31 Mai 2013. Prijedor, petite ville de La République Serbe de Bosnie-Herzégovine a vu défilé des centaines de personnes venus de toute la Bosnie pour marquer silencieusement le 21ème anniversaire du début d’une campagne de purification ethnique dans la région.

jer me se tice        Durant la guerre de Bosnie, les forces serbes nationalistes prennent le contrôle de la municipalité de Prijedor le 30 avril 1992, et y installe le camp de concentration d’Omarska dans lequel furent détenus 3334 Bosniaques et Croates de Bosnie.

       Les conditions de détentions furent atroces avec un simple bol de soupe pour se nourrir, les détenus affichaient une maigreur exaspérante; Parmi les détenus, on compte des personnalités politiques, des musulmans, des croates qui furent torturés, brulés vifs et des femmes violées. Placés dans ce qu’il convient d’appeler un camp de concentration- car les prisonniers y étaient placés en raison de leurs appartenance ethnique- le bilan est lourd et il affiche plus de 3800 personnes tués sous la torture à Omarska entre le 3 juin et le 3 août 1992.

    Les forces serbes nationalistes de Bosnie avaient mis en place ce camp de concentration d’Omarska qui était officiellement dénommé centre d’investigation  pour y interner  des civils Bosniaques( Musulmans), des Croates catholiques, des juifs qui étaient accusés de collaborer avec l’ennemi (avec des musulmans et des croates) ainsi que des femmes.

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    Pour sauver la mémoire et rendre justice, en février 2000, le Tribunal pénal International (TPI) pour l’ex-Yougoslavie a accusés de crimes contre l’humanité et de crime de guerre quatre commandants Serbes de Bosnie qui avaient dirigé les camps de détention d’Omarska, de Keraterm et de Trnopolje (situés dans région de Prijedor, au nord-ouest de la Bosnie).

Ainsi, 21 ans plus tard, la mémoire est vive et en signe de soutient, venus de toute la Bosnie, des croates, des serbes ainsi que des bosniaques se sont réunis pour une marche silencieuse à Prijedor. Tous portaient les mêmes brassards blanc que devaient porter – à l’image de l’étoile jaune sous le IIIème Reich-les bosniaques et croates lors de la prise de la ville par les forces Serbes).

 

  Dans une Bosnie Herzégovine qui cherche à réunir ses différentes population, malgré la division de son pays en deux entités politiques que sont la République de Serbie et la Fédération de Bosnie, la marche offrait un aperçu d’une réconciliation possible et d’une mémoire collective retrouvée.

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   Pourtant, la marche ne cachait pas le fait que les autorités municipales de Prijedor, dirigée par les Serbes refusent encore de construire un monument à la mémoire des victimes. En effet, c’est derrière le slogan « Jer me se tiče! » qui signifie dans la langue locale « je m’en soucie » que les bosniens ont défilé dans les rues de Prijedor, témoignant ainsi, malgré l’absence de monument commémoratif pour les victimes, que leurs mémoires est bien présente.

    Ainsi, c’est toujours le symbole qui vient sécher les larmes et combler une mémoire douloureuse et plutôt qu’un immuable édifice de pierre, c’est un cercle de roses éphèmères posés à même le sol qui pris la forme des tombes de ces êtres perdus à jamais. Rien de plus équivoque pourtant car l’on sait tous que les blessures se gravent plus profondément dans la chair et dans les esprits plutôt que sur la pierre…