Artículo original publicado en Público.es (Publié le 19/01/2013)

El artículo en español abajo.

 

Les femmes tunisiennes ont peur pour leurs droits, que le parti islamiste au gouvernement avait promis protéger dans l’élaboration de la nouvelle Constitution. Les organisations de défense des droits de l’Homme et l’ONU ont déjà donné le signal d’alarme.

 

La Tunisie est le pays qui a laissé le monde sans voix quand la force du soulèvement populaire a fait fuir le dictateur Ben Ali après 23 ans au pouvoir. Ce mouvement en inspira d’autres et se convertit en symbole du printemps arabe. Des décennies auparavant, en 1956, le président de l’époque, Habib Bourguiba, décrétait le Code du statut personnel qui conférait aux femmes des droits sans précédents dans le monde arabe. Un texte d’une grande valeur pour les tunisiennes parce qu’il traite de l’égalité entre l’homme et la femme, en plus d’abolir la polygamie, d’interdire la répudiation et de permettre le mariage et le divorce par consentement mutuel. Un statut qu’Ennahda, le parti islamiste modéré à la tête du gouvernement actuel, avait promis de protéger pendant la campagne électorale.

 

Mais la route qu’emprunte la transition dans le pays n’est pas aisé, pas seulement en ce qui concerne les droits des femmes, mais aussi par rapport à l’absence de solutions contre les problèmes qui ont engendré la révolution. La commémoration du deuxième anniversaire de la fuite de Zine El Abidine Ben Ali a eu lieu entre la rédaction de la nouvelle Constitution et le gout amer de déception, en plus de la crainte, de la part des tunisiennes, de devoir lutter pour préserver les droits qu’elles ont acquis en 1956.

 

Le 13 août dernier, des milliers d’hommes et de femmes sont descendus dans la rue pour protester contre la ratification, grâce aux votes d’Ennahda, de l’Article 28 de l’ébauche de la Carta Magna, qui définissait la femme comme complémentaire à l’homme et non comme son égale. La date coïncidait avec la Journée de la Femme, dont la date n’est autre que l’anniversaire du Code du statut personnel. Grâce à la pression populaire, le Gouvernement a dû céder et réécrire l’article un mois plus tard, cette fois-ci en incluant l’égalité homme femme. « Le mouvement citoyen est devenu très fort en Tunisie », affirme l’activiste Lina Ben Mhenni, professeure d’université mais plus connue pour son blog « A Tunisian Girl » dans lequel à partir de décembre 2010, elle a raconté et publié des photos sur la répression que la population était en train de subir de la part du gouvernement. Depuis cette date elle n’a cessé d’être active, et est devenue un symbole de la révolution, ce qui lui a valu une candidature au Prix Nobel de la Paix en 2011.

 

Le 23 octobre 2011 ont eu lieu les premières élections libres en Tunisie, dans lesquelles la parité dans les partis politiques était obligatoire. « Malheureusement la plupart des femmes qui se sont présentées n’avaient pas participé à la révolution et n’avaient pas d’expérience politique. Beaucoup d’entre elles appartiennent à Ennahda et elles ne me représentent pas », signale Ben Mhenni. C’est, selon elle, ce qui expliquerait que l’Article 28 fut approuvé malgré sa définition de la femme comme complémentaire à l’homme. « Ce sont des femmes qui sont contre les femmes », ajoute-t-elle. Il y a des partis politiques qui se sont montrés en désaccord avec ce fameux article.

Lina Ben Mhenni

Lina Ben Mhenni

 

La troïka, coalition du gouvernement actuel qui regroupe le parti islamiste modéré Ennahda (89 sièges sur 217), Ettakatol et le Congrès pour la République, « traverse des problèmes politiques internes due à son hétérogénéité. Pour cette raison arriver à un consensus entre eux est parfois difficile et de souvent ils sont en désaccord », explique Abdeljelil Bedoui, économiste, activiste et fondateur du Parti des Travailleurs Tunisiens.

 

La Tunisie a toujours été avant-gardiste en matière de droits des femmes, en comparaison avec les autres pays arabes, et les tunisiennes ont eu un rôle très important pendant la révolution. Cependant, les défenseurs des droits de l’Homme dans le pays ont déjà sonné l’alarme quant à un possible recul du droit des femmes. « Nous sommes arrivés à un moment dans lequel on lutte pour préserver les droits que l’on avait déjà, au lieu de lutter pour en avoir de nouveaux comme on faisait avant. Nos droits sont en danger », explique avec résignation Lina. Même s’ils ont l’appui des partis de l’opposition, leur espoir est aussi dans la pression que la société civile peut exercer.

