Le weekend end du 11 et 12 février c’est tenue le congrès de Podemos, parti politique qui c’est constitué en 2014 dans la suite du mouvement du 15M ( Mouvement des Indignés commencé en 2011) qui avait permis la naissance d’une nouvelle force politique de masse anti-néolibéralisme.

Mais c’est sur fond de crise interne que je me suis rendu au deuxième congrès de Podemos, Vistalalegre II.

 

Petit historique.

En 2014, Pablo Iglésias le secrétaire générale de Podemos scandait «  El cielo ne se tomas por consenso, sino por asalto » (On ne prend pas le ciel par consensus mais à l’assaut). Citation inspirée de Karl Marx, le principale dirigeant de Podemos porté par le succès des élections européennes voulait engager un bras de fer contre la politique d’austérité en place dans l’Etat espagnol par le bas, dans la continuité du mouvement de 15M.

C’est pourtant assez rapidement à une inflexion de ce positionnement qu’allait recourir Podemos. Grosso modo jusqu’à la fin de l’année 2014, celui-ci connut un véritable état de grâce : le nombre des membres, regroupés dans plus de 1000 cercles allait sans cesse grossissant jusqu’à atteindre les 373 000 en juin 2015, faisant de Podemos le deuxième parti après le Partido Popular (Droite) (863 000) et largement devant le PSOE (équivalent du PS) (199 900) ou Izquierda Unida (30 000).

Le fait est que germa très tôt dans l’esprit d’une partie de l’équipe d’animation du parti que celui-ci devait être recadré, en particulier autour de la figure charismatique de son leader. Tout commença par une offensive lancée par ce qui allait très vite se configurer comme un groupe dans le groupe autour de Pablo Iglésias contre la gauche de l’organisation : Anticapitalistas ( organisation révolutionnaire cofondatrice de Podemos) et contre des indépendant-e-s pour la plupart issue du mouvement du 15M.

S’en suit un changement de l’horizontalité de Podemos vers une organisation très verticale avec des pratiques non démocratiques : procédures de votes jamais discutées par les militant-e-s dans leurs cercles, la non représentation proportionnelle dans les instances de direction, monopole de la direction du parti autour de Iglésias … Qui va couter cher à Podemos : perte de plus d’un million de voix au dernière élection législative et un recul dans la participation des comités locaux de Podemos.

Podemos de l’intérieur.

Podemos possède trois âmes : la direction autour de Iglésias, Errejon et Anticapitalistas.

Les courants de Pablo Iglesias et Íñigo Errejón ont partagé la direction du projet dès les premières orientations du groupe fondateur formé en janvier 2014, en marginalisant rapidement Anticapitalistas, jusqu’à leur rupture en mars 2016, face aux différences tactiques apparues quant à l’orientation de Podemos après les élections générales du 20 décembre et, surtout, au milieu d’une crise de confiance créée par les luttes de pouvoir au sein de l’appareil central qui ont envenimé les débats.

Si les deux leaders sont les deux facettes d’une même pièce : c’elle de l’institutionnalisation de Podemos comme seule machine électorale, qui se dispute le pouvoir au seins de Podemos en laissant la base du parti fondamentalement réduite à un rôle de spectateur. Iglésias défend un axe politique dans le cadre électoral-institutionnel avec la lutte social en second plan voir absente ou simplement en complément de l’activité électorale-institutionelle.

Errejon, plus à droite, incarne la normalisation de Podemos. Un projet politique orienté vers les classes moyennes, avec des possibilités d’alliance avec le parti socialiste.

La troisième force politique de Podemos se compose autour de Anticapitalistas. Sa proposition stratégique dés le départ est d’articuler un espace politique qui développe le potentiel ouvert après le 15M. Pour cela, Anticapitalistas propose un parti-mouvement, qui s’oppose à la machine électorale proposait par Iglésias et Errejon. Ce type de parti s’articule entre organisation/mobilisations/élections. Elle repose de manière horizontale sur les différents cercles de Podemos, eux même animé par les différentes structures locales (associations, mouvements, collectifs de lutte… ).

Bilan du congrès.

Le congrès des 11 et 12 février s’est mis en scène comme un meeting continu, avec peu de contenu politique, où les militantEs ont manifesté très largement une exigence d’unité. Il n’a résolu que la question du pouvoir : celui, désormais renforcé, de Iglesias, au détriment d’Errejón qui a subi une importante défaite politique.

Premier aspect positif de l’Assemblée : le parti a évité (pour l’instant) la division. Second aspect positif, sur le plan du résultat : le blocage d’un processus de droitisation institutionnaliste et du penchant à faire des accords systématiques avec les socialistes (PSOE) qui, en crise, soutiennent le gouvernement de droite du PP sur l’affligeant mode espagnol de la « grande coalition ». Premier aspect négatif : le secrétaire général accroît ses compétences et son pouvoir. Second aspect négatif : la consolidation d’un modèle d’organisation présidentialiste et plébiscitaire qui entrave la mutation de Podemos en un parti-mouvement populaire.

Avec 13,11% des voix, Anticapitalistas a fait un pas important dans ce congrès : ce sont plus de 20 000 militantEs qui lui ont apporté leurs appui. Avec un grand impact dans les médias et et par la reconnaissance générale de la liste «  Podemos en Movimiento », le courant a pu faire connaître un projet politique écosocialiste et un programme utile à la construction d’un bloc social pour l’unité populaire. C’est sans grand moyen financier et au départ sans couverture médiatique que Anticapitalistas a réussi a s’implanter dans Podemos et dans le pays à travers une campagne populaire.

Si par un système anti-démocratique Anticapitalistas n’as obtenu que 3 sièges au niveau de l’organe de direction contre 10 si la proportionnelle était appliquée, c’est le prochain grand mouvement dans l’Etat espanol qui décidera de l’avenir de Podemos.