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Le 25 mai est la journée mondiale de l’Afrique. Le 25 mai 1963 étaient signés les accords de l’Organisation de l’Union Africaine.

A Ceuta, la très grande majorité des migrants qui arrivent sur l’enclave sont originaires du continent Africain, comme me le disait un Ivoirien : « Au CETI, on découvre l’Afrique en miniature ».
A leur arrivée sur l’enclave, ils sont directement envoyés au CETI, ce centre de rétention qui ne dit pas son nom, puisque les migrants peuvent en sortir librement, les seules contraintes étant les repas à heures fixes et un retour au centre obligatoire avant 23h sous peine de dormir dehors. L’entrée se fait grâce à un badge électronique personnel. Ce régime « ouvert » permet au gouvernement espagnol de ne pas appliquer à ces deux centres (il en existe un à Ceuta et un à Melilla) la législation qui régit les CIE (centre de rétention). Les migrants sont ici pour un temps indéterminé, certains y sont entrés il y a plus de 2 ans.

A l’occasion de la journée mondiale de l’Afrique, les autorités Ceutí ont pour habitude d’organiser une petite fête. Les années précédentes, elle avait lieu dans le centre-ville, mais seuls les « meilleurs éléments » avaient le droit d’y participer. Cette année, pas de sélection, mais la fête s’est déroulée au CETI qui se trouve à 3 km du centre-ville de Ceuta. Loin des caméras et de l’animation du centre-ville.

Les différentes associations de Ceuta ont été conviées à l’évènement mais l’association Elin a été la seule à se déplacer. Une fois à l’intérieur, nous découvrons un podium au milieu de la cour où des résidents du CETI présentent tour à tour des danses plus ou moins préparées. Les agents de la sécurité veillent au bon déroulement de l’évènement matraque à la taille.
Le matin même, un tournoi de foot a été organisé, et ironie du sort, la finale a opposé la police à l’une des deux équipes de migrants du CETI.

Cela m’a paru une grande hypocrisie, le CETI est à 3 km du centre-ville, la plupart des habitants de l’enclave ne savent pas à quoi il ressemble, les migrants restent sur le territoire plusieurs mois, pour certains, plusieurs années, mais les relations avec les espagnols sont très limitées. Seule la Croix Rouge organise quelques activités dans le centre.

Ainsi, pour la journée mondiale de l’Afrique, rien n’a changé, les migrants ont célébré ce jour entre eux, une journée normale en somme, seulement agrémentée d’un peu de musique et de la remise de la coupe à l’équipe victorieuse du tournoi.

Ce qui aurait pu être un évènement culturel important est resté caché.
C’est cela Ceuta, une richesse culturelle immense, mais les populations se cohabitent sans se mélanger.