heloise

Par Marine, avril 2013.

Si je dis…Allemagne ?

Je pars en Allemagne pour la Confédération Paysanne sur la question des travailleurs agricoles saisonniers migrants. L’Allemagne est souvent présentée comme le modèle agricole à suivre en termes de compétitivité, de pratiques écologiques, de conditions sociales… Mais quel est le prix de cette fameuse compétitivité? Quels sont les coût humains, sociaux et environnementaux se cachant derrière ce modèle? J’y suis souvent allé et ai parlé avec des amis, des militants, des paysans: ils sont toujours très étonnés de savoir que leur pays a cette réputation. Ils sont eux-mêmes très critiques envers leur propre système principalement basé sur l’agro-industrie.

Au-delà de ça, j’ai très envie de pratiquer une langue que j’ai apprise très jeune car j’ai grandi dans l’est de la France.

 

Si je dis…WWOOFing ?

Ah…(sourire). Je reviens d’un séjour de trois mois au Pérou où j’ai fait ce qu’on appelle du « WWOOFing » (World Wide Opportunities on Organic Farms) . J’ai travaillé dans des fermes en haute montagne et dans la forêt tropicale en échange du gîte et du couvert. Avant de savoir que je partirai en mission avec la Confédération Paysanne, j’avais en tête de partir en Allemagne pour continuer ce type d’expériences de terrain. J’ai envie de découvrir l’agriculture paysanne mais également des modèles d’agriculture urbaine, d’apprendre et de connaître les réseaux actifs dans ce domaine.

J’ai en effet travaillé plusieurs années dans des organisations environnementales et altermondialistes (entre autres Combat Monsanto). Ces modes d’action et d’engagement sont très enrichissants et à mon sens indispensables, mais parfois un peu décourageants en raison de l’état actuel de l’agriculture dans le monde : je faisais une veille sur les activités de l’industrie agro-alimentaire et agro-chimique alors évidemment… J’avais et j’ai une très forte envie de découvrir des alternatives positives et pratiques à tout ce système. De faire finalement le lien entre la théorie et la pratique. Mais également d’être plus légitime dans ce pour quoi je me bats : c’est parfois un peu délicat de défendre des droits quand on est soit même loin de la pratique ou de la « réalité ».

 

Si je dis…envie de repartir ?

Pour moi ce départ en Allemagne est à la fois une continuité et une nouveauté. Continuité car je poursuis mon travail sur les questions agricoles et sur la défense de la souveraineté alimentaire. Nouveauté parce que j’aborde cette question à travers une nouvelle entrée: celle du social et des migrations. Il est à mon sens essentiel de traiter ces problématiques complexes sous tous leurs angles, afin de dénoncer un même modèle dominant et destructeur. Réaliser que le système agricole industriel, ou plus largement le capitalisme financier, affecte non seulement l’environnement mais aussi les paysans, les travailleurs, les consommateurs, c’est réaliser qu’il est nécessaire de faire émerger une résistance commune. A l’heure actuelle, surtout en cette période de crise systémique, la tendance est au cloisonnement et au repli « corporatiste ». Alors que c’est justement dans ces temps difficiles que l’on a besoin de solidarité et de convergence!

 

Si je dis…le 17 Août 2013 ?

Le 17 Août 2013, j’espère bien être dans un champ avec des travailleurs/euses migrants/es ! J’espère que j’aurai déjà réussi à tisser un certain nombre de liens avec des travailleurs et mené des entretiens : c’est d’ailleurs l’aspect qui me semble le plus difficile mais aussi le plus intéressant de la mission. Bon et puis j’espère qu’il fera beau quand même !