 

Le groupe de travail des Nations Unies sur la discrimination contre les femmes s’est rendu dans le pays la semaine dernière et s’est montré inquiet sur le projet de Constitution qui est en rédaction, en affirmant que même si l’égalité entre hommes et femmes figure dans l’ébauche de la Carta Magna, il y a encore des lacunes et des parties ambiguës qui peuvent entrainer des inégalités. L’ONU déclarait dans un texte élaboré après cette visite que l’ébauche de la Constitution « ne mentionne pas l’universalité, l’indivisibilité et l’interdépendance des droits de l’Homme, cruciales pour s’assurer que les prochaines reformes ne menaceront pas les acquis sur le plan législatif, en particulier pour les droits des femmes », en plus de ne pas définir quelles sont les « les sphères de la vie dans lesquelles le droit à l’égalité est assuré ».

 

La Tunisie est une société patriarcale dans laquelle le conservatisme et la modernité tentent de cohabiter. Les femmes ne se sentent pas en sécurité et elles sont rare dans la rue la nuit tombé.

Depuis deux ans, les femmes qui portent le hiyab (foulard qui couvre les cheveux et le cou) et le niqab (vêtement qui couvre à la femme en entier laissant juste apparaître les yeux) sont de plus en plus nombreuses. « Le problème n’est pas de voir plus de voiles, mais l’augmentation des agressions contre les femmes qui ne le portent pas, et le plus grave est que la plupart des agresseurs sont impunis », déplore Fathia Hizem, de l’Association Tunisienne des Femmes Démocrates (ATFD). Cette association existe depuis 1989 et milite depuis toujours pour l’égalité entre hommes et femmes. « Il y a des femmes qui portent le voile et qui ne font même pas la prière, elles le font pour se protéger » ; « par exemple, celles qui doivent prendre les transports publics tôt pour aller au travail, se sentent plus en sécurité si elles se couvrent. C’est lamentable d’en être arrivé à ce point », affirme Hizem, qui assure que ce comportement s’explique par le manque de confiance dans la justice.

 

Jihen Ayari est une jeune tunisienne qui est partie depuis quelques mois pour le Brésil pour y finir ses études d’architecture. « Je me sens beaucoup plus en sécurité ici qu’en Tunisie, où le risque de viol t’accompagne toujours quand tu es toute seule dans la rue le soir ». Le problème de l’insécurité s’est accentué ces dernières années, même avant la révolution. « Le gouvernement ne s’occupe pas de cette affaire et si les gens savent qu’ils ne vont pas être punis la violence augmente », raconte Hayet Ouertani, du Centre d’Ecoute et d’Orientation des Femmes Victimes de Violences (CEOFVV), qui travaille depuis 1993 en organisant des campagnes des sensibilisation et en offrant une aide médicale, juridique et psychologique aux tunisiennes. Elle parle de l’impunité qui accompagne la plupart des agresseurs qui, même s’ils sont détenus « sont toujours rapidement relâchés ». Ouertani ajoute que ces derniers temps on a reporté des cas de femmes qui ont été agressées par des chauffeurs de taxis.

 

Expérience que Fathima (nom fictif), une jeune tunisienne, a vecu le 13 janvier 2011, une des journées les plus chaotiques de la révolution, quand elle a voulu rentrer chez elle le soir. La plupart des routes étaient coupées. Un taxi lui a proposé d’attendre dans son véhicule jusqu’au matin que les routes soient réouvertes, mais le chauffeur en a profité pour la conduire jusqu’à un garage et essayer de la violer. « J’ai passé trois heures à essayer de le convaincre de ne pas le faire, en lui disant que je pouvais avoir le même âge que sa fille. Des fois je pensais qu’il n’y avait pas de retour, mais finalement il a réfléchi et il m’a laissé tranquille », raconte-t-elle.

 

N’a pas eu la même chance la jeune tunisienne qui a été violée en septembre dernier. Elle a été violée par deux policiers pendant qu’un troisième obligeait à son compagnon à retirer de l’argent dans un distributeur. Quand le couple a dénoncé ce qui s’est passé, les policiers les ont accusé d’immoralité en arguant qu’ils avaient trouvé le couple dans une voiture en « position immorale »,  situation qui en Tunisie se paye par la prison. La jeune fille est passée de victime à accusée, mais encore une fois la pression de la société civile, qui a manifesté contre la condamnation de la jeune fille, a forcé le président de la république, Moncef Marzouki, à s’excuser publiquement des faits.

 

Deux ans après la révolution, les tunisiens et tunisiennes qui ont risqué leur vies pour changer le pays n’ont rien à célébrer, mais ils gardent toujours espoir. « Le seul moyen qu’on a de construire une Tunisie démocratique est d’instaurer l’égalité entre femmes et hommes », assure Fathia Hize, de l’Association Tunisienne des Femmes Démocrates. Ils sont conscients que la société civile est maintenant plus forte que jamais et qu’ils peuvent réussir à faire de la Constitution un moyen pour assurer la justice et l’égalité. Lina Ben Mhenni, la jeune bloggeuse, sait que ce n’est pas facile. « La police m’a tabassée plusieurs fois dans les manifestations, mais je n’ai pas peur. Ça qui me fait peur c’est que les gens abandonnent la lutte à cause de la répression ».

