Larache est l’une des villes les plus importantes de la région Tanger Tétouan, sur la côte entre Tanger et Rabat. La médina bleue et blanche surplombe la mer et l’on sent ici dans l’architecture que l’on se rapproche de l’Espagne, que le mélange des deux rives de la méditerranée a touché cette cité. Larache borde le Loukkos, cet Oued qui donne son nom à la plaine agricole. Cette plaine fait office de référence concernant la culture de la fraise. En Janvier 2012, la FIDH rapportait les conditions de travail des ouvrières travaillant dans les champs de fraise en Espagne, en Andalousie.

Ces femmes qui travaillaient en Espagne viennent pour beaucoup d’ici, du Loukkos, la région concurrente, de l’autre côté du détroit. Pour gérer cette main d’œuvre et éviter l’invasion, l’Europe a mis en place en partenariat avec l’ANAPEC (l’ANPE du Maroc), un programme de sélection et de contrôle des flux migratoires. N’auront le droit de travailler en Espagne, que les femmes mariées avec enfants, celles-ci sont rattachées à leur famille, elle rentrent au pays en fin de saison et ne cherchent pas à s’installer en Europe, de plus on rapporte qu’elles sont moins rebelles et selon certains, leurs mains délicates ramassent mieux les fraises… Qu’à cela ne tienne, les mères de familles partiront à la place des fils et des maris. Pour une période de 3 à 6 mois elles travaillent dans des conditions allant de l’acceptable à l’inadmissible en fonction de l’employeur (exploitant ou agence d’intérim). Comparé au salaire marocain, il y a peu à redire, on accepte, et la petite chambre à 8 places se transforme en colonie de vacances dans les souvenir d’une ouvrière.

Seulement voilà, d’un côté de la méditerranée les ouvrières acceptent, courbent le dos et travaillent, et de l’autre, les employeurs, sélectionnent, concurrencent et rejettent. L’Anapec a eu de moins en moins de demandes ces dernières années. La proportion de marocaines employées est en baisse par rapports à d’autres zones d’émigrations (Amérique du sud et Europe de l’est). Du coup les mères de familles marocaines partent de moins en moins travailler en Espagne et l’apport financier qui avait suscité l’espoir est coupé. Les projets des familles qui avaient été entamés grâce à la manne financière stagnent ou effondrent. Parmi ces projets on retrouve les maisons, les investissements dans des exploitations familiales, les études des enfants…

Le problème c’est qu’ici il y a le chômage alors il n’y a pas grand chose à faire pour arranger les choses. La concurrence pour l’accès au travail en milieu rural est rude dans le Loukos. En témoignent les évènements récents qui ont eu lieu, des jeunes se retrouvent dans l’impasse alors la région fait l’objet de tension importante dans les campagnes autour de la question de l’emploi.