Ya pas à dire, le FSM c’est vraiment un très bel événement.

Des dizaines de milliers de personnes réunies et sur-motivées pour s’interroger, s’informer et échanger autour des 1001 causes qui rongent notre humanité c’est forcement stimulant.

Alors bien sûr j’ai passé une semaine terrible, les oreilles bien ouvertes, les yeux écarquillés, prêt à profiter de chaque rencontre, de chaque information, de chaque témoignage.

Un très grand merci donc à tous ceux qui ont fait que cet événement unique dans sa forme et son contenu voit le jour.

Mais je dois dire que j’ai quand même quelques regrets ou plutôt frustrations quant à sa finalité.

L’objectif du forum ne me semble en effet pas assez clair. On dit que ce n’est pas un espace de décision. Alors pourquoi créer des « assemblées de convergence » dont le succès représente pour certains un des indices principaux quant à la réussite même du forum ?

J’ai participé à deux de ces « assemblées de convergence » qui doivent permettre, comme le sous-entend sa formulation, de réunir les acteurs qui partagent un même combat dans le but d’agir collectivement ou conjointement. La première a étrangement profité de son temps pour s’interroger une énième fois par petits groupes aux axes d’interventions collectifs possibles, plutôt que de partir de la riche base qui avait été discutée pendant toute la semaine. La seconde a été un peu plus concluante puisqu’elle a abouti à un document presque partagé par l’ensemble des acteurs représentés … une « charte » mondiale du droit au logement pour tous, dément.

J’ai entendu à la soirée d’ouverture un Tunisien qui déclarait que « Sans les Forums Sociaux, il n’y aurait pas eu de révolution ». J’y ai accordé beaucoup d’importance les premiers jours, et je dois dire que plus le temps passais, et plus j’avais du mal à le croire. D’accord pour l’importance donnée à la rencontre des militants, qui était son argument principal. Et après ? Les autres, la majorité, ils ne seraient que des suiveurs de ces quelques illuminés ? Le forum m’est apparu en effet complètement anecdotique dans la tête de la majorité des tunisiens. Ces tunisiens qui attendaient sûrement beaucoup plus de la démocratie et qui ne retiennent d’ailleurs pour l’instant que les revers négatifs, n’étaient ils pas les premiers à mobiliser ? Tu me diras, le monsieur qui a la chance de tenir son propre café qui lui fait gagner avec et pour tout 5 euros par jour, avec un famille à charge, qu’est qu’il en a à faire du FSM ? On est d’accord que de nombreuses luttes sont investis par des privilégiés, qui se paient même le luxe de squatter un hôtel à plusieurs étoiles. Mais si on veut que le FSM s’inspire du territoire dans lequel il se situe, ne faudrait-il pas qu’il soit aussi un peu plus parlant pour ses citoyens ? Bon c’est vrai que du coup ce serait peut être plus aussi ouvert qu’un forum, ouverture qui constitue selon moi sa principale richesse, mais au moins parler un peu plus de transition démocratique ? A moins qu’il fasse faire évoluer sa forme ?

Plus largement, si le FSM est un événement majeur à nos yeux, ne vaudrait il pas qu’il le soit aussi pour d’autres ? Pourquoi n’est il pas plus médiatisé et faudrait-il qu’il le soit ? En tout cas, en prenant l’exemple d’une récente discussion familiale j’ai constaté que des couzins attendaient avec impatience le passage d’alternatiba sur Marseille sans pour autant n’avoir jamais entendu parlé du FSM. Allez savoir pourquoi les problèmes environnementaux touchent plus facilement que les problèmes sociaux, économiques, politiques … Mais est-ce la seule raison pour laquelle une personne politisée un minimum n’y ait pas accès ? Le FSM a joué pour moi comme un superbe outil de conscientisation, pourquoi donc ne pas l’ouvrir davantage ?

Malgré ces quelques questions, j’espère un jour pouvoir revivre un Forum mondial. Mais j’espère surtout que cette rencontre fera davantage parler d’elle dans les années à venir, qu’elle soit reconnue plus largement. Et j’espère encore plus que le bouillonnement qui l’anime soit davantage au service de l’action et moins de la représentation.