nesrine

Nesrine part en Bosnie, en mission de résolution post-conflit avec l’Assemblée Européenne des Citoyens (AEC – HCA France)qui est la branche française du réseau international Helsinki Citizens’ Assembly.

Alors, pourquoi la Bosnie?

Je suis consciente que c’est une région qui peut sembler délicate à aborder, les conflits violents sont encore très récents, mais c’est précisément cela que je trouve passionnant: la situation chaotique est également synonyme de construction ( tout est là) c’est un formidable laboratoire de dialogue interculturel et interreligieux. J’ai passé une partie de mon enfance dans une Algérie en pleine crise d’identité, balayée par l’arabisation et l’islamisation, et cela n’est certainement pas totalement étranger à mon interêt pour ces questions d’identité. Je suis par ailleurs quasiment née avec une passion pour la zone des Balkans! Plus sérieusement, il s’agit d’une zone de convergences des cultures slaves et méditerranéennes avec une géographie complexe, toujours en mouvement, et un incroyable entremêlement culturel et religieux. D’un point de vue politique, le fait que la région soit encore en transition et en pleine reflexion sur sa constitution donne une sorte d’intérêt global. Bref, J’ai eu l’opportunité de voyager longuement en Serbie et en Croatie, où j’ai pu mettre sur pied avec des amis français et serbes une association, Bag’art, qui avait pour vocation de développer des échanges entre des artistes locaux et étrangers et des espaces culturels en France.

Pourquoi l’AEC-HCA?

Le réseau Helsinky s’est développé après la chute du mur de Berlin autour de la voix de Vaclev Havel, et c’est sur les questions de la paix et de la réconciliation est/ouest que le réseau s’est etendu sur toute l’Europe/ Ainsi, l’AEC développe une activité sur les questions d’identité et de citoyenneté, et organise des actions de solidarité avec ses partenaires du réseau HCA international, concernant notamment les Balkans, le sud Caucase, la Russie, le Maghreb, le Moyen-Orient. L’AEC a une exceptionnelle expérience en matière d’actions pour la paix et de travail dans les Balkans: prévention des conflits, fonctionnement en réseau d’individus, de citoyens: dans ce cadre, je vais sur place non pas nécessairement travailler dans une structure classique, mais plutôt en lien avec un membre local du réseau HCA, en allant à la rencontre des personnes, des minorités, des acteurs de la société civile. HCA dispose d’une expertise intéressante sur les processus de paix en zone post-conflit.

Comment construit-on une identité après un conflit qui a tenté de séparer les identités ?

C’est un sujet passionnant, qui a également guidé une grande partie de mes études, notamment dans le cadre d’un précédent Master II en philosophie politique, et que cette expérience comme volontaire peut me permettre d’approcher sous un angle franchement concret.

Pourquoi toi?

D’abord pour toutes les raisons que j’ ai évoquées : mes études, mon parcours intellectuel, mais aussi les voyages déjà accomplis. Sans doute pas pour ma maîtrise du serbo-croate qui est encore assez balbutiante! C’est en tout cas une étape clé dans mon parcours, et qui m’aidera certainement à décider de la suite. Après Bag’art, j’éprouve toujours l’envie de travailler sur l’art comme vecteur d’identité, alors pourquoi pas réfléchir à l’ouverture d’un lieu culturel ou d’une galerie d’art balkanique à Paris (j’ai eu l’a chance de pouvoir suivre un cursus à l’école des Beaux-arts de Venise). Une autre piste, comme j’aime beaucoup écrire, pourrait être un travail de plus longue haleine sur ce thème, une thèse? un roman,, mais cela reste encore à définir. L’objectif maintenant, c’est de m’immerger dans la vie bosnienne. Bref, идемо!

Interview réalisé par Julie Rouan.