Document sans titre
bando
>>> PROMOTION 12


 Droit à la ville
 Droits des étrangers
 Justice sociale et écologique
 Mobilisations citoyennes
 Travailleurs migrants saisonniers et agriculture paysanne




 Alejandro
 Annalise
 Antoine
 Daïka
 Delphine
 Ela
 Juliette
 Kin
 Léna
 Lucie
 Nassab
 Nidal
 Sarah
 Viviane


Espagne / Justice sociale et écologique / Mobilisations citoyennes /

La communauté madrilène mobilisée contre la privatisation de l’eau
20 mars 2012 par Lucie

Dimanche 4 mars, 182.500 madrilènes ont enfin eu l’opportunité de se sont prononcés sur l’entrée à 49% de capital privé dans l’entreprise publique Canal Isabel II, l’entreprise publique responsable de l’ensemble de la gestion hydrique à Madrid. 98,9% ont répondu OUI à la question « Etes-vous pour que l’entreprise Canal Isabel II reste 100 publique ? ». Pourtant, le gouvernement local fait la sourde oreille et semble décider à poursuivre le processus de privatisation.

Privatisation et contre-mobilisation

Depuis sa création au XIXème siècle, l’entreprise Canal Isabel II (CYII) a toujours été publique. Cependant, alors que les privatisations dans le secteur hydrique se succèdent en Espagne, l’Assemblée de Madrid, par la loi 3/2008 du 29 Décembre sur le déséquilibre fiscal et administratif a ouvert la voie à une privatisation en autorisant l’entrée d’une entreprise privée dans le capital de CYII. Avec les seules voix du Parti Populaire, elle a approuvé le fait que cette entreprise détiendrait 49% des action mais gérerait l’intégralité des actions du cycle hydrique.

Cette décision a tout de suite été suivie de la création de la Plateforme contre la privatisation de Canal Isabel II. Réunissant organisations sociales, syndicats, partis politiques et individus [1], cette initiative plurielle organisent et encouragent la tenue d’autant d’actions que possible, tant sur le plan social, juridique ou institutionnel, afin d’élever un large front de lutte contre la privatisation. A travers divers canaux -réunions, ateliers et séminaires, forums de discussion, liste de diffusion, etc.- elle informe la société et déconstruit les arguments apportés par le gouvernement local en faveur de la privatisation. Enfin, elle appelle mobilise, notamment au cours de manifestations, citoyens, organisations et mouvements sociaux, municipalités, syndicats et partis politiques à exprimer leur opposition à la privatisation, notamment au cours de manifestions.

La Plateforme conteste ainsi le besoin de financement privé afin de réaliser des investissements en infrastructures et garantir l’alimentation. CYII fournit aujourd’hui plus de 6 millions de personnes mais a une capacité de 9 millions. Elle réalise chaque année entre 100 et 150 millions d’euros de bénéfices, réinvestis dans l’amélioration du service et dans des projets d’intérêt public. Comme dans les autres cas, il s’agit en réalité d’attirer rapidement des capitaux capables d’éponger les dettes des gouvernements locaux. La Plateforme dénonce un « processus de sabotage social et d’expropriation des biens communs et de saisie de la démocratie ».

Réappropriation démocratique citoyenne

A l’image des autres privatisations qui ont eu lieu ou sont en cours dans le pays, la procédure madrilène n’a pas été médiatisée, la population pas informée et les citoyens pas consultés. Flouée d’irrégularités, elle brille de son opacité et de son caractère anti-démocratique. Les mêmes problèmes suscitant les mêmes réponses, la Plateforme madrilène dénonce tel que l’a fait les nombreuses plateformes, coordinations, et autres collectifs de la société civile constitués en réaction aux privatisations. Outre critiquer la collusion trop fréquente entre les intérêts politiques et économiques, notamment à Barcelone, tous fustigent l’absence de transparence sur les processus de privatisation et exigent l’organisation de débats et consultations publiques.

En l’absence de procédure officielle, la Plateforme et le 15M ont donc jugé nécessaire de donner l’opportunité à la population de s’exprimer sur une mesure qui n’apparaissait dans aucun programme électoral malgré son caractère capital. Après avoir mené une large campagne d’informations sur la privatisation, ses tenants et ses aboutissants, ils ont donc organisés une consultation citoyenne. Étant donné la haute valeur symbolique de l’eau comme « source de vie » dans ce pays de culture méditerranéenne, il n’est pas surprenant qu’ils aient été aussi nombreux à se déplacer pour clamer leur opposition à la privatisation de ce bien commun.

Le gouvernement s’entête dans son déni de démocratie

Les organisateurs sont conscients que leur consultation n’a pas de caractère contraignant mais souligne sa valeur morale et politique. Devant une telle mobilisation, ils exigent donc que la Présidente du gouvernement de la Communauté de Madrid, Esperanza Aguirre, organise un véritable référendum contraignant. Cependant, celle-ci semble vouloir faire la sourde oreille. Déjà en décembre dernier, elle n’avait pas daigné répondre aux 35000 signatures réunies pour l’appel à une consultation populaire. Une fois de plus, le silence a fait écho à la clameur citoyenne. Quant aux médias proches du gouvernement, ils ont opté pour la diffamation du leader du mouvement, Ladislao Martínez [2], avouant dans le même temps leur absence d’arguments à opposer aux citoyens.

Au moins sera-t-elle obligée d’organiser un vote à l’Assemblée de Madrid, mesure exigée suite à l’Initiative législative municipale, déposée par 7 municipalités représentant plus de 600 000 citoyens, et exigeant le droit au débat et aux amendements de la dernière loi relative à la privatisation. Leur motion reste cependant symbolique étant donné la majorité détenue par le Parti Populaire à l’Assemblée.

De même, la proposition d’Ecologistas en Acción (membre de la Plateforme) d’inscrire dans la Loi sur l’Eau le Droit à l’eau et l’obligation de la gestion publique du système d’alimentation et d’assainissement urbain restera sûrement lettre morte.

Ainsi, il est fort probable que le cas d’Avilès se répète. Là-bas, alors que presque le quart de la population d’Avilés exigeait un référendum sur le type de gestion, c’est sans débat que la privatisation à 74% a eu lieu au 1er janvier 2010.


Notes

[1] Sont membres à part entière Acción en Red, Asociación de Vecinos la Unión de Vallecas, Asociación de Vecinos de Carabanchel Alto, ATTAC, Campaña por la Gestión 100% pública, Comisiones Obreras de Madrid, Ecologistas en Acción, Federación de Asociaciones de Vecinos de Leganés, Equo, Federación Regional de Asociaciones de Vecinos de Madrid (FRAVM), Izquierda Anticapitalista, Izquierda Unida de la Comunidad de Madrid, Iniciativa Servicios 100% Públicos, Parque SI en Chamberí, Sección sindical de CCOO del CYII. De nombreuses associations et individus sympathisants suivent également la Plateforme.

[2] http://www.elmundo.es/elmundo/2012/...



  Belgique
  Bosnie-Herzégovine
  Brésil
  Egypte
  Espagne
  France
  Italie
  Maroc
  Roumanie
  Serbie
  Tunisie