Le mardi 31 janvier 2017, c’était la remise du 22e rapport de la Fondation Abbé Pierre (FAP) sur le mal-logement en France. S. m’avait demandé si je voulais assister à cette journée : quelle question ! Bien sûr ! Il m’a prévenue « tu vas voir, c’est vraiment énorme comme truc ».

Déjà, ça se passe à la Défense1. Bien qu’étant Francilienne depuis toujours, j’avais en fait jamais mis les pieds là-bas (tu m’étonnes!)… En sortant du RER, je me (re)trouve dans la grisaille parisienne de cette fin de janvier, au milieu des tours immenses, incarnations de métal et de verre du capitalisme outrancier, leurs sommets enveloppés dans un brouillard diffus. Je suis en dessous de la « Grande Arche », entre l’émerveillement d’une petite fille et le sentiment d’impuissance d’une adulte dépassée. Mais c’est quoi cet endroit, en fait ?

Total, Engie, Pullman, Allianz, EDF, Société Générale, Vinci … tous ont leurs quartiers ici. Mais aussi l’Hôtel Hilton, un centre commercial dernier cri (le « CNIT », avec salle de fitness, où tu peux faire de l’escalade et du golf au sous-sol, s’il vous plaît!), et puis sans oublier les incontournables Mac Donalds, Quick, Burger King et cie… Je suis sans-voix face à ce temple du consumérisme à l’architecture si moderne, qui nous fait sentir tout petit.

La Défense, quartier d’affaires de l’ouest parisien

C’est au sous-sol de toute cette immensité que se passe l’événement de la Fondation Abbé Pierre.

Quand on entre dans la salle, on est frappé par l’immensité (encore, décidément) et l’importance du public (des centaines et des centaines de personnes). En m’installant tout au fond, je suis instantanément frappée par une drôle de sensation : j’ai l’impression d’être sur un plateau télé. J’assiste au tournage d’une émission. Des écrans plats géants retransmettent ce qui se passe sur la scène, toute loin et toute petite pour ceux assis au fond.

Je comprends vite d’où me vient ce « sentiment télévisuel » : la dame qui présente et articule les interventions des deux personnes principales qui tiendront tout le long de la journée (Christophe Robert (délégué général de la Fondation) et Manuel Domergue (directeur des études de la Fondation)) est en fait vraiment une présentatrice télé. Alors forcément, les codes sont les mêmes.

On fait se succéder les deux intervenants tour à tour, chacun sur un registre, on gère le temps et le chrono à ne pas dépasser, on fait applaudir le public, on donne la parole, on pose les questions… Bref, tout ce à quoi une présentatrice télé est habituée.

Le matin est structuré par les interventions successives de Christophe Robert et Manuel Domergue, encadrées par Marjorie Paillon (la journaliste télé). La matinée est dédiée à la présentation du rapport, avec un état des lieux du mal-logement, vidéos-témoignages à l’appui et explications des deux représentants de la FAP ici-présents. Christophe Robert présente les principales préconisations faites par ce 22e rapport. Un temps de « bilan sur le quinquennat » est aussi consacré, suivi par l’intervention de la ministre du logement et de l’habitat durable, Emmanuelle Cosse.

L’après-midi, quant à elle, est consacrée au défilé des candidats à la présidentielle 2017. Se suivront donc Isabelle Le Callennec, (députée Les Républicains, représentant le candidat Fillon) ; Yannick Jadot (écologiste) ; Jean-Luc Mélenchon (Front de Gauche); Benoît Hamon (La Belle alliance populaire) et Emmanuel Macron (En Marche!). Tous présenteront leurs mesures principales sur le logement, avec échanges et questions de la part de Christophe Robert et Manuel Domergue. Les échanges sont toujours encadrés par une journaliste de télévision, cette fois, c’est Audrey Pulvar qui s’y colle.

Finalement, cet événement c’est une énorme machine. Tout est réglé comme du papier à musique.

C’est plus une représentation publique qu’un vrai débat de fond sur le mal-logement. J’y vois plus une forme d’interpellation politique, une occasion de « faire parler » du mal-logement, de le remettre à l’ordre du jour des politiques (surtout à trois mois d’une élection présidentielle).

Je conclurai comme la FAP l’a fait … « à l’année prochaine …. (malheureusement) ».

1Quartier d’affaires parisien, à l’ouest de la capitale.

Pour plus de contenu, vous pouvez télécharger le 22e rapport sur l’état du mal-logement ICI.