Comment réagir au lendemain d’une « tragédie » ?

Que faire de l’indignation ? Eh bien, utilisons l’imagination.


Le printemps arrive, déguisé en été, plein soleil et presque 30 degrés.

Comme d’habitude les réseaux sociaux sont submergés par des photos de plage, ça me rappelle que quand il fait beau, en Sicile, on va à la plage et on se baigne dans la Méditerranée.

Les représentants du Haut commissariat des Nations unies aux réfugiés ont confirmé hier que presque sept cents migrants auront perdu la vie dans le canal de Sicile, en essayant d’arriver sur les côtes italiennes. Le lendemain le compte est arrivé à huit cent, après, on ne sait pas encore. Selon l’Organisation Internationale des Migrations, depuis le début de l’année 2015, 1750 personnes qui cherchaient à atteindre l’Europe, sont mortes dans le Méditerranée.

Tout de suite les téléjournaux se sont remplis d’images, de chiffres, de vidéos, d’interviews et de commentaires sur cette actualité. Comment on parle de ce qui s’est passé ? Apparemment on doit, même si on a rien à dire.

L’indignation monte comme la chaleur avant la pluie et le droit qu’on a peur de partager devient privilège.

La liberté de plonger dans la mer ou celle d’y mourir.

Les droits des migrants ou les nôtres.

Temps de folie.

 

Alors, j’ai eu une idée.

J’ai imaginé construire un bateau, un gros bateau qui pourrait contenir l’espoir et les sacs des centaines de voyageurs et qui fasse le tour des côtes méditerranéennes.

En chargeant du couscous, de la moussaka, du riz, des pates, du thé, du raki, de l’ouzo, du pastis, du zammù, et puis des accents, des pantalons, des chapeaux, et des guitares, des sitars, des mandolines, des kaval, des pianos, des balalaïkas, des trompettes, des scacciapensieri.

Et qui garderait de l’espace pour des Izzo, des Sciascia, des Vázquez Montalbán, des Omero, des Cortázar. Et puis on pourrait monter un atelier de traduction du son, des lectures et des contes incompréhensibles qui deviendraient des histoires.

Un bateau qui marcherait sans pétrole et sans tuer le plancton, mais grâce à un système de pales éoliques alimentés par trois cent vélos placés sur le pont.

Et à la fin du tour, quand tous les ports, les plages et les calanques auraient été touchés par cette humanité, on aurait pu traverser Gibraltar et prendre la mer jusqu’au Brésil.

Et là-bas, se reposer pendant quelques temps. Après, continuer vers le Sud.

On pourrait l’appeler « le bateau de la Méditerranée » mais finalement, ce n’est pas trop

Il faut continuer à faire travailler l’imagination.

 

Mer-ConvertImage

 

Pour celles et ceux qui ne tolèrent pas les grandes traversées, mais qui restent intéressés pour trouver des alternatives, Emmaüs International et l’Organisation pour une Citoyenneté Universelle organisent le 22 et 23 Mai prochain à Paris, une rencontre internationale pour réfléchir et proposer des réponses concrètes à la question d’une gouvernance mondiale alternative des migrations.

Pour se mobiliser contre les naufrages en Méditerranée, rendez-vous le vendredi 22 Mai de 20h à 21h sur le Pont des Arts : Des ponts pas de murs !

 

Pour aller plus loin :

Borderline, les murs de l’Europe : reportage à épisodes de Stefano Liberti, qui raconte la transformation des portes de l’Europe en frontières de guerre.

L’Europe, Inch’Allah ! , reportage de Pierre Creisson et Mériem Lay sur le périple des réfugiés syriens pour atteindre l’Europe.

Le dernier numéro du le1 dédié à l’imaginaire et aux représentations construites autour des migrants.