Le jeudi 20 septembre 2012 au club des « felah » (paysans) d’Agadir s’est tenu le second comité d’organisation du congrès des paysans.

Cette réunion faisait partie du processus de construction d’un syndicat de petits paysans. Cette rencontre a été organisée par la FNSA, Fédération Nationale du Secteur Agricole, membre de l’Union Marocaine du Travail. Etaient présents quatre personnes de l’administration agricole, vingt deux paysans et un volontaire de solidarité internationale en mission avec la Confédération Paysanne. Ainsi ce sont des paysans, pour la plupart membre d’associations d’usagers de l’eau agricole, qui ont répondus présents à l’appel.

Une réunion précédente avait eu lieu le dimanche 16 septembre. Les producteurs et la FNSA avaient alors défini différentes thématiques de travail. Cette phase de discussion est primordiale et permettra de constituer une base commune de solidarité entre les producteurs. Les producteurs travaillent dans des milieux et contextes différents, mais ils se retrouvent confrontés à des problèmes communs.

Ainsi plusieurs grands thèmes ont été définis au terme de ces réunions. Les questions d’eau, d’organisations des producteurs, de subventions, de retraites, de couvertures santé, d’environnement et de protection foncière des terres agricoles ont été mises sur la table.


 

Un contexte déséquilibré

En 2008 au Maroc la population rurale représente un peu plus de la moitié des 31,6 millions de citoyens du pays. On estime que 80 % de cette population exercent une activité agricole. 96 % des paysans ont des exploitations de moins de 20ha et parmi eux 87 % ont moins de 10ha (et recouvrent près de la moitié de la surface cultivable du pays). Enfin 71 % de la totalité des paysans sont des petit producteurs qui possèdent moins de 5ha avec une taille moyenne d’exploitation de 2ha selon le dernier recensement agricole (1996) [A. M. Jouve, 2000, Cinquante ans d’agriculture Marocaine, CIHEAM IAMM, 24p.]. Les petits et moyens producteurs réunis pour la formation du syndicat estiment que les paysans sont très faiblement écoutés au regard de leur effectif et de leur importance dans le milieu rural[38eme congrès de la fédération internationale des Producteurs agricoles (fipa) varsovie 31 mai au 6 juin 2008]. Dans le Chtouka, bien que la très grande majorité des surfaces soient allouées à ces petits et moyen producteurs, ces derniers voient l’administration et les décideur travailler seulement pour les entreprises. Il y a très peu de répondant concernant les problèmes qui les touchent..

Il existe un grand fossé entre les paysans qui ont très peu de moyens d’influer sur le fonctionnement de l’agriculture et les grands producteurs ou agro-industriels qui ont toutes les clés en main en terme de réseau et de compétences. Les petits producteurs n’ont pas la même capacité de négociation, de connaissance techniques, de connaissance du fonctionnement des administration. Là ou une entreprise peut faire appel à un juriste pour dénouer un blocage administratif et comprendre ses opportunités, le Felah s’il sait lire ne dispose d’aucun moyen évident pour l’aider, le conseiller et l’accompagner. On se retrouve avec le même problème concernant l’encadrement technique et le conseil en agriculture. Dans ce contexte les petits producteurs connaissent des difficultés grandissantes pour faire fonctionner leurs exploitations. Ce manque de considération pousse les felah à se réunir.

Une force revendicative commune et solidaire permettrait aux producteurs d’être des interlocuteurs entendus au niveau des administrations et des autorités. La voix des « felah » cherche à se faire entendre.