Patio de la Casa Palacio del Pumarejo

Patio de la Casa Palacio del Pumarejo

14 ans, que l’Association Casa del Pumarejo constitué d’habitants, de commerçants et de collectifs du quartier de la Macarena, occupe et fait vivre ce palais du 18ème siècle. Ce centre socio-culturel autogéré appartenant à la Ville de Séville continue de tomber en ruines. Malgré les alertes sonnées par ses habitants, la mairie reste sourde et invisible.  

Cinq jours à la Casa Pumarejo, c’est la Plateforme des Affectés pour l’Hypothèque[1] qui se réunit trois fois par semaine, un cours de Yoga à l’étage, un cours d’italien dans un coin, l’association de défense des droits sociaux tous les matins, une bibliothèque etc. Puis, sur la place del Pumarejo, c’est un marché culturel un samedi sur deux, un cinéma les vendredis d’été, et des projets qui naissent autour de bières dans le bar du coin. La question de l’argent étant problématique, beaucoup de produits et services se paient en PUMA, la monnaie sociale du quartier. Et à l’étage du palais, ce sont trois personnes qui ont leur logement depuis plus de 40 ans et qui résistent aux menaces d’expulsion.

L’édifice datant du 18ème siècle est chargé d’histoires et s’est vu occupé plusieurs fonctions (palais, commerces, résidences etc.). Menacé d’être transformé en hôtel de luxe en 2000, les trois dernières habitantes de la maison ont refusé de quitter leur logement. De là, plusieurs collectifs, intellectuels, militants de divers horizons, commerçants, habitants ont décidé de se mobiliser pour la sauvegarde du lieu. Des travaux de recherches et d’archives ont été menés et ont permis en 2004 d’enregistrer le lieu comme Bien d’Intérêt Culturel (pour son architecture mais aussi pour sa valeur culturelle). Cette dénomination a permis de bloquer la vente à un privé et n’a fait que confirmer l’importance des diverses activités qui y sont développées. L’association Casa del Pumarejo, formé par ses collectifs a signé une convention de 15 ans pour occuper le lieu gratuitement, mais la Mairie de Séville reste le gestionnaire.

Aujourd’hui, l’état de la maison se trouve être dans un état critique. Cet hiver, la pluie a causé de nombreux dégâts, notamment dans les charpentes et l’expertise des architectes est alarmante. Face à ce constat, l’association pour la Casa Pumarejo a décidé de prendre en charge certains travaux. Comme le dit Salvador, « Mas que ciudadanos, somos cuidadanos » (« Plus que des citoyens, nous protégeons »). Ainsi, tous les mardis un groupe s’auto-forme à la technique de la chaux pour remettre en état une pièce de la maison. Pendant ce temps, l’association de las Mujeres Supervivientes[2] prépare le repas dans la cuisine pour les volontaires du chantier.

La prochaine assemblée de la maison sera décisive sur les actions à mener concernant les travaux de la charpente. Bien que plusieurs architectes apportent leurs conseils et soutiennent le projet, le collectif n’a pas les moyens techniques, financiers ni le devoir de réhabiliter la charpente. Un groupe de travail s’est constitué pour rédiger des courriers et tenter d’obtenir un rendez-vous avec la Mairie. Ce délaissement de la part du propriétaire est perçu dans le quartier comme une stratégie menaçante. La Mairie de Séville reste silencieuse jusqu’à ce que l’état de la maison atteigne un niveau critique pour exiger l’évacuation des habitations et des activités. A l’heure où de nombreux centres sociaux occupés et autogérés se voient fermés leurs portes à Séville, la Casa Pumarejo poursuit sa lutte pour sa pérennisation.

[1]La Plateforme des Affectés pour l’Hypothèque (PAH) regroupent des personnes expulsées ou menacées d’expulsions, et ceux qui les soutiennent, car elles ne peuvent plus payer leurs crédits ou leurs loyers. http://www.bastamag.net/Les-Indignes-espagnols-se-battent

[2]L’association Mujeres Supervivientes est une association de lutte contre les violences faites aux femmes.