommes me disent tous être adultes, j’en doute.