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Túnez da un paso atrás

Las mujeres tunecinas temen por sus derechos, que el partido que lidera el Gobierno había prometido proteger en la elaboración de la Constitución. Las asociaciones pro Derechos Humanos y la ONU ya han dado la voz de alarma

Túnez fue el país que dejó atónito al mundo hace dos años cuando la fuerza de la revolución popular derrocó la dictadura de Ben Alí después de 23 años. El movimiento inspiró a otros y se convirtió en el símbolo de la Primavera Árabe. Décadas antes, en 1956, el entonces presidente Habib Bourguiba decretó el Código del Estatuto Personal, que otorgaba a las mujeres unos derechos sin precedentes en el mundo árabe. Un texto de gran valor para las tunecinas ya que recoge la igualdad entre el hombre y la mujer, además de abolir la poligamia, prohibir el repudio y permitir el matrimonio y el divorcio de consentimiento mutuo. Un Estatuto que Ennahda, el partido islamista moderado que lidera el Gobierno actual, había prometido proteger durante la campaña electoral.

Pero la transición democrática en el país no está siendo un camino de rosas, no sólo en lo que concierne a los derechos de la mujer, sino que tampoco se han resuelto los problemas que provocaron la revolución. La conmemoración del segundo aniversario de la huida de Zine El Abidine Ben Alí se ha vivido en el país entre la redacción de la nueva Constitución y el gusto amargo a decepción, además del temor, por parte de las tunecinas, de tener que luchar para preservar los derechos que tienen desde 1956.

El pasado 13 de agosto miles de mujeres y hombres salieron a la calle para protestar contra la aprobación, gracias a los votos de Ennahda, del Artículo 28 del borrador de la Carta Magna, que definía a la mujer como complementaria al hombre y no igual. La fecha coincidía con el Día de la Mujer, establecido así por ser el aniversario del Código del Estatuto Personal. Gracias a la presión popular, el Gobierno tuvo que dar marcha atrás y reelaborar el artículo un mes más tarde, esta vez incluyendo la igualdad. “El movimiento ciudadano se ha vuelto muy fuerte en Túnez”, afirma la activista Lina Ben Mhenni, profesora de universidad pero más conocida por su blog A Tunisian Girl, en el que en diciembre de 2010, cuando comenzó el levantamiento popular, contó y publicó fotografías sobre la represión que estaban viviendo los ciudadanos por parte del Gobierno. Desde entonces no ha parado y se ha convertido en un símbolo de la revolución, que le valió la candidatura al Premio Nobel de la Paz en 2011.

El 23 de octubre de 2011 se celebraron las primeras elecciones libres en Túnez, en las que la paridad en los partidos políticos era obligatoria. “Lamentablemente la mayoría de mujeres que se presentaron no habían participado en la revolución ni tenían experiencia política. Muchas de ellas pertenecen a Ennahda y no me representan”, señala Ben Mhenni. Esto es lo que, a su juicio, explicaría que el Artículo 28 fuese aprobado pese a definir a la mujer como complementaria al hombre. “Son mujeres que están contra las mujeres”, añade. También algunos partidos políticos se mostraron contrarios al ya famoso Artículo.

La troika, coalición de Gobierno actual que reagrupa al partido islamista moderado (con 90 de los 217 escaños), Ettakatol (socialistas), y el Congreso para la República (centro–izquierda) “atraviesa problemas políticos internos, debido a su heterogeneidad. De ahí que conseguir el consenso entre ellos sea difícil y que muchas veces estén en desacuerdo”, explica Abdeljelil Bedoui, economista, activista y fundador del Partido del Trabajo de Túnez.

Túnez ha sido siempre vanguardista en materia de derechos de las mujeres en comparación con los demás países árabes. Es más, las tunecinas tuvieron un papel muy importante durante la revolución. Sin embargo, ahora, los defensores de los derechos humanos en el país están dando la voz de alarma en cuanto a un posible retroceso. “Hemos llegado a un punto en el que estamos luchando para asegurarnos los derechos que teníamos, en vez de para avanzar como hacíamos antes. Está todo en peligro”, explica con resignación Lina. Aún así cuentan con el apoyo de los partidos de la oposición y su esperanza está puesta en la presión que pueda hacer la sociedad civil.

