Hier je me suis fâché. On était dans une de ces réunions interminables et destructives. Une réunion entre cent mille. Je suis fatigué des mouvements sociaux, de leur vitesse, de leur surinformation, de la lutte intermittente, insoutenable, toujours variable, sans continuité, et finalement, qui exclut. Parce qu’ils sont seulement quelques uns, capables de maintenir ce rythme. Une façon de faire, en plus, terriblement des hommes, avec des horaires ou les femmes ont plus des difficultés pour assister -enfants, sécurité, etc.-
Et je me fâche parce que des réunions comme ça, destructives et non constructives, sont responsables de la perte de légitimité de la défense d’une organisation différente de la verticalité publique et privée. Salvador, voisin et militant de la Maison El Pumarejo –le « CICP » de Séville, mais habité aussi par des familles modestes-, nous disait : « pendant longtemps on a discuté à la Maison de la différence entre le public et le privé ; jusqu’à ce qu’on réalise que leurs comportements étaient les mêmes envers nous. On a alors commencé à parler du « communautaire » » ; « on a conclu plusieurs débats quand on a finalement défini notre lutte comme un processus, ni particulier ni universel, mais singulier ».
Il est évident que les luttes sociales, les mouvements récents avons une incapacité méthodologique remarquable : atomisation des organisations, désorganisation et décoordination entre des associations, plus des associations que des personnes, une mauvais communication, une vision non politique des actions, etc. Nous sommes des êtres individualistes, d’une société de l’information et l’achat, des logiques capitalistes compétitives, en voulant défendre –plus avec les paroles qu’avec les faits- autre réalité possible : collective, coopérative, équitable.
À mon avis, on a beaucoup à apprendre des mouvements de base, de leur sagesse et leur savoir-faire populaire. Malgré sa faible capacité de discours, mais d’après la conscience que te proportionne le fait d’être opprimé, c’est un plaisir d’accompagner une des mobilisations des « Tres Barrios », une cité de la banlieue de Séville, et écouter ses leaders-voisins, et les femmes mobilisées, avec leur apport à la transformation sociale depuis le soutien silencieuse, quotidienne, domestique, jusqu’à la dénonciation et la confrontation publique, quand nécessaire. Leur façon d’exercer leur pouvoir est complètement différente, en tant que femmes, en général, et en tant que mouvements de base. Elles/ils (les femmes et les mouvements de basse) partent d’un besoin réel, tangible, et d’un positionnement d’exclusion politique. Elles sont pragmatiques. Elles sont près à négocier, même si les politiques – avec un « p » minuscule – les ont déjà déçus. Elles n’envoient pas trente emails par jours, et n’ont pas lu Bourdieu ou Foucault, mais elles Comprennent –avec « C » majuscule- comment fonctionne le monde, leur monde.
Visiter les quartiers périphériques de Séville et leurs mobilisations populaires, m’encourage à poursuivre mon engagement, et à croire dans la beauté de penser une société et une ville plus équitable, possible, réelle, juste. Et cela me donne l’énergie nécessaire pour aller encore à une nouvelle réunion, ou lire les trente emails par jour des réseaux sociaux ; parce que, possiblement, on a besoin –dans leur dialectique- de la force de tous(tes).