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« On ne t’oubliera pas Özgecan »

 

Depuis quelques jours, la Turquie est sous le choc. Özgecan Aslan, étudiante de 20 ans dans la ville de Mersin, a été brutalement assassinée alors qu’elle tentait de résister à son violeur, le conducteur du minibus qui la ramenait de l’université à chez elle. Le corps mutilé et brûlé a été retrouvé deux jours après la disparition de la jeune fille dans un lac proche de son domicile. L’auteur et ses complices (son père et un ami) ont été appréhendés mais les avocats du barreau de Mersin ont annoncé leur refus de les défendre. Le jour de l’enterrement, les femmes du village, bravant l’interdiction de l’imam, ont porté le cercueil jusqu’au cimetière.

Ce crime n’est pas un crime rare en Turquie. Chaque jour des femmes sont tuées, souvent par des proches, pour des questions d’honneur ou suite à des viols. En octobre 2014, des associations et médias ont montré que 28 femmes avaient été assassinées, portant le chiffre global pour l’année à 294.

Cette fois, l’onde de choc s’est propagée sur tout le pays.  L’opposition a reproché au parti au pouvoir d’être responsable, à travers des discours moralisateurs, plaçant la femme à la maison, mère de minimum trois enfants et impossible égale de l’homme, de la recrudescence des crimes à travers le pays.
Sur Twitter, le mot-clé #sendeanlat (toi aussi raconte), a permis aux femmes, notamment des personnalités publiques, de raconter leurs histoires de harcèlement au quotidien. Peu de surprise devant ces histoires que la plupart des femmes ont déjà expérimentées dans la vie de tous les jours dans les villes turques. Sans parler d’agressions ou de gestes déplacés, les regards, le poids de la morale, le jugement de la société sont continuellement présents. Ce qui, entre étrangères dans ce pays, nous choque et constitue une partie de nos conversations sans pour autant nous forcer à modifier nos comportements, est une réalité et une chape de plomb pour les jeunes femmes turques.

Après divers hommages dans la semaine ayant suivi la découverte du corps, les hommes ont à leur tour pris la parole. Samedi 21 février, soit dix jours après, un groupe de manifestants s’est rendu sur Istiklal, l’artère piétonne principale d’Istanbul. L’événement Facebook qui appelait à manifester, incitait hommes et femmes à venir défiler en mini-jupes pour protester contre la morale voulant justifier les agressions par la tenue des victimes.

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« Je suis un père mais c’est une mère qui m’a donné la vie » Photo de Julia Buzaud

 

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Photo de Julia Buzaud

 

 

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« Plus d’excuses » « Liberté pour la vie des femmes » Photo de Julia Buzaud

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Photo Hurriyet Daily News