El Grupo de Trabajo de las Naciones Unidas sobre la discriminación contra las mujeres visitó la semana pasada el país durante varios días y se mostró preocupado sobre el proyecto de Constitución que se está elaborando, afirmando que, aunque la igualdad entre hombres y mujeres está recogida en el borrador de la Carta Magna, todavía hay muchas lagunas y partes ambiguas que pueden dar lugar a desigualdades. La ONU declaró en un texto elaborado tras la visita que el borrador de la Constitución “no menciona la universalidad, la indivisibilidad y la interdependencia de los derechos humanos, cruciales para asegurar que las futuras reformas no amenazarán lo conseguido hasta ahora en el plano legislativo, en particular en el derecho de las mujeres”, además de no estar recogidas “las esferas de la vida en las que el derecho a la igualdad está garantizado”.

Túnez es hoy en día una sociedad patriarcal en la que el conservadurismo y la modernidad intentan cohabitar. Las mujeres no se sienten en seguridad y en cuanto anochece es difícil encontrar alguna por la calle.

Desde hace dos años la presencia de mujeres con hiyab [pañuelo que cubre el pelo y el cuello] yniqab [prenda que cubre a la mujer entera dejando sólo los ojos al descubierto] es mayor. “El problema no es que se vean más velos, sino que están aumentando las agresiones a las mujeres que no lo llevan, y lo más grave es que la mayoría de los agresores salen impunes”, se lamenta Fathia Hizem, de la Asociación Tunecina de Mujeres Demócratas (ATFD, por sus siglas en francés). Sabe bien de lo que habla, la asociación existe desde 1989 y desde siempre ha militado para reivindicar la igualdad entre hombres y mujeres. “Hay algunas que llevan velo y ni siquiera rezan, lo hacen para protegerse” prosigue, “por ejemplo, las que tienen que coger el transporte público temprano para ir a trabajar, se sienten más protegidas si van cubiertas. Es lamentable haber llegado a este punto”, afirma Hizem, que asegura que este comportamiento se explica por la falta de confianza en la ley.

Jihen Ayari es una joven tunecina que se marchó hace varios meses a Brasil para terminar sus estudios de arquitectura. “Me siento mucho más segura aquí que en Túnez, donde el riesgo de violación siempre te acompaña cuando vas sola por la noche”. El problema de la inseguridad se ha acentuado en los últimos años, incluso antes de la revolución. “El Gobierno no se está ocupando de este asunto y si la gente sabe que no va a ser castigada la violencia aumenta”, cuenta Hayet Ouertani, del Centro de Escucha y Orientación a las Mujeres Víctimas de Violencia (CEOFVV por sus siglas en francés), que trabaja desde 1993 organizando campañas de sensibilización y ofreciendo ayuda médica, jurídica y psicológica a las tunecinas. Se refiere a la impunidad de la que gozan la mayoría de los agresores, que aunque sean detenidos “siempre los sueltan rápido”, añade. Ouertani asegura que últimamente han recibido bastantes casos de mujeres que han sido agredidas por taxistas.

Experiencia que Fathima [nombre ficticio], una joven tunecina, vivió en primera persona el 13 de enero de 2011, uno de los días de mayor caos durante la revolución, cuando intentó volver a su casa de madrugada. La mayoría de carreteras estaban cortadas. Un taxi se ofreció a dejarla esperar dentro del vehículo hasta que amaneciese y reabriesen la ruta, pero el conductor aprovechó para meterse en una cochera e intentar violarla. “Pasé tres horas convenciéndolo de que no lo hiciese, diciéndole que podría tener la misma edad que su hija. A veces pensaba que ya no había vuelta atrás, pero al final recapacitó y me dejó en paz”, cuenta.

No corrió la misma suerte la joven tunecina que el pasado mes de septiembre fue violada por dos policías mientras un tercero obligaba al novio de ésta a sacar dinero en un cajero para entregárselo. Cuando la pareja denunció los hechos, los policías los acusaron de haberlos pillado en una “posición inmoral” dentro del coche en el que se encontraban, situación que en Túnez se paga con la cárcel. La víctima pasó a ser la acusada, pero de nuevo la presión de la sociedad civil, que se manifestó contra la imputación de la chica, consiguió que el presidente de la república, Moncef Marzouki, se disculpase públicamente por los hechos.

Dos años después de la revolución, los tunecinos que arriesgaron su vida para cambiar el país no tienen nada que celebrar, aunque todavía conservan la esperanza. “La única forma que tenemos de construir un Túnez democrático es empezando con la igualdad entre mujeres y hombres”, asevera Fathia Hizem, de la Asociación Tunecina de Mujeres Demócratas. Son conscientes de que la sociedad civil está ahora más fortalecida que nunca y que pueden conseguir que la nueva Constitución sea el medio para garantizar la justicia y la igualdad. Lina Ben Mhenni, la joven blogger, sabe que no es fácil. “La policía ya me ha pegado varias palizas en manifestaciones, pero no tengo miedo. Lo que me aterroriza es que la gente abandone la causa debido a la represión”.