*Lutter pour des logements sociaux dans de bonnes conditions, c’est lutter pour une vie digne

En Haïti, 33 mois après le séisme dévastateur du 12 janvier 2010, 390 000 personnes vivent toujours sous des tentes, dans une situation de précarité et de vulnérabilité extrêmes.

Après le 12 janvier, des tentes ont poussé par milliers comme des champignons et avec elles,  de nouvelles préoccupations  pour les Haïtiens et Haïtiennes et les organismes de la société civile qui défendent leurs droits. La lutte qui existait jusqu’à présent pour les droits civils et politiques  s’est mue en un combat pour le respect des droits économiques et sociaux avec pour fer de lance le droit au logement.

Qui dit nouvelle thématique, dit nouveaux enjeux et surtout un travail d’adaptation mais aussi un éveil des consciences de la population concernée. Aujourd’hui en Haïti, le plus gros enjeu en matière de défense des droits est d’arriver à faire en sorte que les personnes concernées se saisissent du problème et donnent leur voie et leur poids aux revendications. Depuis deux ans maintenant, la société civile haïtienne dénonce la situation dans laquelle les déplacé*e*s sont laissé*e*s et exigent que les autorités haïtiennes prennent leurs responsabilités et mettent enfin à leur disposition des logements décents.

C’est dans ce contexte que s’est déroulée lundi 1er octobre la journée mondiale de l’habitat, créée en 1985 par l’Organisation des Nations Unies, face au constat des conditions précaires de logement à travers le monde. Dans le cadre de cette journée, le Collectif d’organisation pour la défense du droit au logement[1] a lancé un programme d’activités sur tout le mois d’octobre afin de sensibiliser le grand public sur la problématique du droit au logement mais aussi réfléchir avec la population déplacée sur ses revendications en ce qui a trait au logement et l’organisation des quartiers puis présenter la résolution du Collectif à plusieurs institutions étatiques concernées par ce dossier.

Ainsi, plusieurs activités de réflexion et de débats ont été organisées dans des camps de déplacés de divers quartiers de la ville. Une marche des déplacés des camps de Christ-Roi devait avoir lieu le 1er Octobre mais elle a été annulée. En effet, ce même jour survenait la rentrée des classes et la police nationale avait interdit la manifestation, ce qui a effrayé les manifestants qui n’ont pas voulu défiler. De plus, le président Martelly organisait lui-même dans un autre coin de la ville une marche pour contrer une manifestation de protestation contre son gouvernement qui avait eu lieu la veille.

 Dans le cadre du tribunal d’opinion contre les évictions organisé par le Forum sur l’Habitat 2012 le 28 Septembre, deux membres de deux organisations du Collectif se sont rendus à Genève au début de ce mois  afin de présenter le cas du déguerpissement des déplacés de la place Jérémie à Port-au-Prince qui a eu lieu peu de temps avant Noel l’an dernier.

Pour conclure ce forum 2012, un appel a été lancé par les mouvements présents, dénonçant les violations au droit au logement commises à travers le monde et réaffirmant leur volonté de s’engager à « poursuivre les convergences des organisations d’habitants et des réseaux engagés pour la défense du droit au logement ».

Enfin, du 19 au 29 Octobre, une délégation sud-africaine sera en visite dans la capitale haïtienne pour rencontrer les associations membres du Collectif ainsi que d’autres organisations engagées dans la défense du droit au logement afin de partager les expériences mais également projeter un film dans les camps sur le problème du logement en Afrique du Sud. Il est primordial que les Haïtien*ne*s puissent découvrir les initiatives qui existent de par le monde pour lutter sur la problématique du logement et s’en saisir et se les approprier afin de créer leur propre voie de contestation et mener le combat qui est le leur.

 


[1] GARR, FRAKKA, DOP, POHDH, PAPDA, KRD, BATAY OUVRIYE et SJR-Haiti,